« Montreuil : une année d’errance pour les familles Roms de la Boissière
Evacués du campement en juillet 2016, ces familles sont revenues dans la commune après avoir vécu un peu partout en Ile-de-France.
En un an, elles ont parcouru des milliers de kilomètres pour revenir à trois kilomètres du lieu de leur expulsion. Les 13 familles Roms qui avaient dû quitter leur campement du boulevard de la Boissière à Montreuil, au petit matin du 28 juillet 2016, vivent désormais le long du cimetière de l’avenue Jean-Moulin. Elles s’y sont installées au printemps mais ont entre-temps vécu sur la place devant la mairie, dans des hôtels disséminés en Ile-de-France, en Roumanie… avant de revenir à Montreuil, toujours, où elles étaient arrivées en 2010.
« C’est pire qu’avant parce qu’on vit dans des voitures. On dort à sept personnes dedans, depuis plusieurs mois, décrit Elisabeta qui fait la manche non loin de la mairie. Le froid va arriver, on se sent pas de continuer comme ça. » « A la Boissière, ils avaient la possibilité de donner le bain, de faire la cuisine, de laisser les enfants aller à l’école », traduit ensuite Liliana Hristache, présidente de l’association Roms Réussite, qui suit ces familles depuis 2014.
Fin juillet 2016, l’expulsion de ces 50 personnes avait déclenché une vague de soutien parmi les associations et les voisins du campement. Le 13 août, une lettre signée de 167 personnalités de la culture, comme Tony Gatlif, Agnès Jaoui, Annie Ernaux, avait été envoyée aux collectivités et aux ministères pour dénoncer une « situation d’extrême urgence ». Mi-septembre, puis en novembre, des propositions de relogement leur avaient été faites dans des hôtels par la préfecture. Peu d’entre eux y étaient restés.
« Certains soutiens n’ont pas compris, ça ne leur a pas plu. Mais sans argent, tu ne peux pas vivre à l’hôtel. Là-bas, tu ne peux pas te faire à manger », défend Liliana Hristache, qui comprend malgré tout la position de certains : « Quand tu vois que les choses n’avancent pas, ça peut faire baisser les bras. Moi aussi j’ai un peu perdu espoir. Pourtant, tout le monde est intervenu, on a fait remonter au niveau national, on a fait le nécessaire. » Elle voudrait voir la ville mettre un terrain à disposition des familles.
Le 20 juillet dernier, sur 21 habitants de l’avenue Jean-Moulin présents au moment du contrôle de police, 15 ont reçu une obligation de quitter le territoire et un autre a été interpellé parce qu’ils ne répondaient pas aux règles du droit au séjour (justifier des ressources ou d’un parcours d’insertion ou vivre en France depuis moins de trois mois). Les soutiens des familles espèrent malgré tout scolariser les cinq à dix enfants présents sur le campement à la prochaine rentrée.
leparisien.fr »