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PrÉSentation

  • : Bagnolet en Vert- L'Ecologie à Bagnolet
  • : Ce blog de Bagnolet en Vert- L'Ecologie à Bagnolet est à votre disposition pour vous informer quotidiennement de l'écologie politique et du travail de Pierre MATHON et d'Hélène ZANIER et de leurs amis.
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L'éditorial du blog

planete_bleur_belle_fond_vert.jpg                                                           

Ce blog «Bagnolet en Vert» est le blog d’Hélène Zanier, de Pierre Mathon et de leurs amiEs. Aujourd’hui militantEs associati -fs –ves (à « Bagnolet Ecologie » et Environnement 93, Jardins partagés, « l’Association des Bagnoletais contre la Dette », Romeurope, RESF, Russie-Libertés, Murs-À-Pêches, etc.), après avoir été élus (régionaux, municipaux) et responsables du parti Les Verts, nous entendons contribuer à l’avancée des idées et des projets écologistes.

Penser et agir, globalement et localement, telle est la devise de notre blog écolo,  Vert et ouvert, militant et d’éducation populaire, libre, bagnoletais, intercommunal et planétaire.

Hélène Zanier et Pierre Mathon

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En Vert et avec tous !

Vous pouvez compter sur 

Pierre MATHON
et toute l'équipe de
BAGNOLET EN VERT


* pour l’environnement et le développement durable, 
* pour la démocratie, la citoyenneté et la laïcité,
 
* pour la solidarité et l’égalité des droits, 
* pour l’école, l’éducation et la culture, 
* pour un urbanisme de qualité

 
En Vert et avec tous                                            

Archives

AGENDA

BONNE ANNEE 2015 !

 

Mardi 3 février à 20h30 conseil de quartier de la Dhuys à l'école Joliot-Curie

 

Mercredi 4 février à 19h atelier participatif sur la ZAC Benoit Hure : les espaces extérieurs  et l'occupation de la mairie historique

 

Jeudi 5 février 19h30 salle P et M Curie conseil de quartier des Malassis

 

PETITIONS

Réaction aux propos intégristes d'un élu de la majorité municipale de Bagnolet : pour le droit des femmes à disposer de leur corps

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Le_maire_de_Bagnolet_defense_du_droit_des_femmes_a_disposer_de_leur_corps/?sMpnibb

 

« Monsieur le Maire de Bagnolet: Nous vous appelons à créer une maison de quartier et citoyenne dans le quartier de la Dhuys»

http://www.avaaz.org/fr/petition/Monsieur_le_Maire_de_Bagnolet_Nous_vous_appelons_a_creer_une_maison_de_quartier_et_citoyenne/?tUmsDgb

 

Pour que cesse l'acharnement juridique contre la confédération paysanne
 
http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/stop-acharnement-conf-865.html

 



 

 

 

 

 

 

 


 

15 février 2015 7 15 /02 /février /2015 19:21
Paris-Copenhague, sinistre répétition : Non à l’Islamo-fascisme !

Après Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, les frères Kouachi, Amedy Coulibaly, le danois Omar Hamid El-Hussein. Non à la haine des juifs, non à la haine de la liberté d’expression, non à la haine de l’Etat de Droit.

Non à l’Islamisme et à l’Islamo-fascisme. Non au
terrorisme.

Nous sommes tous Lars Vilks. Nous sommes tous des juifs danois !

Pierre Mathon

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 19:01
Filières djihadistes : Bagnolet aussi …



On ne comprendrait pas par quel « miracle » Bagnolet serait épargnée par les filières djihadistes : vous savez ces jeunes qui vont se faire tuer … et qui vont assassiner d’autres êtres humains ( !) pour le compte de l’Etat Islamique …

Eh bien, oui Bagnolet n’y échappe pas.

Lu dans le parisien du 5 février.

Pierre Mathon

« Seine-Saint-Denis : soupçonnés d'avoir recruté pour le jihad

Plusieurs personnes soupçonnées d'être impliquées dans une filière jihadiste vers la Syrie ont été interpellées mardi dans les communes de Clichy-sous-Bois, Montfermeil, Livry-Gargan et Bagnolet (C’est nous qui le soulignons. Ndlr). D'autres interpellations ont eu lieu dans la région de Lyon (Rhône).

Ces recruteurs présumés sont âgés de 21 à 46 ans. Le coup de filet a été mené par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la police judiciaire parisienne sur commission rogatoire du pôle antiterroriste, à la suite de l'ouverture d'une information judiciaire pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
Ils appartenaient à « un réseau francilien plus large »
Les suspects auraient participé à des degrés divers « au recrutement de candidats au jihad vers la Syrie », a précisé Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur. Une source proche de l'enquête a indiqué qu'ils appartenaient à « un réseau francilien plus large dont les membres ont rejoint la Syrie en trois vagues : mai, été et septembre 2013. Certains seraient toujours sur place ».
Ces interpellations interviennent cinq jours après la divulgation de chiffres préoccupants par le préfet. Philippe Galli, qui réunissait vendredi des représentants musulmans, a révélé « qu'une soixantaine d'habitants du 93 seraient partis faire le jihad en Syrie ou en Irak », précisant que « six d'entre eux sont morts au combat ». Ces nouvelles données sont en grande partie basées sur les constatations des commissariats locaux, recevant des parents désemparés. « Les familles viennent nous signaler qu'un fils ou un parent est parti ou s'est radicalisé », indique un officier de police.
La mise en place au printemps d'un numéro vert destiné aux familles avait déjà permis de mieux cerner l'ampleur de cette radicalisation, à l'échelle de toute la France. En l'espace de neuf mois, cent dix départs avaient été con
statés. »

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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 15:54
« Quand Dieu n’existait pas »

Olivier Adam nous livre une chronique dans Libération du 30 janvier 2015 qui résonne formidablement chez les quadras … et chez leurs parents héritiers de 68. Ce temps « béni », non pas des dieux, mais de la laïcité vécue comme une évidence, où les amours n’étaient ni « halal » ni « haram » ni communautaires, où le racisme était ultra-marginal et marginalisé si nécessaire, où les divisions religieuses n’avaient pas droit de cité car juste incompréhensibles et souhaitées par personne…
Que s’est-il passé ?

Hélène Zanier

« J’allume la télévision, la radio. Et ils sont là. Partout. Des religieux. De toutes confessions. Des durs. Des mous. Des excités. Des conciliants. Ils s’expriment. Au même titre que les élus, les chercheurs, les intellectuels. Ils formulent des analyses, émettent des préconisations. S’immiscent dans le débat public. Ils ont voix au chapitre. On les consulte. On écoute leurs recommandations. Leurs souhaits. Leurs exigences, même. Mariage et adoption pour tous. Fin de vie. Et même, depuis Charlie, fanatisme religieux (!), liberté d’expression (!!), laïcité (!!!). Ils sont là, partout, arpentent les plateaux. Et s’ils ne sont pas là, on parle d’eux. On tient compte de leur «sensibilité». On nous dit qu’il faut veiller à ne pas les heurter. Et tant pis si, par leurs incursions hors des lieux de culte, ils heurtent les athées et nuancent d’emblée une laïcité pourtant non négociable.

J’allume la télévision, la radio. Et me retrouve projeté dans des temps très lointains et très obscurs. Des temps que je n’ai pas connus. Et que je ne pensais pas connaître un jour. Parce qu’on se croyait délivrés. Affranchis. J’ai grandi en banlieue. Un écheveau de villes plus ou moins tranquilles, bien mélangées, avec leurs cités déjà sensibles, leurs lotissements et un reste de culture prolétaire à l’ancienne. J’avais des copains beurs, des copains blacks, la plupart vivaient dans les HLM. On ne parlait pas de musulmans. Ceux qui l’étaient ne s’en réclamaient jamais. Comme aurait dit Charb : ils faisaient le ramadan comme d’autres fêtaient Noël, par habitude et parce que ça rythmait l’année, rien de plus.

On ne savait pas si untel ou untel était juif ou autre. S’il était pratiquant ou non. D’ailleurs les racistes n’étaient pas «islamophobes». Ils se contentaient de détester les Arabes et les Noirs. Et on les emmerdait. Et l’antisémitisme était juste un truc immonde de très vieux cons, qui allait disparaître avec la dernière génération à l’avoir nourri. On avait grandi bercés par les disques de nos parents, Brel, Brassens et Ferré. On avait passé notre enfance à écouter Renaud, à regarder Coluche et Desproges, à s’endormir devant Polac et Cavanna. On chourait le Canard de nos pères pour dévorer les dessins de Cabu. Notre prof préféré nous faisait commenter les dessins de Charlie. On était tous un peu anars. On bouffait du religieux (curés imams rabbins tous dans le même sac), on se foutait des flics, de l’armée, de la nation, des fachos. Et l’internationale serait le genre humain. A nos yeux, la religion n’était qu’une vieille scorie déliquescente, un reste d’obscurantisme dont on avait mis des siècles à se délivrer mais ça y était, c’était fait, on tenait le bon bout. Il y avait bien quelques cathos de nos âges mais ils restaient entre eux dans leurs écoles privées, se retrouvaient au catéchisme, se côtoyaient chez les scouts. C’était juste des sujets de plaisanteries. Des types coincés et des filles pas futes-futes, dotés de parents bornés. Nous, les seules paroles du Christ qu’on se refilait c’étaient les dernières : un clou je glisse.

Au final, qu’on soit blanc, black ou beur, la religion, c’était juste un hobby bizarre, un truc du dimanche matin pour la plupart, qui nous faisait un peu froid dans le dos parce que ça ressemblait quand même à un genre de secte et franchement, quand on les voyait sur le parvis de l’église en rentrant de la boulangerie, ils ne faisaient pas envie. Ils étaient tous gris tous fermés tous coincés dans leurs croyances irrationnelles et leurs principes étriqués. Mais on les plaignait plus qu’autre chose : avec tout ça, ils allaient rater Téléfoot. Nos parents ne nous démentaient pas, ceux qui avaient été élevés dans la religion nous répétaient combien nous étions chanceux de nous construire en esprits libres, guidés par des enseignants soucieux de former des citoyens éclairés et non par des curés. Quant à ceux des cités, dont beaucoup étaient vaguement musulmans, jamais je n’ai entendu l’un d’eux invoquer le Prophète, ni même mentionner le Coran. C’étaient d’autres temps.

La citoyenneté, la liberté l’égalité la fraternité, et le combat qu’il fallait mener pour que ces belles paroles deviennent des réalités : c’était ça, le projet commun. Ce qui nous projetait ensemble vers l’avenir. La laïcité était un principe intangible. Et l’athéisme n’était pas une croyance parmi d’autres mais un idéal universel. On voulait bien admettre qu’il y ait encore quelques volontaires pour s’aveugler, on voulait bien apprendre à le tolérer, pourvu que tout ça reste dans le silence des églises, des synagogues et des mosquées. Que la religion demeure une occupation strictement privée et vaguement honteuse. Un genre d’hygiène personnelle. Comme le yoga, en plus sectaire. Ou les arts martiaux, en moins physique. Oui vraiment, c’était une autre époque. Une époque bénie.
Olivier A
dam »

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 08:57
Le pape, sa mère et la violence. Religions : il est urgent de réfléchir

Une « sortie » incroyable ce 19 janvier 2015 dans la bouche du pape nous donne l’occasion de penser la religion, le respect, le droit à la critique, la violence, la liberté, la logique, la raison, les idéologies, les croyances, …

Si on a pris (malheureusement) l’habitude d’entendre, dans nos cours de récréation de banlieue ou sur les stades, des saillies du style « Y traite ma mère », le Vatican ne nous y avait pas … encore … habitués. Et, si les propos tenus par le pape l’avaient été par un illettré quelconque, ils n’auraient reçus que le mépris qu’ils méritent. Mais voilà …

Aujourd’hui, alors qu’il semble qu’un débat s’instaure sur la question de la laïcité, sur les droits et devoirs des religions dans une démocratie, encore faut-il que pour que ce débat soit fécond que les débatteurs respectent le sens des mots et ne les tordent pas en sophismes inacceptables.

Le philosophe Henri PENA-RUIZ vient, dans Libération du 27 janvier, en signant une tribune, d’apporter un éclairage d’une justesse remarquable à la « pensée » profonde du pape.

« Le pape, sa mère et les caricatures

TRIBUNE : Citons le pape François le 19 janvier : «Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision.» En voulant faire de la pédagogie sur les limites de la liberté d’expression, le pape François se livre à des caricatures qui jouent sur l’amalgame et la confusion.

D’une part, il met sur le même plan une insulte personnelle (parler mal de Regina María Sivori, sa mère) et un dessin caricatural ciblé sur une religion. D’autre part, il établit une équivalence entre ce dessin, représentation fictionnelle, et une violence physique réelle : donner un coup de poing. Certes, il y a loin du coup de poing à la rafale de kalachnikov, mais ici le registre de la violence semble validé comme juste réponse à une dérision par signes («C’est normal», ose-t-il dire). On se demande alors quelle portée peuvent bien avoir les condamnations verbales de la violence données en préalable.

Le pape, au passage, gomme la chronologie de l’histoire réelle. Car ce n’est pas la caricature qui est première et le meurtre second, mais l’inverse. Il faut rappeler que les caricatures de Charlie relayaient celles de caricaturistes danois après l’assassinat, le 2 novembre 2004, du cinéaste Theo Van Gogh, auteur du film Submission, portant sur la domination des femmes dans un contexte islamiste. Et par le dessin satirique elles ne visaient pas les musulmans en général mais un prophète qui justifierait le meurtre. Pas d’amalgame, donc, entre personnes musulmanes et fanatisme religieux.

On est donc consterné devant une comparaison qui, sans légitimer le meurtre lui-même, ose lui trouver des circonstances atténuantes. Deux fautes simultanées. D’une part, l’incroyable confusion entre la mise en cause d’une religion et l’insulte à une personne comme telle. D’autre part, une étrange conception de la justice, puisque le pape d’une religion dite d’amour trouve justifié qu’en cas d’insulte personnelle, on se fasse justice à soi-même par une violence physique. Nous sommes loin de la parabole de la joue tendue.

Mais il y a plus grave, la volonté implicite de pénaliser le blasphème par une sorte de chantage : «Pour éviter les violences criminelles, respectez la religion !» D’où la question : qu’est-ce qui est respectable ? Issu d’un mot latin qui désigne le regard empreint de considération (respectus), le respect s’applique aux personnes et non aux choses ou aux croyances. C’est le sentiment qu’un être humain, comme tel, mérite des égards. Bref, ce qui est respectable, c’est la personne humaine et sa liberté, non sa conviction particulière. Ainsi, par exemple, le propos de Philippe Tesson insultant les musulmans comme tels («Les musulmans amènent la merde en France aujourd’hui.») relève de l’injure raciste, puisqu’il met en cause non une conception religieuse mais un groupe de personnes en raison de leur religion. De façon similaire, toute dérision portant sur la Shoah fait insulte à la mémoire douloureuse des Juifs comme tels, et vaut délit. Il n’y a donc pas deux poids deux mesures pour une chose identique, mais deux choses rigoureusement distinctes au regard du droit. Les dessins satiriques de Charlie Hebdo, quant à eux, n’ont jamais visé les personnes ou les groupes de personnes comme tels.

Il faut d’ailleurs en finir avec les mots pièges qui amalgament la critique d’une religion à l’insulte des croyants. Le terme d’islamophobie est de ceux-là puisqu’il cherche à établir la confusion entre rejet d’une religion et rejet de ses fidèles. Le seul délit incontestable est le racisme qui vise les musulmans, c’est-à-dire la mise en cause d’une personne ou d’un groupe de personnes du fait de sa religion. Dans le même esprit, l’antisémitisme est à l’évidence un délit, mais la judaïsmophobie, si l’on entend par là le rejet de la religion de certains juifs, ne pourrait être confondue avec le racisme anti-juif. Imaginons enfin que les athées, ulcérés d’être considérés comme des vecteurs d’immoralisme, inventent le terme athéophobie et proclament que toute caricature de l’athéisme est un délit. Nombre de religieux ne se privent pas de telles violences polémiques, et ils en ont le droit tant qu’ils ne visent qu’une conviction.

Un croyant est libre de croire en Dieu, un athée libre d’affirmer un humanisme sans dieu. Le croyant et l’incroyant sont également respectables comme êtres humains libres. Ils peuvent coexister, mais à la condition que l’option de l’un ne s’impose pas à l’autre. L’athée peut donc critiquer la religion, et le croyant l’athéisme. La psychologie du fanatisme refuse quant à elle cette distinction car elle rejette toute distance entre la personne et sa conviction. Elle exige donc le respect des croyances et pas seulement celui des personnes croyantes. Comme si la croyance, inséparable de l’être, collait à sa peau. D’où le délit de blasphème, qui entend pénaliser toute critique d’une religion en prétendant qu’elle insulte les personnes croyantes comme telles.

Face à cela, l’éducation doit promouvoir la distance à soi, contrepoison du fanatisme. Montaigne, contemporain des guerres de religions, rappelait : «Il ne faut pas confondre la peau et la chemise.» Arrêtons de dire qu’en cultivant une telle distance intérieure, on installe les gens dans la schizophrénie ! L’apologie de la spontanéité indûment confondue avec l’authenticité est dangereuse. Chaque personne peut assumer librement sa foi religieuse ou son athéisme, mais sans oublier qu’elle est aussi dépositaire d’une humanité universelle. L’incitation laïque à la retenue et à la distance intérieure est source de paix : elle inspire le respect de l’autre sans exiger pour autant le respect de son opinion.

La loi commune, fondée sur le droit, ne peut dépendre d’aucune croyance particulière, car elle doit valoir pour tous. Bayle : «Il n’y a de blasphème que pour celui qui vénère la réalité blasphémée.» On voit bien que la laïcité n’est nullement antireligieuse. Simplement, elle consiste à rappeler que la religion ne doit engager que ses adeptes, et eux seuls.

Le fanatisme religieux, on l’a vu, est prêt à noyer dans le sang le droit à la vie et la liberté d’expression. Ne lui donnons aucune excuse. Et ne mélangeons pas tout en prétendant que l’islam étant par ailleurs la religion de beaucoup d’opprimés, des égards particuliers seraient dus à l’islamisme politique.

Double confusion, là encore. S’en prendre à l’islamisme, ce n’est pas s’en prendre aux musulmans, qui en sont souvent les premières victimes. Pas d’amalgame. Par ailleurs, on ne résout pas une injustice sociale en taisant l’exigence laïque. Les grands registres d’émancipation vont de pair, comme le soulignait Karl Marx en faisant l’éloge de l’œuvre à la fois laïque et sociale accomplie par les Communards de Paris en 1871. Bref, arrêtons d’imputer à la laïcité les exclusions qui relèvent de problèmes économiques et sociaux ou de mentalités encore marquées par l’idéologie raciste. Et traitons ainsi les deux grandes questions de l’intégration républicaine sans erreur de diagnostic.

Henri Pena-Ruiz ancien membre de la commissionStasi sur l’application du principe de laïcité 27 janvier 2015 »

Il y a urgence à former les citoyens et les futurs citoyens (élèves) à apprendre à penser.

Si l’Éducation nationale cherche des réformes urgences et utiles, qu’elle introduise d’urgence la formation au Droit et à la Philosophie. La plupart des « citoyens » n’en n’ont pas la moindre notion, et pour cause (!), cela ne fait pas partie des programmes de la scolarisatio
n obligatoire.

Hélène Zanier

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 19:10
Israël : 50 manifestants ultra-orthodoxes arrêtés par la police

Une bonne nouvelle pour la laïcité et la démocratie.

La police israélienne a arrêté lundi 2 février 2015 plus de 50 juifs ultra-orthodoxes qui manifestaient contre une loi les contraignant à effectuer le service militaire, obligatoire en Israël.

Depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, les étudiants des Yechivot (séminaires talmudiques) pouvaient obtenir une dispense tant qu'ils étudiaient à plein temps, sans travailler, entre 18 et 26 ans. (C’est l’équivalent des « talibans » des pays musulmans.) Mais une nouvelle loi revient sur cette exception et désormais, s'ils ne se présentent pas au bureau de recrutement de l'armée, ils sont considérés comme déserteurs et donc passibles d'emprisonnement.

Outre le fait qu’ils étaient dispensés de service militaire, ils bénéficiaient également d’une prise en charge sociale (subventions) puisqu’ils ne travaillaient pas. Cet état de parasitage social était dénoncé par les Israéliens laïques.

On peut également rapprocher cette situation de celle de la Grèce qui entretient à grands frais son clergé orthodoxe (chrétien).

Ainsi, plus de 40 personnes ont été interpellées à Ashdod (Sud) et plusieurs autres à Tel-Aviv et Jérusalem lors de manifestations organisées pour dénoncer l'arrestation ces dernières semaines de plusieurs ultra-orthodoxes ayant refusé de se présenter au bureau de recrutement de l'armée, a expliqué la porte-parole de la police Luba Samri.

Selon elle, ces ultra-orthodoxes ont manifesté de « façon illégale » et « bloqué des routes », tandis qu'un policier a été légèrement blessé lors de heurts.

La Knesset, le Parlement israélien, a voté en mars 2014 une loi contraignant les jeunes juifs ultra-orthodoxes à faire le service militaire qui dure trois ans pour les hommes et deux pour les femmes.

C'est en juillet 2013 que le gouvernement de Benyamin Netanyahou a approuvé ce projet de loi visant à mettre un terme au système ayant permis à des dizaines de milliers d'ultra-orthodoxes étudiant dans les écoles talmudiques d'échapper à l'armée et à obliger les membres de cette communauté, qui représentent 10% des 8 millions d'Israéliens, à effectuer au moins un service civil.

En mars dernier, plus de 300.000 juifs ultra-orthodoxes avaient manifesté contre ce projet dénonçant une « persécution religieuse ».

Il est à souhaiter qu’Israël continue à « faire le ménage » avec ses brebis fanatiques qui contribuent à son malheur et que les autres pays gangrénés par leurs fondamentalistes obscurantistes profiteurs ou violents de tous poils s’y mettent sans avoir la main qui tremble.

Hélène Zanier

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1 février 2015 7 01 /02 /février /2015 11:31
Boualem Sansal : « La France doit se réveiller face à la propagation de l’islamisme »



Nous reproduisons ci-dessous une interview de Boualem Sansal publiée dans Le Progrès de Lyon ce 29 janvier 2015:

« RENCONTRE AVEC BOUALEM SANSAL, ÉCRIVAIN.
«La France doit se réveiller face à la propagation de l’islamisme»


Rencontre

L’écrivain algérien Boualem Sansal était l’invité mercredi de la Villa Gillet à Lyon. Il dénonce «le trop grand laxisme des pouvoirs publics» et renvoie «les musulmans crispés» à leurs responsabilités : «Ils doivent admettre que l’Etat est laïc et que la religion, on la prat
ique chez soi».

Avez-vous été surpris par les attentats de Paris?

Tout laissait penser qu’un événement très grave allait se produire en France. Le djihadisme s’installe partout dans le Monde. Tôt ou tard, il frappera ici ou là…


Qui donc est «trop tolérant» avec l’islamisme ?

Les pouvoirs publics français. On sait que des gens prêchent dans les banlieues, les mosquées, les prisons… J’ai l’impression d’un laxisme qui ouvre des brèches aux djihadistes. Je ne dis pas non plus que c’est simple : la France est une démocratie, et ses gouvernants «composent» avec 6 ou 7 millions de citoyens de confession musulmane.


Pourquoi l’islamisme séduit-il autant une partie de la jeunesse ?

Je ne crois pas aux explications de ceux qui mettent en avant la misère sociale, comme terreau premier du djihadisme. Il existe un projet politique dans le Monde pour propager l’islamisme et porter le djihad d’abord en terre musulmane, puis ailleurs, en terre chrétienne notamment. C’est une bataille romantique et mystique pour Allah qui rappelle les croisades. S’ajoute à cela le travail des propagandistes, qui sont de vrais professionnels. Eux, jouent sur le chômage, en le présentant comme une injustice faite à l’égard de ceux qui sont musulmans. On leur martèle en substance : «Ils ont exploité vos parents; maintenant, c’est votre tour».


Que pensez-vous de ceux qui s’insurgent du risque «d’amalgame» avec l’ensemble des musulmans, dans la dénonciation de l’islamisme ?

Les islamistes cherchent à culpabiliser ceux qui critiquent l’islamisme en leur disant : « Vous êtes racistes, c’est l’islam que vous voulez critiquer ». C’est une technique pour faire taire l’adversaire. Mais ceux qui gouvernent ont également une responsabilité dans cet état de fait. Le président de la République française est Président de tous les Français, y compris des djihadistes. Le discours sur la nécessité de ne pas faire d’amalgames vient en droite ligne du principe de précaution. Les Français sont invités à ne pas déraper, à ne pas tenir de propos qui pourraient dresser les communautés les unes contre les autres. Je pense qu’à force d’être prudent, on finit par ne rien faire. Et si l’on bride le débat, cela ne fera qu’aviver les tensions. Il faut donc libérer le débat. Sinon, l’extrême-droite continuera de progresser, en s’emparant des critiques qui ne sont pas menées. Tout cela rappelle les années 1930 : on polissait les discours et les intellectuels détournaient les yeux, pendant que l’extrême-droite se développait…


Et doit-on aussi critiquer l’islam?

Absolument! Il faut tout mettre sur la table. Le Coran « légalise » des inégalités fondamentales : la femme est vue comme inférieure à l’homme. Offrir 70 vierges à un homme après sa mort, cela veut-il dire que le Paradis est sexiste?


Les grandes manifestations qui ont eu lieu en France après les attentats auront-elles pour effet d’enraciner la laïcité chez tous les musulmans ? Ou le fossé va-t-il se creuser encore davantage avec les islamistes ?

Les grandes marches ont servi d’exutoire au choc ressenti. Un travail de fond doit maintenant être mené sur la durée. Il passe par l’école, par les partis, par la presse, par les intellectuels et par les universités. Et ce travail doit amener les musulmans crispés, à accepter l’idée qu’ils ont le droit de pratiquer l’islam qu’ils veulent, mais chez eux. L’Etat est laïc. Ils doivent l’admettre en tant que citoyens français.


Et vous dites encore aux Français, «Attention! Réveillez-vous» ?

Oui ! Je le dis depuis des années. Vous êtes déjà des victimes en puissance. Si ce n’est des islamistes, c’est de vous-mêmes, car les islamistes risquent de vous pousser à vous radicaliser. Et la France sans ses valeurs, ce n’est plus la France.

La version intégrale de cet entretien est en accès libre sur leprogres.fr

À lire, de Boualem Sansal : «Gouverner au nom d’Allah : islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe» (Gallimard, 2013)

Recueilli par Nicolas Ballet »

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30 janvier 2015 5 30 /01 /janvier /2015 09:05

boko-haram-fille-kamikazee.jpg


Enfant de huit ans justifiant les assassins de journalistes : ce que l’on sait, ce qu’il faut comprendre, ce qu’il faut faire

Photo : Cette jeune fille de 13 ans, kamikazée par Boko haram, a été arrêtée avec sa ceinture d'exolosifs le 14 décembre 2014 au Nigeria

A Nice, au lendemain de la grande tuerie, dans son école, un enfant de huit ans, Ahmed, déclare être du côté des terroristes, qu’il faut tuer les Français, que les journalistes ont mérité le sort, …

Émotion… Horreur ! bien légitimes du corps enseignant, d’autant plus que le père se montre agressif, menaçant. Et que c’est bien avec de telles professions de foi, de tels credo, que les journalistes de Charlie, des Juifs, des policiers, ont été assassinés par des gens qui partageaient la même religion que le père (on ne sait rien de la mère) du petit Ahmed.

C’est toujours au nom de cette religion que tous les jours des jeunes venant de France (entre autres) tuent dans des contrées pas si lointaines et ont tué en France le 7 janvier, mais aussi à Toulouse (y compris des enfants) et ailleurs.

C’est encore un enfant d’une dizaine d’années qui, dans l’État Islamique, abat deux hommes, ligotés et  à genoux, de balles dans la nuque. Difficile de prétendre qu’il s’agirait de mensonges puisqu’une vidéo des auteurs sert de « propagande » aux assassins.

Il y a quelques jours encore, au Nigéria, deux fillettes « kamikazes » (kamikazées) âgées d’environ dix ans, ont fait sauter leurs explosifs, dimanche 11 janvier, sur un marché de Potiskum, tuant trois personnes et en blessant une vingtaine. Cela faisait suite à une autre attaque menée la veille sur un autre marché par une autre petite fille faisant 16 morts. Une école de Potiskum a été visée en novembre dernier par un attentat-suicide qui a fait 48 morts.

C’est aussi ce « père de famille » de Valence qui, non content de frapper ses enfants de 6, 9 et 10 ans, leur faisait visionner des images de décapitation diffusées par les musulmans de l’Etat islamique. Il poussait ses enfants à faire le djihad. Des vidéos explicites ont été trouvées dans son ordinateur…

Comme le père du petit Ahmed, une fois pris la main dans le sac … il nie. Très peu de délinquants et d’assassins … avouent.

Le petit Ahmed a été transformé, par un père musulman fanatique, en arme et … en victime. C’est donc un individu dangereux pour ses enfants et pour toute la société française. Car malgré ses dénégations, qui d’autre – soyons sérieux – aurait pu conditionner cet enfant pour qu’il s’autorise à tenir de tels propos en public …  (pour qu’il en ait même l’idée !) s’il ne jouissait pas de la bénédiction (voire de l’encouragement) de son pater familias ?

C’est dans une école de Bagnolet – cela n’a pas été médiatisé ni même rendu public officiellement – qu’un enfant a apporté des armes en plastique en disant qu’il allait tuer tout le monde…

Oui, sans hésitation, il faut protéger les enfants qui ont des parents dangereux.

L’argument d’amalgame à fait long feu. Il faut maintenant regarder la réalité en face et traiter la maladie. Car elle est mortelle.

Quant à l’indécence de l’avocat du « papa », qui pense avoir flairé la bonne occasion de combler son déficit de notoriété, en accusant l’institution scolaire… il ne trompe pas grand monde. Minable.

Dans cette affaire, il semble que l’Institution ait bien fait sa part du travail. Maintenant il est de la responsabilité de tous les citoyens de faire la leur et de ne pas regarder ailleurs quand ils voient se développer des comportements sectaires dangereux.

C’est à toutes les personnes qui sont témoins, et en premier lieu aux responsables musulmans, de ces « radicalisations », de ces fanatisations, de réagir.

Hélène Zanier

 

 

 

 

 

 

 

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28 janvier 2015 3 28 /01 /janvier /2015 16:41

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Marilou Brossier, élue « société civile » du groupe PS, a répondu sur facebook à un internaute, qui demandait, suite à une déclaration de Malik Boutih, des exemples de collusions entre des élus locaux et des islamistes, en citant la gestion municipale de Bagnolet sous Everbecq.

Ont suivi des attaques et même des menaces sur internet de la part d'islamistes.

Elle demande au Conseil municipal (c’est à l’ordre du jour du 29 janvier) de lui accorder « la protection fonctionnelle des élus », dispositif judiciaire destiné à défendre les élus victimes d’outrages, de menaces dans le cadre de leur fonction.

Citoyenne – et aujourd’hui élue – attachée à la laïcité, aux valeurs et aux lois de la République, Marilou a dénoncé les pratiques de l’ancienne municipalité, les compromissions, les collusions dans lesquelles cette dernière s’est vautrée pendant des années organisant un clientélisme communautariste extrêmement dangereux.

Marilou est une femme libre, courageuse, connue pour défendre la vérité, la liberté, les droits des femmes. Elle est présente pour les défendre quand ils sont attaqués que ce soit en France, dans le monde et aussi à Bagnolet.

Voilà pourquoi est la cible d’islamistes, voilà pourquoi elle reçoit des menaces via les réseaux sociaux.

Je soutiens les combats républicains de Marilou, je les partage.

 

Hélène Zanier

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 12:24

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Pour les enseignants qui se demandent comment parler à leurs élèves de ce qui vient de se passer, ils peuvent déjà lire et faire lire cette magnifique lettre d’une prof qui a décidé d’élever  ses élèves, de leur permettre de s’émanciper. Elle l’a publiée dans Télérama ce 15 janvier 2015.

Hélène Zanier

« Prendre son temps, observer, comparer, lire, apprendre, critiquer, s'exprimer… une enseignante du XXIe siècle invoque les Lumières pour aider ses élèves à ne pas céder à l'obscurantisme.

Fanny Capel est professeur de lettres au lycée Paul Eluard à Saint-Denis, celui dans lequel un (faux) colis piégé « je ne suis pas Charlie » a été déminé la semaine dernière. Hospitalisée, elle n'a pu être là pour expliquer à ses élèves le sens à donner à ces événements. Alors elle leur a écrit une lettre avec les mots que beaucoup de parents auraient sans doute aimé que leurs enfants entendent au lendemain de cette tragédie.

Fanny Capel est membre du Collectif Sauvez les lettres et collaboratrice occasionnelle de Télérama. Elle est l'auteure de Profs… et fier de l'être ! et Qui a eu cette idée folle un jour de casser l'école ? »

Voici sa lettre :

« Mes chers élèves, Comme vous le savez sans doute, je suis contrainte par des soucis de santé de vous quitter plus tôt que prévu. Je ne pouvais pas le faire sans vous souhaiter toute la réussite possible au lycée, du bonheur dans votre vie personnelle et de belles émotions de lecture…

Cette lettre a aussi un autre but, plus important encore à mes yeux. Après les événements tragiques de la semaine écoulée, je ne peux pas rester muette vis-à-vis de vous. Pas seulement comme enseignante, mais aussi comme citoyenne, comme être humain, tout simplement.

Par-dessus tout, je regrette de ne pas avoir pu mener avec vous l'étude du mouvement des Lumières que j'avais prévu de commencer en cette rentrée. J'espère que vous avez compris que ce n'est plus aujourd'hui un thème scolaire poussiéreux, mais bien une aveuglante question d'actualité.

Les Lumières attaquées

Les « Lumières », c'est ce qui a été attaqué, avec le massacre perpétré au journal Charlie Hebdo le matin du mercredi 7 janvier, quand les assassins ont crié « on a vengé le prophète Mahomet ».

Cela voulait dire que pour eux, on n'a pas le droit de se moquer de la religion, que cela mérite la mort. C'est donc exactement le contraire des valeurs inventées et portées par le mouvement des Lumières, que la France depuis la Révolution française, quand elle est devenue une République, a adoptées, des valeurs pour lesquelles on continue de se battre au péril de sa vie partout dans le monde. Car les Lumières ce n'est pas un idéal français, ce n'est pas même pas un idéal européen, ce sont des valeurs universelles – pour lesquelles on lutte, vit et meurt partout dans le monde, dans les pays occidentaux ET dans des pays musulmans (en Russie comme en Tunisie, récemment, des journalistes ont été tués parce qu'ils incarnaient la liberté d'expression).

Je voulais en quelques mots, à travers cette lettre, résumer ce que j'aimerais que vous reteniez de ce cours sur les Lumières, si j'avais pu le conduire avec vous. Ce n'est pas un cours « express », mais quelques graines que je sème… et que vous saurez peut-être faire fructifier en vous, je l'espère.

Une fois n'est pas coutume, j'accompagnerai ma parole de quelques dessins, en hommage aux dessinateurs assassinés. Un dessin en dit souvent aussi long qu'un discours. « Oser penser », telle est la devise des Lumières au XVIIIe siècle (c'est Kant, un grand philosophe allemand de l'époque, qui l'a formulée ainsi). Cela veut dire penser par soi-même, ne pas laisser les autres penser à sa place, ces « tuteurs » (dit Kant) qui nous enferment dans des pensées toutes faites au nom de notre bien. Penser par soi-même, cela implique de vérifier les faits avant d'en parler, et de réfléchir avec sa raison, pas avec des émotions spontanées. C'est un travail difficile, qui prend du temps, qui exige des efforts.

« Qui peut se permettre de « venger » le prophète comme s’il ne pouvait pas se défendre seul ? »

Par exemple, tout le monde parle au nom du Coran, mais qui l'a lu en entier (en arabe du VIIe siècle, bien sûr, puisque c'était la langue du prophète Mahomet) ? Et qui peut se permettre de le maîtriser complètement, alors que des érudits qui l'ont épluché pendant toute leur existence, et depuis des siècles, ne sont toujours pas d'accord sur le sens de certains passages (c'est évidemment la même chose pour tous les textes religieux) ? Qui peut se permettre de « venger » le prophète comme si le prophète (et ne parlons pas de Dieu lui-même !) ne pouvait pas se défendre seul ? Vous ne trouvez pas cela d'une prétention sans nom, de la part de ces prétendus « fidèles » qui prennent une arme pour tuer au nom de leur Dieu ?

Tout le monde aussi parle de Charlie Hebdo, mais qui parmi vous avant le drame connaissait ce journal, le lisait régulièrement, qui connaissait son histoire et ses dessinateurs, ses rédacteurs, et leurs motivations ? Là encore, c'est l'ignorance qui est meurtrière. Saviez-vous ce que signifie exactement un « journal satirique » (la satire, qui est bien différente de la « moquerie », du « blasphème » ?), ou l'esprit « libertaire », ou l' « anticléricalisme » ? Vérifier les faits et choisir bien ses mots, pourchasser toute forme d'erreur grâce à la raison, c'est-à-dire prendre son temps, observer, comparer, avant de conclure, de parler ou d'agir (c'est pourquoi j'aime tant le silence en classe !), ne pas suivre aveuglément une rumeur, un mouvement de foule, une mode, un gourou, un copain qui semble plus savant que vous, et même un parent ou un prof…

Bien vérifier le sens et l’origine des mots

Mieux connaître pour mieux réfléchir, c'est donc le premier travail que nous demandent les Lumières. C'était le but de l'Encyclopédie, qui avait l'ambition de rassembler toutes les connaissances disponibles, et de les offrir au plus grand nombre. Aujourd'hui, dans le flot de paroles et d'informations dont nous sommes inondés à travers les médias et les réseaux sociaux, il est encore plus urgent de bien vérifier le sens précis, l'origine de tous les mots qu'on utilise : « islam » et « islamisme », « terrorisme » et « fondamentalisme », « guerre » et « djihad », « arabe », « juif », « musulman », « laïcité », « liberté », etc. Tous ces mots qu'on mélange et qui peuvent créer tant de malentendus fatals, tous ces mots vides, déversés, amplifiés, repris à la folie, quand n'importe qui raconte n'importe quoi, et que des centaines de « twittos » « retwittent » des sottises…

Il est important de connaître la géographie, l'histoire, la réalité non seulement du pays dans lequel on vit, mais aussi des pays sur lesquels on fantasme, à travers les médias. C'est un travail énorme, quotidien. « Oser penser », et se forger une opinion sur des bases solides, c'est donc le premier défi des Lumières. Le second, qui découle du premier, c'est de permettre à tout être humain d'exprimer sans peur ce qu'il pense. Une fois qu'on est assez sûr de la justesse de son opinion, on doit pouvoir exprimer absolument tout ce qu'on pense, sans aucune limite. Et pour que cela fonctionne, il faut faire un effort encore plus difficile. Se mettre à la place de l'autre. Admettre que l'autre peut penser différemment de soi-même.

Une troisième valeur inventée par les Lumières, c'est la tolérance. C'est, par exemple, quand on est croyant, se mettre à la place d'un non-croyant (et vice versa). Le non-croyant a le droit de dire que Dieu n'existe pas. C'est pour cela qu'il n'existe pas de blasphème pour le non-croyant, car comment offenser quelqu'un qui n'existe pas ? Le croyant a aussi bien sûr le droit de dire que l'opinion du non-croyant le choque, qu'il n'est pas d'accord. Tout le monde avait le droit de dire que Charlie Hebdo n'était pas drôle, tout le monde avait le droit de ne pas le lire, et même de lui intenter un procès (et d'ailleurs les adversaires de Charlie Hebdo ne s'en sont pas privés…). La tolérance, c'est le droit de combattre des idées, pas des personnes.

« On ne peut pas mettre sur le même plan des crayons et des kalachnikov. »

C'est ce que faisaient les dessinateurs de Charlie Hebdo. Engagés, ils luttaient avec leurs plumes, avec leur humour. Là encore, les mots nous piègent. Il y a « combat » et « combat », « guerre » et « guerre », « armes » et « armes ». On ne peut pas mettre sur le même plan des crayons et des kalachnikov. Tuer, persécuter l'autre parce qu'il ne partage pas les mêmes idées que soi, cela s'appelle le fanatisme. Les philosophes des Lumières ont défini clairement ce qu'était le fanatisme, et l'ont pris pour cible – Voltaire appelait cela « l'Infâme », il signait d'ailleurs toutes ses lettres par ce mot d'ordre : « Écrasons l'Infâme » ! A l'époque, il s'agissait surtout du fanatisme catholique (l'Église pourchassait non seulement les libertins athées, mais aussi les jésuites, les protestants, tous ceux qu'elle considérait comme « hérétiques », et pouvait les exécuter pour cela – faites-moi le plaisir de lire ou de relire le chapitre VI de Candide !).

Aucune religion n'est à l'abri du fanatisme, car le fanatisme n'est qu'une autre forme de la folie, qui atteint des êtres malheureux ou faibles d'esprit – déjà Molière nous avait prévenus avec son Tartuffe. Vous vous souvenez ? Orgon, fanatisé par Tartuffe, est fier de dire qu'à force d'aimer le Ciel, il regarde « comme du fumier tout le monde », jusqu'à sa propre famille… C'est ce que devaient ressentir les fanatiques qui, au fil de ces trois jours sanglants que nous venons de vivre, ont tué des journalistes, des policiers, des juifs, parce qu'ils les considéraient comme du « fumier ».

Je relis l'article « Fanatisme », de Voltaire : « Ce sont d'ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains. Ils ressemblent à ce vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. » On dirait que ce vieux Voltaire a écrit cela en parlant de nos assassins d'avant-hier, non ?

Voilà à peu près ce que j'aurais voulu vous dire de vive voix. Malgré tout, je ne sais pas si j'aurais eu la force de vous parler de tout cela, car je me sens en deuil à titre personnel. Je ne sais pas si j'aurais eu la force de voir en salle des professeurs le faux colis piégé « Je ne suis pas Charlie », ou d'entendre certains de vos camarades dire que « à Charlie, ils l'avaient bien cherché ». Permettez-moi pour finir cette lettre de sortir du cadre du cours, et de vous livrer un témoignage plus intime.

« Charlie Hebdo » : une famille intellectuelle

Je suis issue d'une famille abonnée à Charlie Hebdo depuis le premier numéro en 1970, bientôt trois générations, et j'ai l'impression d'avoir perdu des proches avec Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Oncle Bernard, Honoré. Je ne les connaissais pas personnellement, mais ils étaient pour moi une famille intellectuelle, une famille d'élection (celle qu'on se choisit, parce qu'on partage des valeurs justement). Exactement comme certains écrivains morts depuis des siècles sont pour moi des amis. Charlie Hebdo, c'était le rire de résistance, qui tache mais ne tue pas, qui attaquait à grands coups de dessin malpolis et souvent “pipi-caca-sexe” (on appelle ça l'humour paillard), à coups de trognes grotesques, et aussi de textes stylés, féroces mais jamais méchants, l'armée, les églises, les excès du pouvoir, la guerre, la lâcheté des forts écrasant les faibles, l'ignorance, bref la bêtise humaine partout où on peut la débusquer.

Charlie nous faisait rire du pire, même de la mort. Je parle au passé, j'espère qu'ils seront nombreux à reprendre le flambeau, même si, je le crains, plus personne ne peut être Charlie comme eux.

J'écris cette lettre au moment où des millions de personnes à Paris, en France, sur la planète, marchent fraternellement sous la bannière « je suis Charlie ». Je suis Charlie, ça veut dire aujourd'hui je suis musulman, juif, chrétien, athée, français, humain. C'est un mot de fraternité, une autre valeur cruciale des Lumières. Vous vivez un événement unique, qui fera date dans l'histoire de la France et peut-être du monde. C'est dans ces occasions-là qu'on grandit, qu'une conscience de citoyen se forge. Ne laissez personne penser à votre place. Lisez, apprenez, critiquez, exprimez-vous avec des armes solides : votre raison, votre savoir. C'est le sens de votre présence au lycée.

Mes chers élèves, pour filer la métaphore jardinière, si j'ai pu être un peu votre « tuteur », il faut maintenant se passer de tuteur, comme les rosiers qui finissent par pousser tout seuls. Je prendrai évidemment de vos nouvelles…

 

Votre professeur de lettres, F. Capel »

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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 19:52

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Le lundi 19 Janvier 2015 dans marianne.fr, le philosophe Michel Onfray s’exprime sur le lien qu’il a fait entre islam et islamisme… Décapant !

« Pas d'amalgame

Michel Onfray

Philosophe

"La question que l’on devrait pouvoir poser, sans être assimilé à Marine Le Pen, c’est : est-ce qu’il y a une différence de nature entre un musulman pacifique et un terroriste, ou une différence de degré ?" En faisant ce genre de déclaration samedi soir, lors de l'émission "On n'est pas couché" de Laurent Ruquier, le philosophe Michel Onfray a suscité de très vives réactions. Sur Marianne.net, il répond à sa manière à ses détracteurs qui lui reprochent de voir un lien entre islam et islamisme.

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Le soleil n’a rien à voir avec le jour, ni la lune avec la nuit ; la casserole n’a rien à voir avec la cuisine ; la salle de bain n’a rien à voir avec la propreté ; ni la bibliothèque avec l’intelligence ; le Christ n’a rien à voir avec le christianisme ; ni Marx avec le marxisme ; ou Mao avec le maoïsme ; le médicament n’a rien à voir avec la maladie, ni le médecin, ni l’infirmière ; l’alcool n’a rien à voir avec le vin, pas plus que le vin n’a à voir avec l’alcool ; l’Assemblée nationale n’a rien à voir avec les députés, ni le Sénat avec les sénateurs ; les oiseaux n’ont rien à voir avec le ciel, ni les taupes avec la terre, ni les poissons avec l’eau ; l’école n’a rien à voir avec les élèves ; la sépulture n’a rien à voir avec la mort ; les doigts n’ont rien à voir avec la main, ni les poumons avec la respiration, ni le cœur avec la circulation sanguine ; les dents n’ont rien à voir avec le dentiste ; le chien n’a rien à voir avec l’aboiement, ni le chat avec le feulement, ou la grenouille avec le coassement ; le loup n’a rien à voir avec l’agneau, ou le chêne avec le roseau, ou la belette avec les petits lapins, ou la cigale avec la fourmi, ou le rat des villes avec le rat des champs, ou Perette avec le pot-au-lait ; Descartes n’a rien à voir avec la philosophie, ni Mozart avec la musique, ni Michel-Ange avec la peinture, ni Praxitèle avec la sculpture, ni Le Corbusier avec l’architecture ; les lunettes n’ont rien à voir avec la vue, ni la vue avec l’oculiste, ni l’oculiste avec l’opticien, ni l’opticien avec l’ophtalmologiste ; le coton tige n’a rien à voir avec l’oreille, ni la brosse à dents avec les dents, ni le papier toilette avec … le papier ; justement : le rectum n’a rien à voir avec le proctologue, ni le cerveau avec le neurologue ou la bouche avec le stomatologue ; le beurre n’a rien à voir avec l’argent du beurre ; l’hirondelle n’a rien à voir avec le printemps ; le rabbin n’a rien à voir avec le judaïsme, ni le prêtre avec le christianisme, le pasteur avec le protestantisme ; Platon n’a rien à voir avec le platonisme, Aristote avec l’aristotélisme, Descartes avec le cartésianisme, Kant avec le kantisme, Hegel avec l’hégélianisme ; le taureau n’a rien à voir avec la corrida , la viande avec le végétarisme, le chasseur avec le fusil, le clown avec le cirque ; le miroir n’a rien à voir avec le reflet ; le crayon avec l’écriture ; la partition avec la musique ; les feux rouges avec le code de la route ; les pompes funèbres n’ont rien à voir avec la mort ; les prostituées n’ont rien à voir avec la prostitution ; la télé rien à voir avec la télévision ; mon Traité d’athéologie n’a rien à voir avec les trois monothéismes, ni avec Dieu d’ailleurs ; les poubelles n’ont rien à voir avec les ordures , ni les journalistes avec les journaux ; Apollinaire n’a rien à voir avec la poésie, ni Gabin avec le cinéma ou Picasso avec la peinture ; ni ma mère ni mon père n’ont à voir avec le fait que je sois né ; les jupes n’ont rien à voir avec les filles, le sexe avec la biologie, les notes avec les copies, enfin, je crois… ; la prison n’a rien à voir avec les prisonniers ; les arrêts de bus n’ont rien à voir avec les bus ; les pilotes d’avion n’ont rien à voir avec les avions, ni les conducteurs de train avec les trains, ou les chauffeurs de taxi avec les taxis ; la main de ma sœur n’a rien à voir avec la culotte d’un zouave ; 1984 n’a rien à voir avec Orwell, ni Le Meilleur des mondes avec Huxley ; le réel n’a jamais rien à voir avec ce qui a lieu – pas d’amalgames, vous risqueriez de faire le jeu du réel. »

 

 

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