Dans le cadre du nécessaire débat, nous publions ci-dessous plusieurs documents opposés à l’intervention militaire en Syrie, que nous ont fait parvenir nos amiEs de l’appel des 100 de Bagnolet.
Photos du débat de l'Appel des 100 de mai 2010
À signaler le débat qu’ils organisent le 26 septembre à partir de 10H à la médiathèque de Bagnolet avec Rony Brauman.
La lettre aux parlementaires (avant le débat sans vote du 4 septembre) initiée par le Mouvement de la Paix (www.mvtpaix.org) :
« Madame, Monsieur,
Une session extraordinaire du Parlement est convoquée ce mercredi 4 septembre, au sujet d'une intervention armée de la France en Syrie.
Je tiens à vous faire connaître mon désaccord total avec une intervention militaire de la France annoncée par le Président de la République. Je considère que cette intervention n'est aucunement du ressort de notre pays, seul Etat Européen à vouloir s'y engager et nullement mandaté pour cela par la communauté internationale. Cette perspective est aujourd'hui refusée par une grande majorité de nos concitoyens.
Une action armée est totalement inapte à résoudre le conflit en cours, ne pouvant qu'apporter de la violence à la violence et faire subir au peuple syrien des horreurs supplémentaires. De plus, elle contient un risque conséquent d'embrasement de toute la région du Proche et Moyen-Orient.
Sachez que je condamne fermement l'utilisation contre la population syrienne d'armes chimiques qui a ajouté des centaines de morts à un bilan déjà effroyable : plus de 100 000 morts, 4 millions de déplacés à l'intérieur qui ont tout perdu, 1 500 000 exilés et un pays dévasté. Toutefois, il est inconcevable et choquant qu'avant même les conclusions de la mission des inspecteurs de l'ONU, la France envisage une intervention militaire en dehors des Nations Unies.
Le soulèvement citoyen pacifique de 2011 exigeait plus de démocratie et de progrès social en Syrie. Le régime de Bachar El Assad a répondu par une répression féroce provoquant l'escalade d'une guerre civile. Si tous les moyens politiques avaient été mis en œuvre (y compris avec la mise en place de forces de paix), sous l'égide de l'ONU, une résolution politique du conflit était possible. Au lieu de cela, les antagonismes ont été entretenus et la militarisation soutenue, provoquant les horreurs de la guerre civile et l'exacerbation des clivages et des extrémismes.
Je refuse catégoriquement le recours à la force. En Syrie comme ailleurs, c'est la mise en place de processus politiques de prévention et de résolution des crises qui est nécessaire, avec l'objectif de faire de la Paix le socle d'une société humaine se conformant aux engagements pris dès 1995 par la communauté internationale avec la promotion d'une culture de la paix et de la non-violence.
Je demande au gouvernement français de renoncer à l'emploi des forces armées, de faire respecter le droit international et de réactiver la mission Kofi Annan dont les deux objectifs étaient d'établir un cessez-le-feu en Syrie et d'instaurer un dialogue entre le gouvernement et l'opposition syrienne.
D'autres voies sont possibles. C'est pourquoi je demande à la France et à l'ensemble de la communauté internationale d'agir pour la reprise des accords de Genève 2 avec les moyens indispensables, un cessez-le-feu, l'interdiction du commerce des armes, l'aide aux victimes, l'organisation des secours et le recours au Tribunal pénal international pour crime contre l'humanité pour les utilisateurs d'armes chimiques, par ailleurs interdites.
C'est pourquoi, je vous demande de réclamer un vote du Parlement et de soutenir cette voie diplomatique respectueuse du droit international, afin que le gouvernement français renonce à l'emploi des forces armées au risque de nous entraîner dans une aggravation du conflit, voire une extension mondiale aux conséquences dramatiques.
Respectueusement »
Le Mouvement de la Paix, le 28 août :
« Syrie : Stop à l’escalade dans la barbarie
Non à l'intervention armée en Syrie, non à la participation de la France
Solidarité avec les forces de paix, de justice et de démocratie en Syrie
L’escalade proposée par le Président Hollande n’est pas la bonne issue.
Le Mouvement de la Paix condamne fermement l’utilisation d’armes chimiques. Par leurs luttes, les peuples ont gagné la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, signée le 13 janvier 1993, qui interdit la mise au point, la fabrication, le stockage et l'usage des armes chimiques.
Avant même les conclusions de la mission de l’ONU, seule habilitée à mener une telle enquête sur l’utilisation des armes chimiques, la France, les USA et leurs alliés membres de l’OTAN, déclarent avoir des certitudes. Si preuves il y a, ils ont la responsabilité de les transmettre à l’ONU. Envisager une intervention militaire en dehors des Nations Unies, malgré le risque conséquent d’un embrasement de toute la région, consiste à se poser en « juges et gendarmes du monde », à alimenter le cercle infernal des logiques de guerre et de violence en négligeant l’intérêt des peuples.
Il y a deux ans, un soulèvement citoyen pacifiste exigeait plus de démocratie et de progrès social en Syrie. Le régime syrien de Bachar El Assad a répondu par une répression féroce refusant toute possibilité de dialogue et provoquant l’escalade d’une guerre civile dans laquelle se sont engouffrées des puissances et des forces politiques régionales (Iran, Turquie, Arabie Saoudite, Qatar, Hezbollah…) et permettant aux militants les plus radicaux rescapés des interventions militaires en Irak, Afghanistan, Libye, Mali de se mettre au service des uns ou des autres.
Le bilan est effroyable pour le peuple syrien : plus de 100 000 morts, 4 millions de déplacés qui ont tout perdu, 1 500 000 exilés, et un pays dévasté. Aujourd’hui cette crise syrienne est devenue une crise géopolitique où chacun défend ses intérêts dans la région. Prétextant un blocage au Conseil de sécurité de l’ONU de la part de la Chine et de la Russie, les puissances occidentales membres de l’OTAN n’ont pris aucune initiative pour résoudre politiquement ce conflit. Ainsi le plan incarné par Kofi Annan en a fait les frais. La structuration de la société syrienne rendait nécessaire un processus long de concertations, rendu possible par la présence d’observateurs en nombre, permettant d’assurer une évolution vers plus de démocratie. Dans ce contexte, l’utilisation de forces de paix non violentes sous l’égide de l’ONU, aurait pu le permettre. Au lieu de cela, les antagonismes ont été entretenus, voire même alimentés, et les horreurs de la guerre civile ont affaibli les possibles recours. C’est ainsi que la perspective odieuse d’une intervention armée, en contradiction totale avec l’intérêt des peuples, peut aujourd’hui nous être présentée comme indispensable. L’indispensable pour la population est de vivre en sécurité, de se nourrir, de s’instruire, d’être soigné dans de bonnes conditions et de pouvoir s’exprimer en toute liberté. Or tout cela, la guerre l’interdit. Loin d’être la solution, elle ne bénéficierait qu’aux marchands d’armes.
Le Mouvement de la Paix dénonce catégoriquement l’argument, relayé à l’unisson par les médias, d’une guerre indispensable. En Syrie comme ailleurs, ce qui est nécessaire c’est la Paix comme socle d’une société humaine se conformant aux engagements pris en 1998 par la communauté internationale dans le cadre de l’adoption de la culture de paix et de la non-violence.
Le Mouvement de la Paix demande au gouvernement français de renoncer à l’emploi des forces armées, de faire respecter le droit international et de prendre toutes les initiatives politiques possibles pour obtenir un cessez-le-feu. Le Mouvement de la Paix demande la reprise du plan de Kofi Annan avec des moyens humains renforcés pour parvenir à une transition démocratique en Syrie et permettre une stabilisation de la région.
Il appelle les citoyens, les ONG de notre pays à se rassembler et à développer toutes les actions collectives marquant le refus d’une intervention militaire. Les premiers rassemblements sont prévus le jeudi 29 août à Paris, Toulouse et Marseille. »
Le communiqué du MRAP du 7 sept 13 :
« Syrie : Stop à la barbarie
Non à une intervention armée, non la participation de la France
Solidarité avec les forces de paix et de démocratie
Il y a deux ans, encouragé par les Révolutions arabes, un soulèvement populaire, pacifiste exigeait la démocratie et plus de justice sociale en Syrie. Le régime syrien de Bachar El Assad a répondu par une répression féroce refusant toute possibilité de dialogue et provoquant une escalade sanglante.
Aujourd'hui, on assiste à une guerre civile épouvantable dans laquelle sont
impliquées des puissances et des forces politiques diverses(notamment, l'Arabie-Saoudite, Etats Unis, Hezbollah, Iran, Qatar, Russie, Turquie...)
Le bilan en est effroyable pour le peuple syrien : plus de 100 000 morts, 2
millions de réfugiés, 4 millions de déplacés de l'intérieur dont la moitié sont des enfants, un pays dévasté.
L'utilisation d'armes chimiques dans un quartier de Damas, en violation de la Convention Internationale de 1925 contre les armes chimiques, le 21 août
2013, a fait franchir à la Syrie un nouveau pallier dans l'horreur.
Le MRAP condamne avec la plus grande fermeté la répression barbare menée par
le régime de Bachar El Assad et assure les démocrates syriens de son entière solidarité.
Aujourd'hui, seuls la France et les Etats Unis envisagent une intervention militaire pour "punir" le régime syrien. Le MRAP affirme son opposition à cette intervention. Le MRAP déplore la paralysie de l'ONU, notamment par le droit de veto au Conseil de Sécurité.
Une telle intervention militaire, outre qu'elle se situerait de ce fait, en dehors de la légalité internationale, ferait également courir le risque d'une nouvelle escalade de la violence, d'un embrasement régional favorisant un recours sans limite aux armes de destruction massive, notamment chimiques. Ajouter la guerre à la guerre serait la pire des solutions.
Contrairement à ce que l'on veut faire croire à l'opinion publique, le choix n'est pas entre une intervention militaire dont on a vu les conséquences en Afghanistan, en Irak, en Lybie et le silence passif face aux atrocités commises.
Le MRAP estime qu'il n'y a pas d'autre voie qu'une solution politique. Des pressions diplomatiques vigoureuses et des sanctions économiques et politiques doivent s'exercer sur le régime syrien et ses alliés pour obtenir un cessez le feu et la mise en œuvre d'une transition démocratique.
Dans l'immédiat "la communauté internationale" doit organiser de toute urgence l'aide aux populations réfugiées.
Le MRAP demande la saisine du Tribunal international pour les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis. Il réclame l'application pleine et entière de la Charte des Nations Unies qui passe par une réforme fondamentale du Conseil de Sécurité et la suppression du droit de veto des membres permanents. »