Une explosion d’origine criminelle s’est produite dimanche soir 20 avril au 3, rue de la Barre à Bagnolet. En complément de notre article publié hier soir, voici celui, plus détaillé du Parisien de ce matin mardi 22 avril 2014 :
« Explosion criminelle dans une tour de Bagnolet
ENQUÊTE. Une charge explosive fait sauter toutes les portes au 11e étage et a décroché l’ascenseur. Les enquêteurs privilégient la piste d’un règlement de comptes.
Heureusement que je suis allé aux toilettes à cet instant précis, je regardais la télé et c’était la pub… En une fraction de seconde, boum, la porte sautait, sis je n’avais pas bougé, j’étais mort… » raconte un père de famille au pied du son bâtiment, rue de la Barre-Nouvelle à Bagnolet (Seine Saint-Denis). Il a sous le bras un petit sac de sport noir : « C’est tout ce que j’ai pu récupérer », dit cet habitant du 11e étage, dont le palier n’est plus que gravats et poussière, après une explosion criminelle qui visait l’appartement d’un de ses voisins.
Dimanche soir, un énorme bruit a secoué tout l’immeuble de 56 appartements, vers 22 h 40. « J’ai pensé que l’ascenseur s’était décroché ou qu’une bombe avait explosé », confie sous le choc une maman du quatrième, son bébé séré contre elle. Elle avait presque vu juste. C’est une explosion, sept étages plus haut, qui a fait chuter l’ascenseur. Aucune des portes du 11e n’a résisté : celles des quatre appartements, celles du palier et celle de l’ascenseur.
Lorsque les pompiers accourent, une centaine d’habitants est déjà sur le trottoir. La police, le laboratoire scientifique ainsi que le maire arrivent. Quelques riverains récupèrent des chaises pour faire asseoir les plus faibles pendant près de cinq heures. Vers 1 h 30, l’hypothèse d’une charge explosive se confirme. « Elle a été posée devant la porte d’un appartement », assure une source préfectorale, sans préciser la nature de l’explosif. Le locataire de l’appartement visé, un homme de 50 ans, a pu quitter les lieux avec sa famille indemne. « Je revois encore le regard de l petite, complètement choquée dans les bras de son papa », commente une voisine.
Un gymnase était prêt à accueillir les victimes, mais la plupart des habitants sont rentrés chez eux, sans trouver le sommeil. Seules trois familles s’apprêtaient à passer une deuxième nuit à l’hôtel hier, payée par la ville : deux familles du 11e étage et une du 12e, avec plusieurs enfants, dont un handicapé. Les deux autres familles logeant à l’étage visé par la charge n’étaient pas à Bagnolet au moment du drame. Le gaz a été remis en service ce lundi, mais pour l’ascenseur, il faudra attendre. Un système de portage doit s’organiser aujourd’hui.
L’enquête va devoir identifier les auteurs de ces faits criminels et déterminer leur mobile. Le locataire de l’appartement visé doit être entendu par la police. « Juste avant l’explosion, on a vu des gars charger du matériel hi-fi et des écrans plasma tout neufs dans deux utilitaires », assure un père de famille. À ce stade, le rapport entre ce témoignage et l’attaque à l’explosif n entre ce témoignage et l’attaque à l’explosif n’est pas fait par les enquêteurs de la PJ. L’hypothèse d’un règlement de comptes sur fond d’escroquerie est explorée.
« On peut en vouloir à quelqu’un, mais pourquoi s’en prendre à l’appartement ? Il y a tellement d’enfants qui vivent ici », enrage une mère de famille. « On est passé à côté de quelque chose de très grave… » soupire le maire Tony Di Martino, élu en mars. Les quatre compteurs au gaz du palier auraient pu exploser. Et l’ascenseur, dont les portes ont été propulsés dans la canine, auraient pu ne pas être vide. « Un gramme de TNT de plus et on perdait nos familles », répète inlassablement un père.
CAROLE STERLÉ »
Hélène Zanier