Nous publions l’éditorial de Michel Riottot, président d’Ile-de-France Environnement « Grignotage des terres, un mal francilien ? », paru dans Liaisons d’octobre 2011*.
Un texte à méditer au moment où le Schéma Directeur d’Ile-de-France est mis en révision pour être adapté (entre autres) aux principes d’aménagement du "Grand Paris".
Pierre Mathon
Michel Riottot dans les Murs-à-pêches de Montreuil (un espace menacé, en plein cœur de la banlieue) en juillet 2010 en compagnie de Pascal Mage de l’association MAP
« Le territoire francilien est constitué de 51 % de terres agricoles, 23 % de forêts et 1 % de cours d'eau, d'espaces naturels et ruraux, le reste étant urbanisé. Le Francilien habitant en cœur de l'agglomération ne se rend pas compte de l'importance de ces espaces naturels.
Selon l'Institut d’aménagement et d’urbanisme d'Ile-de-France, le territoire est amputé de près de 1800 hectares par an depuis plus de 10 ans, soit la surface d'un petit département comme les Hauts-de-Seine. Ce grignotage est lié à l'accroissement des terrains vacants (urbains et ruraux) et des infrastructures de transports ferrés (850 hectares/an), de l'habitat individuel (370 hectares/an), de l'habitat collectif et des bureaux (345 hectares/an).
Notons que les pertes de terres agricoles sont deux fois plus fortes en Pays de la Loire et en Rhône-Alpes. Sans imaginer un retour à l'autosuffisance alimentaire de la région, phénomène qui n'a probablement jamais existé complètement car la capitale a toujours importé des autres régions, il devient important que cesse ce grignotage et que le retour d'une agriculture vivrière, voire d'un maraîchage biologique de proximité s'accélère.
Pour le temps présent, les collectivités territoriales, hormis les différentes agences, instituts et organismes scientifiques qui scrutent la région, ne s'en préoccupent pas.
La philosophie du « après moi le déluge » perdure, le développement durable est proclamé partout mais dès qu'il s'agit de le mettre en pratique, les volontés se diluent. Quelques cas emblématiques de consommation de terres agricoles : les villages natures de Seine-et-Marne (500 ha), l'implantation des zones d'enfouissement des déchets dans les départements de la grande couronne, le triangle de Gonesse de 1 000 ha dans le Val d'Oise (photo du haut) pour implanter des hypermarchés et des activités, et la zone de l'aérodrome de Brétigny-sur-Orge soit 750 ha en Essonne. Les futures infrastructures de transports ferrés : LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon, LGV Normandie, les différents barreaux ferrés nord et sud, l'hypothétique poursuite d'autoroutes périurbaines (A 104...). Les zones menacées du champ proche des “territoires de projet du Grand Paris” tel le plateau de Saclay, la boucle de Montesson et son maraîchage de laitue... l'urbanisme de projet cher à M. Apparu risquent eux aussi d'accentuer la consommation de terres arables d'excellente qualité.
Bien plus insidieux, ce sont aussi nos villages de grande couronne qui facilitent l'implantation de lotissements de maisons dans leur périphérie alors que bien souvent les moyens de transports collectifs sont inexistants. Les jardins présentés dans notre dossier tel celui ci-dessous* font partie des remèdes au grignotage.
Michel Riottot, président »
* Le numéro de Liaison Ile-de-France Environnement d’octobre 2011 : https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=explorer&chrome=true&srcid=0B5anNFyJI1y0MzIwMjQ1NDAtYzlkZi00MWU3LWFhYjMtYmEzYTc1NDk5MDlh&hl=en_US&pli=1
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