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PrÉSentation

  • : Bagnolet en Vert- L'Ecologie à Bagnolet
  • : Ce blog de Bagnolet en Vert- L'Ecologie à Bagnolet est à votre disposition pour vous informer quotidiennement de l'écologie politique et du travail de Pierre MATHON et d'Hélène ZANIER et de leurs amis.
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L'éditorial du blog

planete_bleur_belle_fond_vert.jpg                                                           

Ce blog «Bagnolet en Vert» est le blog d’Hélène Zanier, de Pierre Mathon et de leurs amiEs. Aujourd’hui militantEs associati -fs –ves (à « Bagnolet Ecologie » et Environnement 93, Jardins partagés, « l’Association des Bagnoletais contre la Dette », Romeurope, RESF, Russie-Libertés, Murs-À-Pêches, etc.), après avoir été élus (régionaux, municipaux) et responsables du parti Les Verts, nous entendons contribuer à l’avancée des idées et des projets écologistes.

Penser et agir, globalement et localement, telle est la devise de notre blog écolo,  Vert et ouvert, militant et d’éducation populaire, libre, bagnoletais, intercommunal et planétaire.

Hélène Zanier et Pierre Mathon

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Pierre MATHON
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BAGNOLET EN VERT


* pour l’environnement et le développement durable, 
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AGENDA

BONNE ANNEE 2015 !

 

Mardi 3 février à 20h30 conseil de quartier de la Dhuys à l'école Joliot-Curie

 

Mercredi 4 février à 19h atelier participatif sur la ZAC Benoit Hure : les espaces extérieurs  et l'occupation de la mairie historique

 

Jeudi 5 février 19h30 salle P et M Curie conseil de quartier des Malassis

 

PETITIONS

Réaction aux propos intégristes d'un élu de la majorité municipale de Bagnolet : pour le droit des femmes à disposer de leur corps

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Le_maire_de_Bagnolet_defense_du_droit_des_femmes_a_disposer_de_leur_corps/?sMpnibb

 

« Monsieur le Maire de Bagnolet: Nous vous appelons à créer une maison de quartier et citoyenne dans le quartier de la Dhuys»

http://www.avaaz.org/fr/petition/Monsieur_le_Maire_de_Bagnolet_Nous_vous_appelons_a_creer_une_maison_de_quartier_et_citoyenne/?tUmsDgb

 

Pour que cesse l'acharnement juridique contre la confédération paysanne
 
http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/stop-acharnement-conf-865.html

 



 

 

 

 

 

 

 


 

21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 20:58

Razzy 10juin12-3

Pour information, voici l’interview donnée par Razzy Hammadi, député (PS) de Montreuil-Bagnolet, au sujet du traité budgétaire européen.

Pierre Mathon

« Razzy Hammadi (PS) : « Je ne voterai pas le traité budgétaire européen »

LE MONDE - 21.08.2012 - Propos recueillis par Nabil Wakim

 

À la gauche du PS, la perspective de voter le traité budgétaire européen fait grincer des dents. Plusieurs parlementaires PS hésitent à voter le texte, qui sera présenté au Parlement fin septembre. Razzy Hammadi, député de Seine-Saint-Denis et membre de l'aile gauche du PS, menée par Benoît Hamon, explique pourquoi.

Voterez-vous contre le traité budgétaire européen lorsqu'il sera présenté à l'Assemblée ?

Razzy Hammadi : Ce dont je suis sûr, c'est que je ne le voterai pas. Je peux voter contre ou m'abstenir. Je reste attaché à l'espoir que des évolutions sont encore possibles, si le pacte budgétaire devait intégrer une mutualisation des dettes ou une capacité d'emprunt pour la BCE [Banque centrale européenne] .

Mais il est très peu probable que le texte du traité évolue...

C'est vrai. Mais ma conviction profonde est que ce traité, comme les autres, se fracassera face au mur des réalités... Il n'y a qu'une seule solution pour sortir à court terme l'Europe du tourbillon spéculatif : permettre à la BCE d'agir directement. C'est l'esprit inverse de celui du traité. J'aime trop l'Europe pour pouvoir accepter un tel texte. Il ne fait qu'ajouter de l'austérité à l'austérité et fait appel aux recettes violentes et antidémocratiques des pactes précédents.

Il y a encore des choses que l'on peut obtenir : il faut aller plus loin sur le pacte de croissance et l'emploi. Comme l'a dit François Hollande, nous avons entamé une première étape mais ce n'est pas un solde de tout compte. On peut aussi avancer sur d'autres fronts, comme sur un tarif extérieur commun, sur un agenda pour une directive sur les services publics.

Les députés de l'aile gauche du PS voteront-ils tous contre le texte ?

La décision n'est pas prise. Mais je ne vois pas les 22 députés d'Un monde d'avance [courant de l'aile gauche du PS] voter pour ce traité. Refuser ce traité, c'est poser un acte de cohérence et d'investissement idéologique pour l'avenir.

N'est-ce pas un affront fait au gouvernement et à M. Hollande ?

En aucun cas notre position ne doit mettre en difficulté le quinquennat de François Hollande. L'objectif n'est pas de faire échec échec à François Hollande : face à nos partenaires européens, il a obtenu bien plus en 48 heures que ce que Nicolas Sarkozy n'a jamais obtenu en cinq ans !

Il y aura un nombre de voix suffisant au Parlement. Entre François Hollande et quelqu'un qui refuse le traité, il y a une différence de méthode plutôt qu'une différence de fond. Je suis pro-européen sur une ligne de refus de ce traité, mais c'est une opposition constructive et solidaire vis-à-vis de François Hollande. Nous organiserons des réunions publiques sur la question du traité, avec d'autres partis. Mais nous ne participerons pas à une campagne qui viserait à instrumentaliser cette question contre le gouvernement comme le fait maladroitement Jean-Luc Mélenchon, qui disait du gouvernement Jospin, quelques mois après la ratification du traité d'Amsterdam, qu'il « était le plus à gauche du monde ». »

 

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10 avril 2012 2 10 /04 /avril /2012 06:56

Europe-drapeau.jpg


Nous publions ci-dessous un texte d'Alain Lipietz, économiste et ancien eurodéputé Vert, sur l’Europe et la crise actuelle à paraître dans l'édition 2013 du guide l'Etat du Monde aux éditions de la découverte : 

AlainLipietz-3.jpg 

« L’Union européenne, épicentre d’une crise systémique ?

À la fin des années 1980, l’Europe semblait affronter la crise ouverte dix ans plus tôt dans une bien meilleure position que les États-Unis, le Japon ou l’Union Soviétique. Vingt ans plus tard, l’Europe apparaît au contraire comme le « continent malade ». Il semble focaliser la crise des dettes souveraines, nouvel avatar de la crise mondiale, ouverte en 2007 avec la crise des subprimes, aux Etats-Unis. Lesquels, quoique bien plus endettés, peuvent se permettre de vilipender les risques que la mal-gouvernance européenne font courir à l’économie mondiale ! Comment comprendre un tel retournement ?

Il faut d’abord saisir la succession de modèles de développement entrés en crise depuis la Seconde guerre mondiale, ce qui permettra de comprendre les relatifs succès européens et la nature des difficultés présentes. Ces difficultés tiennent moins aux « fondamentaux » économiques et sociaux de l’Europe (relativement sains et porteurs d'avenir) qu’à l’incapacité du continent à se doter d’un espace de décision politique permettant de mener d’une main vigoureuse sa barque dans la tempête en cours, où s’affrontent de grands blocs constitués en États, qui peuvent être par ailleurs fédéraux : les Etats-Unis, la Chine,  l’Inde, la Russie…

 

I – Les avantages initiaux de l’Union européenne

L’Union Européenne est née du plan Marshall, c’est à dire de la volonté des Etats-Unis de projeter sur le reste du « Monde libre » leur propre modèle de développement, qu’illustrent les noms de Roosevelt, de Ford et de Keynes. Face à la crise des années 1930, crise du modèle libéral classique, le New Deal rooseveltien, par  une série de réformes de la fiscalité, de la régulation bancaire, et surtout des relations professionnelles (avec le renforcement du pouvoir de négociation des syndicats, permis par le Wagner Act), avait offert à la production de masse des usines fordiennes un débouché massivement croissant : la consommation populaire. L'Europe de l’après-guerre ajoutera à ce modèle un puissant État-providence. 

Les généraux américains en charge de la reconstruction des États vaincus, Mc Arthur au Japon, Marshall en Europe, épaulés par des économistes et des politiciens clairvoyants à Washington, avaient compris l’intérêt pour les États-Unis de reconstruire à leurs côtés des partenaires forts, qui seraient d’abord leurs principaux clients. Marshall poussa l'Europe de l'Ouest à se constituer en vaste marché pour les biens d'équipement américains, et, de fait, la Communauté européenne du charbon et de l’acier, germe de l’Europe actuelle, régulait à la fois la distribution de l’aide du plan Marshall et la reconstruction de la puissance économique européenne. Comme le Japon, la « petite Europe » (6 membres) de la Communauté économique européenne (CEE) grandit ainsi très vite, en suivant le modèle de l’American Way of Life.

Plus importante encore était la volonté des peuples européens d’en finir avec deux millénaires de guerres perpétuelles, jusqu’au paroxysme de 1939-1945. L’aspiration à une véritable Europe politique, expression d’une civilisation commune, était réelle, mais pour l’heure l’Europe restait fragmentée en États nationaux regroupés en deux blocs hostiles sous l’hégémonie des États-Unis et de l’Union soviétique, et une partie significative de l’intelligentsia progressiste française manifestait dès 1954 son hostilité à une « Communauté européenne de défense ».

Le modèle de développement « fordiste », fondé sur un couplage, régulé par l’État national, de la croissance de la productivité et du pouvoir d’achat, risquait de se heurter à cette fragmentation de l’espace politique européen. La menace ne fut guère sensible les premières années. Mais l’adhésion à la CEE, en 1973, de trois pays de l’Association économique de libre-échange (pilotée par la Grande-Bretagne) aggravait le problème, par l’entrée de pays moins enclins à partager un projet de développement commun.

Le choc pétrolier de 1974 aiguisa la nécessité d’exporter, entre les pays européens eux-mêmes.  Ces pays, qui jusque là rectifiaient sans trop de difficultés leurs petits déséquilibres commerciaux, se lancèrent dans une concurrence ravageuse : « l'austérité compétitive ». En fait, au début des années 1980, le modèle « fordiste » de l’après-guerre était répudié dans le monde entier, et la concurrence de tous contre tous se déchainait.  La tendance la plus générale, promue par les États-Unis et la Grande-Bretagne, révoquait l’aspect social du compromis fordien : remise en cause de l’État providence et des conventions collectives. On espérait de la baisse du coût salarial une croissance de la compétitivité externe et « donc » de la production, alors que, par effet de composition, une stagnation générale étoufferait bien vite les gains que chaque pays pouvait espérer d’une croissance des exportations.

Mais une autre orientation était possible, fondant la compétitivité sur la qualification des travailleurs et leur implication dans la qualité des produits et processus de production. Souvent  assimilée à la stratégie japonaise (le « Toyotisme »), elle caractérisait assez bien la zone scandinave, l’Allemagne rhénane, l’Arc alpin et ses franges allemandes et italiennes. Au contraire,  la Grande-Bretagne et la France s’orientaient vers le modèle de « flexibilisation » du salariat. L’entrée des trois pays du Sud (Grèce en 1981, Espagne et Portugal en 1986) renforça le camp des pays européens en compétition par les bas salaires.

Et pourtant la Communauté sembla trouver un certain équilibre. Dans le nouveau modèle dominant à l’échelle mondiale, libéral dans ses relations professionnelles mais tout aussi productiviste que le fordisme dans sa gloutonnerie à exploiter les ressources naturelles, la configuration européenne faisait bonne figure par rapport à l’Amérique et à l’Asie, totalement dépourvus de forme de régulation sociale et fiscale collective. Les États-Unis voyaient fuir leurs industries vers les pays à bas salaires. Les pays d’Asie de l’Est profitaient de leurs bas salaires pour accélérer une stratégie centrée sur l’exportation, en imitant toutefois le modèle japonais d'escalade des filières technologique (upgrading), grâce à un haut niveau d’investissement dans l'éducation.

L’Union européenne au contraire présentait une hiérarchisation ordonnée de ses espaces productifs, autour d’un cœur très qualifié et spécialité dans la production des biens d’équipement (l’Europe du Nord), avec un périphérie, tout aussi compétitive , mais dans les produits banaux et par les bas salaires. Les plus menacés étaient les pays intermédiaires (la Grande Bretagne et la France), aux salaires trop élevés par rapport au Sud et pas assez qualifiés par rapport à l’Allemagne ou la Scandinavie. Mais l’ensemble de la Communauté présentait un espace de complémentarité relativement stable

 

II- La déstabilisation

Cette stabilité reposait d'une part sur une réelle autosuffisance de l'Europe et une haute compétitivité de son noyau central par rapport aux pays tiers (Amérique et Asie), d’autre part sur le dynamisme de la demande que ce noyau adressait à sa périphérie. À la fin des années 1980, l'Europe exportait vers le reste du monde, notamment vers les Etats-Unis, en survalorisant son propre travail (quand on compare les exportations en dollars courants et leur valeur en parité de pouvoir d'achat). Mais les choses commencent à changer sous la pression de la concurrence asiatique. Pour résister, l'Europe n'avait qu'une solution : assumer clairement et collectivement la course aux upgrading dans laquelle l'entraînait l'Asie, la montée permanente dans l'échelle des qualifications. C'est cette volonté stratégique unitaire européenne qui fit défaut, ainsi que l’acceptation, par les pays centraux, de servir de débouché aux pays périphériques européens.

La montée des périls

Déjà, l'industrialisation des « dragons asiatiques » ne relevait plus de la simple délocalisation d'industries peu qualifiées vers quelques « États ateliers ». Et dans les années 1990, deux immenses pays asiatiques basculaient vers le modèle libéral, la Chine et l'Inde. Ces pays (mais aussi les Philippines, l'Indonésie, la Malaisie, le Vietnam...), adoptaient la même stratégie exportatrice que leurs prédécesseurs coréen ou taïwanais, mais (cette différence sera plus tard décisive) en disposant d'immenses marchés intérieurs et de ressources de main d'œuvre pratiquement illimitées. Les premiers dragons asiatiques s'en tiraient par une accélération de leur upgrading et atteignirent bientôt le niveau de qualification de la Grande-Bretagne sur certaines branches des nouvelles technologies. L'Asie nouait le même type de complémentarité vertueuse que l'Europe, avec le Japon comme modèle et marché central et comme fournisseur de biens d'équipement, mais avec une capacité exportatrice illimitée sur une échelle croissante de qualifications.

L'Europe ignora d’abord ce nouveau défi. Oublieuse de l'Histoire qui depuis l'antiquité replace périodiquement la Chine au centre du monde, elle réduisait la rivalité asiatique au problème de la concurrence sur les industries banalisées et au vieil Accord Multi-Fibres limitant cette concurrence. En réalité, il aurait fallu lancer dès les années 1980 un programme de remontée vers le haut de l'ensemble de la hiérarchie européenne, incitant sa « périphérie » à suivre la trajectoire coréenne d'investissements massifs dans la recherche et l'éducation. De fait, des programmes de modernisation furent prévus lors de l’adhésion des pays méditerranéens et de l’Irlande. Mais cette croissance périphérique financée par des transferts mal contrôlés ne fut pas sans effets pervers. La périphérie s’installa dans l’attente des subventions européennes, qui dispensaient l’Irlande de taxer les entreprises venant s'y localiser. Ce dumping fiscal lui permit, en deux décennies, d'atteindre un des plus hauts niveaux de produit brut par personne, mais de façon largement artificielle.

La catastrophe libérale

À la fin des années 1980, la conscience de la nouvelle puissance européenne fondée sur son unité vint se marier en une étrange chimère avec le mythe alors dominant du caractère autorégulateur des marchés. Cette chimère prit en 1987 la forme d'un traité, l'Acte unique, qui unifiait complètement le « marché unique » en effaçant toutes formes de « protectionnisme mesquin » (c'est à dire réglementaire) entre pays de la Communauté. Mais cela, sans aucune progression de la régulation politique, telle que l'harmonisation des règles fiscales ou sociales. Dans l'atmosphère libérale, ce programme insensé s'imposa avec la caution de la majorité des économistes, qui avançaient des estimations mirobolantes sur le gain de croissance qui résulterait de cette libéralisation sans harmonisation. L'Acte unique fut adopté dans l'indifférence générale des populations et dans l'enthousiasme des dirigeants. Les marchandises et surtout les capitaux pouvaient désormais circuler librement à travers toute l'Europe.

Certes, cette étape impliquait une intense production de normes unificatrices au sein de la Communauté. Le maître d'œuvre de l'Acte unique, Jacques Delors, président de la Commission européenne, espérait que cette dynamique entrainerait un sursaut d'unification politique. Mais l'idéologie libérale poussa l'Europe à s'unifier à travers des règles et non par la délibération politique. Expression de cette dérive : le traité de Maastricht (1992). La course à l'unification s'accéléra... avec un pas supplémentaire dans la dépolitisation de la gouvernance. Une monnaie unique était projetée, mais pour sa future stabilité était seulement posé un ensemble de règles, les « critères de Maastricht », portant sur le niveau d'endettement toléré des États (3% de déficit pour les administrations publiques).

Que des règles limitent l'autonomie des parties d'un tout est parfaitement légitime : tous les pays imposent de telles règles à leurs collectivités locales. Mais rien n'était fait pour promouvoir des formes de décisions européennes régulatrices en matière fiscale ou sociale. À la seule protection de l’environnement était accordée, du fait de sa nouveauté, des procédures de décisions à la majorité du Parlement Européen et des États. En outre, le budget du "tout" resta si faible qu'il pouvait à peine compenser les déséquilibres structurels entre régions.

Comment des gouvernements socio-démocrates (en France, celui de François Mitterrand) ont-ils pu accepter un tel marché ? La raison fondamentale est sans doute l'effondrement du mur de Berlin et la désagrégation de l'empire soviétique. Aux yeux de la France et de la Grande-Bretagne, le risque était de voir l'Allemagne réunifiée se construire un empire dans la Mitteleuropa. Accepter l'Euro et une Europe régie par les règles visait à ancrer l'Allemagne dans l'Europe de l'Ouest.

Marché de dupes. Certes l'Allemagne professe une gouvernance européenne par les règles. Mais en réalité, le dialogue au sein de la "communauté socio-économique" de ses länder lui permet de pratiquer un interventionnisme local améliorant la compétitivité de chacune de ses régions. De même, la régulation sociale allemande est davantage fondée sur les contrats de droit privé que sur la législation.

Jacques Delors comprit les dangereuses limites du traité de Maastricht, mais promit que les contradictions qu'il développerait impliqueraient rapidement un surcroît d'unification politique. Malheureusement, la tentative suivante de construire une Europe politique, le traité d'Amsterdam (1997), confirma sur l'essentiel, le domaine économique, la gouvernance par des règles. Les critères de Maastricht furent incorporés au traité sous le nom de « pacte de stabilité ».

Avec deux conséquences importantes. D'abord, l'application de ces "critères" entre la ratification de Maastricht (1992) et le passage à l'Euro (1997) contraignit pendant 5 ans les pays européens à une stagnation coordonnée. Les taux d'intérêt réels des banques centrales restèrent fortement positifs alors que la banque fédérale américaine d'Alan Greenspan appliquait la politique inverse. Il en résulta un différentiel d'investissements considérable entre les États-Unis et l'Europe, investissements qui, aux Etats-Unis, prirent la forme d'une bulle des "nouvelles technologies" largement spéculative, mais non sans effet réel. À la fin de la décennie 90, et pour la première fois de l'après-guerre, la productivité croissait plus vite aux États-Unis qu'en Europe.

Puis, après la ratification d'Amsterdam (1997), la gouvernance par les règles prolongea les contraintes de Maastricht, certes adoucies par le succès du passage à l'Euro. Une nouvelle ère de prospérité sembla alors se dessiner pour l'Europe. D'autant que des coalitions impliquant socio-démocrates, verts et même communistes deviennent majoritaires dans ce qui était désormais l'Union Européenne. Au Sommet de Lisbonne (mars 2000) fut adoptée  une stratégie explicite de compétitivité par la formation professionnelle et la recherche scientifique et technique : "Faire de l'Europe le continent le plus compétitif du monde par la connaissance". Ambition qui aurait du être posée dix ans plus tôt…

Ce sera un échec. Une telle stratégie suppose un gouvernement fédéral apte à l'appliquer : limite à la concurrence interne par le dumping social et fiscal, investissements massifs et coordonnés dans le « capital humain », transferts de crédits vers les pays périphériques. Rien de tout cela n'était prévu. Au contraire, concession aux libéraux, la « stratégie de Lisbonne » reprenait l’antienne des vertus autorégulatrice des marchés, accompagnée d’une vague « méthode de la coordination ouverte ».

Surtout, l'Union Européenne, renonçant à approfondir son unification politique, se lançait dans une fuite en avant vers l’élargissement : tous les pays de l'ancien bloc soviétique furent appelés à adhérer. La volonté géopolitique de contrôler cette zone intermédiaire avec la Russie (que guigne également les États-Unis) se combinait à une évolution profonde du capitalisme allemand qui, comme les États-Unis quinze ans plus tôt, renonçait à sa régulation d'une économie sociale de marché, et cédait à son tour aux sirènes du libéralisme. Les plus beaux fleurons de l'industrie allemande délocalisaient vers ces nouveaux pays, parfois dotés d'un haut niveau de qualification professionnelle mais avec des salaires considérablement plus bas.

Ultime clou sur le cercueil d'une « Europe de la connaissance » : le traité de Nice (2002) prit en compte l'entrée dans l'Union des pays de l'Europe centrale et orientale, tout en organisant une régression du peu d'Europe politique préalablement existante. Les règles de décision en Conseil européen instituèrent un droit de véto généralisé pour chaque pays. Le rêve d'une Europe communautaire s'éloigna au profit d'un vaste libre marché dans lequel la décision politique exigeait une improbable unanimité.

Les raisons de ce recul sont diverses : hégémonie des idéologies libérales, et nationalisme bien naturel des jeunes pays indépendants d'Europe de l'Est, peu soucieux de passer d'une tutelle soviétique à une tutelle bruxelloise. Cette étrange convergence du libéralisme et du nationalisme doit être bien comprise. Dans un espace unifié, où la circulation des marchandises et des capitaux est « libre et non faussée » (par des frontières intérieures), la fragmentation en entités politiques nationales incapables de prendre une décision collective revient à graver dans le marbre le recul du politique au profit des marchés.

Ce couple « libéralisme / souverainisme national », illustré par le couple inattendu « Espagne de Aznar/ Pologne de Kwasniewski » et plus tard par Henri Guaino, conseiller n°1 de Nicolas Sarkozy, s'approfondira jusqu'à la crise mondiale du modèle libéral-productiviste. Certes, les secteurs les plus avertis parmi les élites européennes comprirent le piège dans lequel elles s’enfermaient. En particulier le gouvernement de coalition entre sociaux-démocrates et Grünen allemands mesura que ce jeu menaçait à terme la puissance et même le modèle civilisationnel allemand. Sous l'impulsion du vice-chancelier vert Joschka Fischer, une tentative de forcer l’unification politique fut lancée : la Convention pour rédiger une véritable constitution européenne.

Le virage allemand.

Le Traité constitutionnel européen élaboré par la Convention se heurta immédiatement à la coalition souverainiste-libérale. Espagnols et Polonais en prirent la tête sous le mot d’ordre : « Nice ou la mort ». Les administrations des grands pays (en particulier le ministère des Finances français) s'opposèrent farouchement aux avancées fédéralistes adoptées par la Convention (qui regroupait les parlementaires et les ONG). Les appareils du capital financier (Financial Time, Wall Street Journal) se mobilisèrent pour le Non. Après la chute du gouvernement Aznar, un projet édulcoré fut présenté aux électeurs en 2004. Il fut adopté par les référendums espagnols et luxembourgeois, mais rejeté par la France et les Pays-Bas. Dés 2005, le projet était mort-né.

Les raisons de ce rejet sont connues. Dans le cas de la France : une convergence du souverainisme de droite et du souverainisme « anti-libéral » ; dans le cas des Pays-Bas : une exaspération contre une sphère politique consensuelle et coupée de la population, un malaise croissant face à la montée de l'immigration la plus forte d'Europe. Pourtant l'opposition à l’invasion de l’Irak voulue par G.W. Bush (2003) avait créé une sorte d'opinion publique européenne défendant un « modèle » singulier face à l'hégémonisme de la droite américaine, et favorable à une fusion franco-allemande ! Cela n’a pas suffi : la critique du caractère libéral de l'Europe de Maastricht et de Nice permit aux souverainistes d'imposer... le maintien de l'Europe de Maastricht-Nice.

Ultime « rattrapage » pour  l'Europe politique (négocié de façon purement diplomatique et ratifié par les parlements) : le traité de Lisbonne (2007) qui permit formellement d'adopter la plupart des avancées fédéralistes du TCE. Significativement, le traité fut rejeté par une majorité nationaliste-libérale du peuple irlandais (avec pour motivations principales le souhait de maintenir le dumping fiscal, et la crainte de voir l'Europe imposer le droit à l’avortement). Mais ce vote s'inversera après l'ouverture de la crise, les Irlandais espérant de l'Europe une solidarité, que leur propre dumping fiscal démentait.

Il était trop tard : le pli était pris d’une Europe purement intergouvernementale et donc à la remorque du pays dominant, l'Allemagne. Or celle-ci, à la fin du gouvernement Schröder puis sous Angela Merkel (2005), était désormais résignée à l'absence d'Europe politique, et bascula dans une stratégie individualiste à la chinoise : la minimisation des prix à l’exportation. Le gouvernement Schröder engagea un démantèlement des droits sociaux, aggravé sous Angela Merkel. Il en résulta un retour à la compétitivité allemande qu'avait menacé le coût finalement important de la réunification. Cette compétitivité retrouvée se paya pour l'Europe d'un double phénomène déflationniste. D'une part, le plus important marché central se contractait. D'autre part, ce même pays redevenait compétitif par rapport à tous les pays de l’Union et les contraignait eux aussi à des politiques d'austérité. Contrairement aux Etats-Unis de 1945-1980, l’Allemagne refusait de jouer les « locomotives » de sa zone d’influence, en acceptant un déficit vis-à-vis de ses voisins.

Pire, l’Allemagne (fortement appuyée par la France de Sarkozy) prit la tête d’une croisade « Tout pour la compétitivité des entreprises » qui amènera l’Europe, à la conférence de Copenhague (2009), à renoncer au leadership qui était le sien dans les négociations climatiques depuis une vingtaine d’année. En revanche, après l’accident de Fukushima et la victoire des Grünen dans le Bade-Wurtemberg (2011), l’Allemagne sortira «agressivement » du nucléaire, consciente que cette industrie n’a plus guère d’avenir alors que l’industrie allemande est leader dans les énergies alternatives.

De ce retournement de l'Allemagne, citons une illustration : la réforme du pacte de stabilité. En 2003, le modèle libéral-productiviste connut ses derniers feux au niveau mondial, précipitant une crise écologique du côté de l'alimentation et surtout de l'énergie. Ce nouveau choc entraina en Europe un ralentissement que les gouvernements français et allemand acceptèrent de compenser par les classiques recettes keynésiennes du déficit budgétaire. Le pacte de stabilité était violé. Désormais proclamé « stupide » par le président de la Commission Européenne lui-même, Romano Prodi, il fut au printemps 2005 réformé et assoupli : il n’y aurait plus de sanction à prendre contre les pays qui s’endetteraient excessivement... pour financer les investissements d’avenir. Malheureusement, le laxisme budgétaire devint une recette générale et permanente en Europe du Sud, tandis que les pays du Nord restaient beaucoup plus vigilants. Quand, 5 ans plus tard, la crise des dettes publiques éclatera, l’Allemagne critiquera le « laxisme » de la réforme de 2005...

 

III- La crise systémique

La crise mondiale qui s'ouvre vers 2007 est l’une des plus grandes crises de l'histoire du capitalisme. Elle est trop complexe à analyser ici.  Se combinent une crise  de type 1930 (les écarts entre salaires et profits au niveau mondial empêchent les travailleurs d'acheter ce qu'ils produisent et les capitalistes de réinvestir utilement leurs profits) et une double crise écologique (crise énergie/climat, crise alimentation/santé). Cette double crise déclencha la crise des subprimes (la hausse du prix des dépenses quotidiennes interdit aux salariés appauvris des États-Unis de rembourser leurs logements hypothéqués). Par ailleurs, elle bloque toute sortie « fordiste » de la crise au niveau mondial : la redistribution des profits vers les salaires est certes nécessaire, mais elle ne peut prendre la forme d'une relance de la consommation de masse de biens matériels et polluants.

Cette crise de fond (comme toutes les crises...) fut d'abord masquée par ses conséquences boursières puis financières : les investissements risqués furent brutalement dévalorisés, et les dettes contractées par les États ne pouvaient plus être remboursées. À l'automne 2008, l'ensemble du monde réagit de façon « keynésienne » : renflouement des banques, et déficits budgétaires massifs. L'Europe, pilotée par le social-démocrate britannique Gordon Brown, suivi par le couple libéral Sarkozy-Merkel, impulsa cette gestion keynésienne de la première phase de la crise. Celle-ci semblait enrayée fin 2009... sauf que certains États européens se retrouvaient gravement endettés. Et les banques désormais ragaillardies s'empressèrent de mordre les mains qui les avaient sauvées, en exigeant remboursement avec intérêt.

Surtout, les créditeurs internationaux (fonds de pension, fonds souverains des pays excédentaires tels la Chine, le Qatar ou l'Arabie Saoudite) commencèrent à prendre en compte la clause des traités européens stipulant que les États ne sont pas responsables financièrement les uns des autres. Ils courent donc un risque différencié de faire défaut, les uns parce qu'ils sont plus endettés que d'autres (l'Europe périphérique), d'autres parce que ils sont grevés de lourds engagements hors-bilan (telle la France, dont l'accident de Fukushima révélait l'exposition au risque d'un accident équivalent, dont le coût serait pour elle de l'ordre d'une demi-année de PIB). Lorsque, en décembre 2009, le Premier ministre grec Geórgios Papandréou, à peine élu, constata que ses prédécesseurs avaient laissé une dette publique largement sous-évaluée, les prêteurs commencèrent à appliquer un différentiel de taux meurtrier par rapport au meilleur emprunteur (l'Allemagne) : le spread.

La première moitié de l'année 2010 vit alors éclater la crise systémique de l'Europe, qui condensait toutes les tensions précédentes. D'une part, l'endettement excessif des pays périphériques n'avait plus aucune chance de se résorber, du fait des politiques de déflation compétitives menées en Allemagne. D'autre part, le risque de défaut d'un pays, si petit soit-il (la Grèce représente 2% du PIB européen), attisait la spéculation contre des pays de plus en plus gros jusqu'à l'Espagne, l'Italie, la France et la Grande-Bretagne, ne serait-ce que parce que ces pays étaient eux-mêmes des créditeurs de pays plus petits risquant de faire défaut. Enfin, les conséquences institutionnelles d’un défaut n’étaient pas du tout claires et donc potentiellement dangereuses. Les assurances sur le défaut de paiement de dettes souveraines (les Credit Default Swaps - CDS) sont des institutions non-régulées dont on ne sait exactement  à quelles conditions elles sont déclenchées et avec quels effets. Et le défaut d'un pays dont la monnaie est l'Euro affaiblit nécessairement le crédit de l'Euro lui-même.

Fallait-il dans ses conditions renforcer la solidarité entre pays membres de l'Euro ? Devait-elle être purement financière (des moins endettés vers les plus endettés, au risque de généraliser le doute sur la capacité de remboursement des pays « moyens ») ? Ou impliquer un début de coordination des politiques macro-économiques, ouvrant des débouchés aux plus endettés ? Ou au contraire, allait-on vers l’expulsion des pays faisant peser sur les autres un « risque (ou alea) moral » excessif ?

La réponse fut typique des ambiguïtés de la construction européenne depuis Maastricht. Oui, les autres pays paieraient pour les pays en difficulté. Mais non, il n'y aurait pas de politique macroéconomique commune assurant une balance équilibrée entre les pays les plus compétitifs et les autres : au contraire, on affirmait pousser plus loin encore la gouvernance par les règles, et condamner les endettés à des politiques d’austérités socialement dramatiques et macro-économiquement catastrophiques pour l’Union toute entière. Et non, la Banque centrale ne prêterait pas aux pays en difficulté, car ce « financement par la planche à billets » compromettrait la valeur de l’Euro, ce dont l’opinion publique allemande, encore traumatisée par les souvenirs d’hyperinflation, ne veut à aucun prix. C’est d’ailleurs ce qui se passa, car la BCE « monétisait » indirectement les dettes insolvables : l’euro perdit 20 % par rapport au dollar. Mais n’était-ce pas surtout la conséquence de la défiance qu’inspirait désormais la construction européenne ?  

Ainsi, après 18 mois de négociations et de bricolages, un Mécanisme européen de stabilité (MES) fut adopté le 19 décembre 2011. Financé  par tous les pays européens (sauf la Grande-Bretagne et la Tchécoslovaquie qui se trouvèrent de jure expulsés du cœur de la négociation européenne), il aurait la capacité d'intervenir puissamment au secours d'un pays gravement endetté (après avoir, comme en Grèce, imposé l’annulation d’une grande partie de la dette publique aux banques privées… qu’il faudrait donc recapitaliser), et d'émettre des emprunts communs garantis par les Trésors publics, rien de s'opposant à ce qu’il se refinance auprès de la Banque centrale. Mais le même jour fut adopté un second Traité de surveillance, de coordination et de gouvernance (TSCG) fixant des règles beaucoup plus drastiques que celles de Maastricht sur les déficits publics.

Naturellement, aucun pays capable de respecter les règles du TSCG n’aura jamais besoin du MES ! Il s'agissait donc d'une pure rhétorique dogmatique, dirigée contre l’alea moral (le risque d’imprudence d’un agent couvert par une assurance tout-risque), mais dont les accents potentiellement récessifs entrainait un surcroit de défiance de la part des créditeurs internationaux. Toutefois, la ratification du MES au cours du premier trimestre 2012 permit de calmer la spéculation. L'Europe s’engageait en 2012, comme 1992, dans une période d'austérité coordonnée, qui la place dans la situation la plus défavorable du monde industriel pour aborder la conversion écologique… sans pour autant rassurer ses créditeurs.

 

IV. Une issue reste possible

L'Europe garde de très nombreux atouts. Troisième puissance mondiale en population, première en Produit intérieur, elle présente une large gamme de qualifications, dans le haut de la hiérarchie mondiale. Malgré sa fragmentation politique, elle hérite de l’expérience d’un demi-siècle de négociations et de coordination. Cette capacité de coordonner des États jadis hostiles fut même longtemps sa « carte de visite », son modèle de réponse aux défis de la mondialisation. Enfin, malgré son endettement, elle dispose d'une palette de produits exportables suffisamment large (hautes technologies, finances, tourisme...) pour gager solidement la monnaie qu'émet sa Banque Centrale.

Il lui reste donc à assumer clairement, au plan politique, le processus d'unification économique initié il y a une soixantaine d'années. S'unifier politiquement, ce n'est pas se doter de simples règles de coordination (certes indispensables), mais d'une capacité de réponse politique collective à des défis conjoncturels et structurels. Or le grand défi est la sortie de la triple crise mondiale (économico-sociale, alimentaire-sanitaire et énergie-climat). L'Europe en a la capacité, si elle sait transformer les intuitions de la stratégie de Lisbonne en planification de la transition écologique. Les réponses à la double crise écologique sont en effet le support principal de la réponse à la crise macro-économique : formation, investissements « verts »…

Cela implique un élargissement de la solidarité conjoncturelle de l’Europe envers ses composantes nationales (le MES), de sa solidarité structurelle envers ses régions les moins développées (Fonds Européen de Développement Régional), et de développer son organisme de crédit, la Banque Européenne d'Investissement, pour le financement de la transition verte. Ces trois sources de financement pourraient se voir reconnaître clairement le droit à un refinancement à très bas taux auprès de la Banque Centrale Européenne. Enfin, l’Europe doit se doter d’un pouvoir de décision macro-économique réfrénant les politiques d’austérité compétitive.

Mais tout cela suppose d'abord et avant tout l’acceptation par les opinions publiques nationales d’un pas en avant majeur vers le fédéralisme européen. Pour paraphraser Massimo d’Azeglio, « Nous avons fait l'Europe, il nous reste à faire les Européens. »

 

Alain Lipietz »

 

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 17:55

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 Nous vous recommandons la lecture de ce texte (daté du 4 novembre 2011) d’Alain Lipietz, économiste Vert, député européen d 1999 à 2009.

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Texte compliqué (mais bon, la situation n’est pas simple), dont la lecture est utile à qui veut comprendre quelque peu la situation grecque.
Pierre Mathon


grece

Reflexions sur le « référendum Papandreou » et la crise de la dette 

 

La proposition Papandréou, promptement retirée tant elle était contreproductive, a soulevé dans les courants progressistes français un étrange enthousiasme. Occasion de démonter quelques idées fausses sur la crise présente.

Pendant quelques jours, le monde a vécu suspendu à l‘annonce gaguesque par Georges Papandréou d’un referendum, suite à l’accord européen sur la Grèce intervenu quelque jour plus tôt. Je dis bien « suite à » et non pas « sur » l’accord. Deux jours plus tard, Papandréou avouait qu’il ne savait pas encore la question posée (sur l’Euro ?), mais qu’il se battrait pour que la réponse soit Oui.

Et aussitôt les bourses de plonger, la panique de se répandre, et comme par un réflexe pavlovien, les commentateurs « radicaux » français (de Marine Le Pen à JL Mélenchon) d’incriminer ces marchés qui craignent la sanction du peuple, et de féliciter Papandréou pour sa décision héroïque (pourtant vilipendée quasi unanimement en Grèce), jusqu’à ce qu’il se dégonfle vendredi.

Il vaut la peine de revenir sur cette pantalonnade, car les réactions approbatrices donnent l’occasion de décortiquer quelques mythes où se fourvoient les forces progressistes face à la crise.

1°. Qu’y avait-il de scandaleux dans la proposition Papandréou ?

Réponse : La date.

Après des mois de d’inquiétude tournant fin octobre à la panique, un sommet européen annule la moitié de la dette grecque (ce qu’avait obtenu l’Argentine en 2001-2005, en se mettant unilatéralement en cessation de paiement), répartit les frais entre les banques et les autres États européens, et élargit le fond de stabilisation permettant d’aider les États endettés, en échange de mécanismes de surveillance mutuelle.

On aurait compris que le gouvernement grec négocie pied à pied ces conditions de surveillance imposées par la « troïka » (Commission, BCE, FMI) et ouvre le débat devant le peuple grec sur la contribution propre du pays et sa répartition entre les groupes sociaux. Mais non. Le message de Papandréou, c’est : « on verra dans deux mois. »

Janvier ! On aura tous coulé d’ici là. Car la question des rythmes, face à une crise financière (qui n’est pas le fond de la crise actuelle, bien loin de là, mais obstrue le devant de la scène), est essentielle. En septembre 2008, un bulletin de la BNP titrait « Quand donc finira la semaine ? » (hommage à Apollinaire).

Supposons que ce gag soit mis en œuvre, comme la proposition Cantona de retirer l’argent des banques.

Il est évident que d’ici le referendum personne ne peut plus rien prêter à la Grèce, puisque le Non pourrait signifier « répudiation de la dette à 100 % ». Même les Verts européens les plus fédéralistes et solidaires ne peuvent dire à leurs électeurs : « voilà, on va prêter aux Grecs et ils nous disent dans deux mois s’ils veulent rembourser. »

Or la Grèce a besoin de 8 milliards pour finir ces deux mois (payer ses fonctionnaires et rembourser les dettes en cours, même réduites de moitié). Donc elle va se déclarer en cessation de paiement en attendant.

Pour les Grecs, ça veut dire : situation semblable à la crise économique argentine, à l’époque du « Corralito », en 2000-2001, quand la monnaie a disparu et, pendant quelque mois, le peuple a survécu grâce à l’économe sociale et solidaire. Je connais, j’y étais, c’est exaltant, mais c’est très dur, et ça n’a mené qu’à la victoire des Kirchner (ce qui n’est pas si mal, mais y a-t- il au moins un Kirchner grec ?)

Pour les banques et les États européens, ça veut dire qu’ils doivent anticiper la répudiation à 100 % (et non à 50 %) de la dette grecque. Et donc que les États vont devoir faire jouer leur garantie pour les déposants (nous), comme en 2008. Et en tout cas une faillite partielle des banques avec des milliers de suppression d’emplois à la clé (déjà en cours à la BNP).

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2°. N’est-ce donc pas une bonne chose, que de faire couler les banques pour les punir ?

D’abord oui, il faut éviter que la faillite de certains Etats ne provoque la faillite des banques, car nous y avons déposé notre argent du mois, et, pour ceux qui en ont, nos économies.

Je m’en réjouirais si c’était une occasion de nationaliser les banques. Car il n’est plus question de faire comme en 2008, où les Etats ont sauvé les banques qui aussitôt ont mordu la main qui les avait sauvées.

Mais ce ne serait qu’un retour à la situation 1945-1993 : n’en faisons pas un fromage, quand même… Il faudrait à tout le moins inventer une manière alternative de gérer les banques publiques. Des coopératives ? Comme le Crédit Agricole ? Mouais… La coopérative, c’est pas de la tarte, comme disait l’autre.

D’autre part, les Etats européens n’en ont plus les moyens (même en les rachetant pour un franc symbolique : nationaliser une banque en faillite, c’est nationaliser de la dette supplémentaire). Donc ils devront emprunter à la Chine ou au Quatar, et à un taux élevé, puisqu’on n’est plus sûr qu’ils rembourseront.

Cette hausse du taux d’intérêt dont sont victimes tous les Etats européens, même l’Allemagne, n’est autre qu’une prime de risque des prêteurs.

3°. Même si l’on interdit les agences de notation, et leur triple A ?

Ces agences ne sont que l’extériorisation d’une fonction que les banques traitaient autrefois en interne : évaluer la solvabilité de leurs débiteurs. Si l’on supprime les agences, elles évalueront elles mêmes la probabilité que la dette de la Grèce soit annulées à 50 ou 70 %, celle de l’Italie à 20 %, celle de la France à 10 % etc. Ce n’est pas si difficile…

Il est tout aussi vain de prétendre "interdire aux banques de prêter aux États à plus de 4 % " (par exemple) : ou bien une banque pense que c’est jouable, ou bien elle se méfie, et ne prêtera pas à ce taux-là, point. Et on ne peut forcer une banque à prêter (contrairement aux contribuables).

4° Emprunter à la Chine, c’est grave, docteur ?

Perso, ça ne me gène pas que l’Europe redevienne une périphérie de l’Empire du Milieu, comme au Moyen âge et jusqu’en 1492, et en fait jusqu’à Adam Smith.

Ça ne nous a pas empêché de faire la Renaissance, ni la Révolution… Mais le XVe siècle n’a pas été rigolo pour tout le monde. Et se mettre aujourd’hui dans la dépendance de la Chine, c’est faire reculer la possibilité de peser sur un régime dont le rôle est aujourd’hui négatif à bien des égards, du Tibet à la crise climatique et au niveau mondial des salaires.

5°. Mais ne suffit il pas de demander à la BCE d’émettre des euros pour rembourser les dettes publiques ?

« Comme avant 73 » disent les sachants…

Avant 73 régnait le « Gold exchange standard » : les banques centrales faisaient ce que les gouvernements impécunieux leur disaient, mais la monnaie se dévaluait par rapport à une monnaie mondiale, l’or représenté par le dollar, échangeable contre l’or. Avec la fin de la convertibilité-or, les monnaies mondiales sont devenues de la pure monnaie papier, fondée sur une évaluation du crédit que les grands acteurs économiques pouvaient se reconnaître les uns les autres.

D’où l’apparition de « règles de prudence », tel le principe de la « double signature » (un État emprunte aux banques et les banques escomptent les titres de la dette publique auprès de la Banque centrale). Ces règles sont peut être mauvaises, mais il faudra toujours des règles prudentielles, car une Banque centrale n’émet que du papier, des paris sur le fait que les crédits qu’elle accorde à un État ou une banque ou une entreprise seront bel et bien remboursés.

Le problème, c’est que les Banques centrales ne créent pas de la valeur, mais du papier –crédit (à cours forcé, quand même). Si elles comblent le déficit d’un Etat par la planche à billet, ce déficit (le fait que l’Etat dépense plus qu’il ne prélève d’impôt) ne disparait pas pour autant.

Ce crédit a toutefois un effet positif : le moteur économique continue à tourner. C’est ce qu’on appelle le « multiplicateur monétaire », et grâce à cette injection de crédit et au surcroit d’activité qu’il permet (si tout va bien par ailleurs…), il y a de nouveaux impôts qui rentrent, ce qu’on appelle le « seigneuriage » (le fait de récolter de la richesse en émettant de la monnaie papier).

Mais ce n’est qu’une part : le reste passe en inflation, la monnaie papier représente moins de valeur. Quand on exagère, comme l’a fait l’Amérique Latine dans les années 70-80 (les Etats fonctionnaient sans lever beaucoup d’impôt, grâce au seigneuriage), on finit par l’hyperinflation.

Par ailleurs la monnaie papier que les Banques centrales émettent ne peut pas servir à payer le déficit réel du commerce extérieur. Cette fois c’est la valeur externe de la monnaie qui baisse. Ce qui se passe depuis 30 ans pour le dollar, et cela se traduit par la stagnation du niveau de vie des travailleurs américains, alors même qu’ils se fournissent largement sur un marché mondial où « tout baisse », du fait de l’élargissement du salariat à des pays à très bas salaire.

6° Concrètement : Pourquoi la Bce n’achèterait elle pas au moins toute la dette grecque ?

Je crois qu’elle a déjà racheté aux banques la majorité de la dette grecque (ou l’a prise en pension)... C’est d’ailleurs pourquoi l’effacement de la moitié de la dette grecque n’est plus trop douloureuse pour les banques privées.

Le problème, c’est qu’une banque même centrale ne peut émettre ses titres (notre monnaie) en échange d’autre titres qui ne valent rien, sinon ce sont ses propres titres qui se dévaluent. Elle était donc obligée de "faire semblant" que la dette sera un jour payée. Admettre que ce ne sera pas le cas c’est admettre qu’elle a payé la moitié de la dette grecque par la planche à billet.

Les Allemands, seul peuple ouest européen à avoir connu deux hyper inflations, sont hyper effarouchés par ces pratiques. C’est pourquoi Merkel a trainé si longtemps. Ils ont tort car les sommes en jeux sont petites et de tout de façon l’actuelle hyper liquidité mondiale (trop de monnaie) est tombée dans une trappe, sans provoquer d’inflation (hélas, en un sens).

7° Eh bien oui, pourquoi ne pas effacer les dettes par l’inflation ?

Un tas d’études avaient été faites sur le cas de l’Amérique Latine dans les années 80. Evidemment l’Europe n’est pas l’Amérique Latine, mais tout le monde se dit que c’est quand même dangereux.

Car justement c’est la leçon de l’Amérique Latine : dans les conditions du libéralisme, les salaires sont moins vite indexés sur les prix que ne le sont les profits. Donc l’inflation n’est qu’une autre façon de faire payer la dette par les plus pauvres. Peut être moins que les politiques d’austérité actuellement imposée au peuple grec, mais justement, ces politiques ne sont peut-être pas les meilleures , même économiquement parlant (sans même parler de justice sociale).

8° Mais ces dettes sont elles bien légitimes ?

Dans le cas de la Grèce, elles ont été décidées par des gouvernements démocratiquement élus. Ce ne sont pas les « dettes odieuses » d’une dictature. Une part des dépenses à crédit est partie en fumée : la construction des installations des Jeux Olympiques, les dépenses d’armement face à un ennemi turc largement fantasmé. Les gouvernements qui ont pris ces décisions ont eu largement tort, et les Verts grecs (et pas seulement eux) les ont largement critiqués, mais on ne peut pas se cacher le nationalisme, parfois aberrant, du peuple grec, qui a approuvé ces dépenses.

De l’autre coté, le gouvernement Karamanlis (prédécesseur de Papandréou) a, face à la crise, distribué de l’argent aux classes moyennes pour relancer une économie … qui ne produisait pas ce qu’elles achetaient (des voitures…)

Mais plus profondément, la Grèce n’a jamais mis en place un système d’imposition progressif, faisant contribué les riches, les possédants, les propriétaires, dont le clergé. Toutes les tentatives de Papandréou de faire payer ceux qui en ont les moyens se sont heurtées à une fraude fiscale qui a un soutien profond dans la société et se pare aujourd’hui de l’auréole de la « résistance ».

Annuler partiellement la dette grecque, italienne, espagnole, française, n’est pas une question de morale, mais le constat qu’un modèle de développement économique est en crise, qu’il est irréparable, qu’il faut en financer un autre, et donc remettre les compteurs à zéro, mais sans provoquer l’effondrement général de la monnaie de crédit. On ne va pas en revenir à l’or, cette relique barbare.

9° Alors on fait quoi ?

D’abord distinguer les vieilles dettes (héritées du passé) et l’endettement futur. On ne pouvait annuler une partie de la dette grecque qu’une fois mis en place des mécanismes de financement fédéraux (européens) au bénéfice de la Grèce, car pour encore longtemps la Grèce aura besoin, tous les mois, de nouveaux crédits, sans compter les transferts européens non remboursables dont elle bénéficie déjà largement. A noter qu’une partie de la dette est récupérable en nature : la Grèce pourrait restituer ses dépenses d’armement délirantes !

Tous ceux qui appelaient à une répudiation unilatérale de la dette grecque avant qu’un mécanisme de solidarité soit mis en place, ignoraient simplement que la Grèce est en déficit structurel. Répudier la dette unilatéralement, cela veut dire qu’on ne fera plus appel au crédit pendant des dizaines d’années, comme l’a fait l’Union soviétique (et comme ne l’a pas fait l’Argentine, qui a négocié pendant 4 ans le taux d’annulation de sa dette : elle demandait 65 %, elle a eu 50% ). Cela aurait donc voulu dire que le budget de la Grèce aurait du être rééquilibré dès le mois suivant ! Une austérité bien plus drastique

C’est pourquoi nous aurions eu besoin de plus de fédéralisme européen AVANT la crise, au lieu de bricoler un fédéralisme qui prend la forme d’un Consulat Merkel-Sarkozy, et qui choisit à chaque fois la « presque pire « solution.

Une fois cette distinction opérée, une fois pris un engagement de solidarité européenne, on peut reconnaître qu’une partie de la dette générée par l’ancien modèle ne sera pas payée, et donc l’annuler (ou la rééchelonner sur des dizaines d’années, à bas taux).

Mais ce n’est possible que si l’accès au crédit futur est garanti pour le nouveau modèle de développement.

Cela veut dire que la BCE peut alors émettre de la monnaie à condition qu’elle soit fléchée (via par exemple la Banque européenne d’investissement) vers les activités de la reconversion verte. Cela veut dire aussi que les États endettés peuvent continuer à emprunter un certain temps, pour les dépenses courantes, à bas taux, et donc que ce soit l’Europe qui emprunte, à un taux qui soit la moyenne des taux des États solvables et insolvables : les « eurobonds ».

Mais il faut reconnaître que cela augmente un peu le coût du crédit pour les Allemands, et que les Slovaques, deux fois plus pauvres que les Grecs, trouvent saumâtre de payer (un peu) pour les Grecs. Il faut donc une patiente explication sur les avantages de la solidarité.

C’est pourquoi il faut être sûr que les nouveaux crédits, eux, seront remboursés. Donc que des mesures sérieuses sont prises pour accorder les rentrées fiscales et les dépenses publiques. Et c’est sans doute ça le problème de fond des Grecs : cela pose un problème de justice fiscale, et le nationalisme « la Grèce contre la troïka » a permis jusqu’ici aux classes dominantes de « refuser de payer », en détournant un problème de partage du revenu national en un problème entre la Nation grecque et les vilaines banques étrangères et la Troïka. Ce qui n’ôte rien à la responsabilité des Sarko, de Merkel et du FMI, qui incitent Papandréou a faire payer les classes populaires..

Et bien sûr dans le même temps on s’attaque à la finance, qui a pu spéculer sur l’imminence de la crise, en interdisant les CDS, on s’attaque aux paradis fiscaux, où les riches grecs planquent leur argent, etc...

Et surtout on n’oublie pas le fond de la crise : sociale et écologique , et pas seulement financière.

10°. Et si la Grèce sortait de l’euro ?

Question qui énerve les « responsables » (« c’est pas légal ») et émoustille les radicaux de droite et de gauche.

La question est : pour quoi faire ? Pour se débarrasser du boulet grec, comme on commence à se le dire dans la droite européenne de gouvernement, excédée ?

La réponse commune de tous les souverainistes est : pour récupérer de la compétitivité. Les prix et les salaires en euro sont en effet devenus trop hauts en Grèce, du fait d’une inflation plus rapide. Sortir de l’Euro serait donc une solution pour faire baisser les prix et les salaires exprimés en Euros ou en n’importe quelle autre monnaie étrangère.

Je ne sais pas s’il existe vraiment une autre solution à ce problème réel (un contrôle des prix et des salaires en Grèce ?). Ni si une sortie de l’Euro permettrait de retrouver un pallier stable et compétitif (cela ne s’est guère vérifié en Amérique latine, car l’inflation importée était toujours aussi rapide que la dévaluation).

Mais il faut être clair : le but de la sortie de l’euro est bien une dévaluation relative du prix du travail grec, c’est à dire une baisse du pouvoir d’achat des salariés grecs en produits importés, c’est à dire presque tout, sauf leur logement, et encore. C’est une autre politique d’austérité.

C’est là dessus (le partage du fardeau entre les classes sociales grecques) et et là dessus seulement qu’aurait dû porter un referendum interne à la Grèce.

11° Tiens ben oui ! Et la a démocratie dans tout ça ?

Quand les Perses débarquaient, Athènes convoquait tout les citoyens sur l’Agora en 24 heures. Là, c’est plus possible. Papandréou devrait essayer le vote par Internet !

Il y a certes un débat sur "comment éviter la fraude sur internet", comme il y a eu (et il y a toujours) un débat sur "comment éviter la fraude sur les votes papier". Voir ma position sur ce débat ici. Ce n’est pas ce qui nous intéresse aujourd’hui.

Papandréou a provoqué la colère unanime du peuple grec en prétendant le consulter sur une question fumeuse bien après la date de péremption (il n’y a que Marine Le Pen et Mélenchon pour expliquer aux Grecs qu’ils devraient être contents).

La vraie question est "Comment le peuple grec aurait-il dû depuis longtemps être associé aux décisions sur une négociation, qui par nature, doit se dérouler à toute vitesse ?" La réponse classique est "par délégation", car le système de l’agora ne marche plus, et l’internet pas encore. Or le système de délégation s’appelle la démocratie représentative. Et Papandréou venait d’être élu quand a éclaté le scandale de la gestion Karamanlis, et de la note qu’il laissait à ses successeurs (mais la dette a commencé à se creuser bien avant).

Du coup les Grecs ont accepté un certain temps la gestion par Papandréou de la crise de la dette. Maintenant ils sont "indignés" de ce qu’il fasse payer la dette à ceux qui n’y sont pour rien plutôt qu’aux riches grecs qui s’en sont fichu plein les poches. La logique serait de convoquer de nouvelles élections. Mais c’est cela que voulait éviter Papandréou en convoquant un referendum plutôt que des élections. Car, que cela soit juste ou injuste, Papandréou est sûr de perdre les élections... au profit du parti de Karamanlis.

On m’objectera que Eva Joly et moi avons soutenu le referendum islandais contre le plan de paiement de la faillite de Icesave, et aidé à la victoire du Non. C’est qu’il n’y avait pas le feu. On ne demandait pas aux Islandais de rembourser ce qu’on leur avait prêté, mais d’étendre leur garantie à des épargnants européens pour des dépôts dans des banques qui magouillaient en Europe.

Cela dit, les bourses auraient tout autant dévissé si Papandréou avait convoqué des élections. Encore une fois, le problème c’est la date. Les Grecs n’ont pas toujours eu la chance d’avoir élu Thémistocle AVANT l’arrivée des Perses.

Dernière remarque : Thémistocle n’a pas choisi sa stratégie face aux Perses en consultant démocratiquement le peuple athénien, mais en consultant l’oracle de Delphes ("Tu ne sauveras Athènes que par une muraille de bois") (1)... et en l’interprétant. Même à cette époque il y avait délégation à de "supposés compétents" !


Note 1. L’oracle voulait sans doute dire « Laisse tomber, c’est fichu de toutes façons », Thémistocle a compris « Renforçons dare-dare notre flotte (en bois) » et il a gagné la bataille navale de Salamine.

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À noter :

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 18:22

Pascal Canfin arton1281

Le sommet européen n’a pas débouché sur la fameuse « réponse globale » à la crise un temps promis par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Faute d’accord et de volonté politique, les Etats en sont réduits à bricoler des solutions et à continuer à plonger l’Europe dans l’austérité généralisée.

L’analyse de Pascal Canfin, eurodéputé Europe Ecologie - Les Verts.

Pascal Canfin : « La pression des citoyens changera la donne »

Au lendemain du Sommet européen consacré à la crise de la dette dans la zone euro, Pascal Canfin a pris la parole dans l’hémicycle de Strasbourg et s’est adressé à Herman Von Rompuy, le président du Conseil européen. L’eurodéputé conteste la recette économique proposée par les Etats - une recette indigeste pour les Grecs, comme pour les Italiens - et reproche l’absence totale de volonté dans la lutte contre l’évasion fiscale.

« 27/10/2011

Sommet européen: du bricolage et de l'austérité

Par Pascal Canfin

Le sommet européen n'a pas débouché sur la fameuse "réponse globale" à la crise un temps promis par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Faute d'accord et de volonté politique, les Etats en sont réduits à bricoler des solutions et à continuer à plonger l'Europe dans l'austérité généralisée.

Pour faire face à la crise de la dette publique, l'Europe dispose de deux solutions. La première est de créer un Trésor européen qui émet une dette européenne qui vient se substituer, totalement ou partiellement, aux nouvelles émissions de dettes nationales. C'est ce saut fédéral que les Etats-Unis ont fait il y a plus de deux siècles et que les responsables politiques européens ne sont toujours pas capables de réaliser. La deuxième solution est de faire financer une partie plus importante des dettes publiques par la Banque centrale européenne comme le fait la Fed aux Etats-Unis ou la Banque d'Angleterre. Là aussi les chefs ne se sont pas mis d'accord notamment en raison du dogme allemand en la matière. Résultat, il a fallu bricoler. Les Etats vont donc garantir les titres émis par le Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui va ensuite acheter directement la dette des Etats les plus en difficulté. On compte donc sur les marchés financiers mais aussi sur la Chine pour acheter ces obligations du Fonds européen. Il est quand même dommage, et sans doute dommageable, d'avoir à se tourner vers la Chine et ses excédents colossaux faute d'accord interne pour réaliser le nécessaire saut fédéral...
 
La deuxième critique que l'on peut faire des décisions d'hier est l'approfondissement de l'austérité. En contrepartie de l'aide européenne assurée par le FESF, les Etats concernés vont devoir s'engager dans une cure d'austérité encore plus forte. C'est le cas notamment de l'Italie. Or, l'exemple grec et le retour de la récession en Europe montrent bien que tout miser sur la réduction massive des déficits publics est une aberration économique, une catastrophe sociale et est largement synonyme de renoncement écologique. L'accord d'hier va donc amplifier la crise et continuer à faire monter le chômage. Il y aurait pourtant un chemin alternatif. Réduire les déficits nationaux grâce à une harmonisation fiscale progressive et à la lutte contre l'évasion fiscale. Parce que l'Europe est un marché unique sans harmonisation fiscale, nous sommes la zone au monde où règne la plus grande concurrence fiscale. Cela prive les Etats de ressources financières colossales et fait les beaux jours des multinationales européennes et des ultra riches. Rappelons qu'en France le taux réel d'imposition sur leurs bénéfices des sociétés du CAC 40 n'est que de 8 % et que la Cour des comptes estime à 30 à 40 milliards chaque année le manque à gagner pour l'Etat à cause de l'évasion fiscale dans les paradis fiscaux. Mettre fin à ces scandales, voilà une vrai valeur ajoutée pour l'Europe. Mais là-dessus, pas un mot dans la déclaration du sommet d'hier...Et rien non plus sur la nécessité d'organiser une relance verte de l'économie créatrice d'emplois largement non-délocalisables, alors que c'est à l'évidence une nécessité absolue pour nous protéger des impacts négatifs de la crise écologique et pour sortir intelligemment de la récession.
 
Pour ne pas finir sur une note trop pessimiste, actons quand même le fait que la décision d'une décote supplémentaire sur la dette grecque est bienvenue (même si elle aurait du être prise il y a plus d'un an) et que le fait d'obliger les banques européennes à se recapitaliser sur fonds privés est aussi un pas dans la bonne direction.
 »

 

 

 

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12 juin 2011 7 12 /06 /juin /2011 20:19

Europe-drapeau.jpg

« Les Européens doivent se réveiller tant qu'il est encore temps, en renouvelant leur adhésion aux valeurs fondatrices dans une perspective d'avenir volontariste et commune » affirment avec force un certain nombre de personnalités européennes.

Dans les prochains jours, l’Union européenne se dotera d’un nouveau Pacte de stabilité, réponse à la crise de la dette publique. Mais ce pacte ne responsabilisera pas les banques que les Etats-membres ont secourues lors de l’explosion du système financier et imposera des politiques d’austérité aux citoyens qui paieront le prix fort.

Réagissant contre cette sortie de crise, dont elle ne veulent pas, car elle la jugent « contraire aux valeurs fondamentales de solidarité, de justice sociale et de développement durable de l’UE », ces personnalités (des écologistes, des socio-démocrates et des responsables de la Confédération européenne des syndicats), ont initié et signé cet appel pour changer d’Europe, que vous pouvez également signer

http://www.changeforeurope.eu/ .

Pierre Mathon

« Changeons l'Europe

Aux prises avec une crise qui menace l'existence même de l'euro, l'Union européenne s'apprête à prendre des décisions qui seront lourdes de conséquences pour l'avenir de l'Europe et de son économie. Les propositions actuellement sur la table pour le "paquet gouvernance économique" représentent, selon nous, une remise en cause sans précédent des valeurs et des principes fondamentaux de notre destin commun: la solidarité, la justice sociale, l'égalité des chances et le développement durable. Au nom de la nécessaire responsabilité budgétaire face à la crise, ces choix idéologiques mettent en péril la cohésion sociale entre européens et notre capacité commune à assurer la transition écologique de nos économies. En particulier, ces choix risquent de sacrifier toute une génération de jeunes à travers bon nombre d'Etats membres, touchés très durement par le chômage et se sentant de plus en plus exclus et rejetés au lieu de pouvoir participer pleinement à la construction de leur avenir.

Il est évident pour nous qu’assurer la soutenabilité des finances publiques est un objectif politique essentiel : celles-ci sont un instrument clé au service de biens communs tel que la cohésion sociale ou la préservation de l’environnement. Et il est vrai que la crise que nous vivons aujourd’hui a détérioré très significativement les finances publiques en Europe. Même si le secteur public a sa part de responsabilité, les causes de cette crise sont avant tout à trouver dans le secteur privé: accroissement des inégalités salariales, endettement privé excessif, et bulles spéculatives générées par une industrie financière irresponsable.

Les mesures annoncées ne répondent pas à ces difficultés. Au contraire, elles sont injustes, inefficaces et inappropriées. En nous coupant de notre avenir commun, il nous renverrait à des temps que nous pensions révolus à jamais - celui des égoïsmes nationaux exacerbés, celui des injustices sociales criantes, et celui des extrémismes en tous genres. Il ne réussirait qu'à transformer la crise économique actuelle en crise politique.

Les Européens doivent se réveiller tant qu'il est encore temps, en renouvelant leur adhésion aux valeurs fondatrices dans une perspective d'avenir volontariste et commune. Nos sociétés ne survivront pas à des années de déclin économique et social, suscité par des politiques d'austérité aveugles. Dans cette logique, il reviendrait principalement aux salariés de supporter le poids de la crise en subissant des réductions de salaires. Au contraire, collectivement, tirons enfin les vraies leçons de la crise qui nous a frappés. Les spéculateurs de tous bords se sont nourris d'une absence de règles et de mécanismes de surveillance forts. Imposer aux gouvernements européens une cure d'austérité brutale et s'attaquer aux salaires ne ferait que renforcer cette fragilité, au lieu d'y remédier. De surcroit, renforcer un système de sanctions financières sur ces bases ne ferait qu'alimenter l'hostilité entre pays. La zone euro doit défendre sa monnaie commune et soutenir impérativement ses membres en difficulté, ce qui constitue un
enjeu vital pour l'Europe toute entière.

Que les majorités conservatrices au Conseil des ministres et au Parlement européen qui veulent imposer une telle fausse solution prennent enfin conscience de leur erreur. Nous devons dans ces moments difficiles pour les Européens faire preuve d'audace et d'imagination, en formulant une réponse politique nouvelle et différente. Il est possible de retrouver la maitrise des finances publiques sans tuer notre développement économique et les investissements dans des domaines tels que l'éducation, la recherche ou les énergies renouvelables, et sans alimenter l'injustice sociale et l'exclusion. Il est possible de retrouver des marges budgétaires nécessaires en étant innovant et courageux. Pour cela, il faut tout d'abord que tous les Etats membres contribuent à cet effort en commun - tant les pays en surplus que ceux en déficit commercial. Dans tous les pays, il faut ensuite protéger les investissements publics productifs de l'austérité budgétaire, rassembler sous forme d'Euro-obligations une partie de la dette des Etats membres pour en réduire le coût global, et mettre en place les bases d'une politique fiscale européenne commune, garante de recettes justes, efficaces et durables. Il s'agit d'alléger la charge fiscale sur les revenus du travail et de renforcer celle sur les revenus du capital, de combattre efficacement la fraude fiscale, de créer une véritable fiscalité écologique, et d'instaurer enfin une taxe sur les transactions financières. Les gouvernements européens doivent veiller à ce que les salaires élevés et les revenus du capital contribuent justement à l'effort général de consolidation budgétaire, pour éviter que les salariés à revenu faible ou moyen ne subissent l'essentiel de cet effort.

Il ne s'agit pas de plaider pour des solutions simplistes ou irresponsables, mais de mettre en place un projet de modernisation économique grâce à des politiques responsables, équilibrées, intelligentes et pleinement respectueuses des valeurs sur lesquelles repose le projet européen. Nous en appelons à tous ceux qui partagent ces convictions de se mobiliser avec nous, en signant cet appel, pour donner à l'Europe une autre politique de sortie de crise qui la renforcera, au lieu de l'affaiblir davantage.

6 juin 2011 » 

Parmi les premiers signataires figurent :

Martin Schulz (Président de l'Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen)

Rebecca Harms (Co-Présidente du Groupe des Verts/Alliance libre européenne)

Daniel Cohn-Bendit (Co-Président du Groupe des Verts/Alliance libre européenne)

Poul Nyrup Rasmussen (President of the Party of European Socialists, former Prime Minister of Denmark)

Philippe Lamberts (Co-Président du parti des Verts européens)

Monica Frassoni (Co-Présidente du parti des Verts européens)

Jacques Delors (ancien président de la Commission européenne)

Bernadette Ségol (General Secretary of the European Trade Union Confederation)

Sigmar Gabriel (Président du SPD, Allemagne)

Martine Aubry (Première Secrétaire du PS français)

Claudia Roth (Bundesvorsitzende Bündnis 90/Die Grünen, Germany)

Pierluigi Bersani (Secrétaire général du Partito Democratico, Italie)

Elio Di Rupo (Président du PS belge)

Cécile Duflot (National Secretary, Europe écologie/les verts, France)

Caroline Gennez (President of sp.a, Belgium)

Sarah Turine (Co-Chair, Belgian Green Party Ecolo)

Wouter Van Besien (Chair, Belgian Green Party (Groen)

Massimo D'Alema (Président du FEPS; ancien premier ministre d'Italie)

Jürgen Trittin (Group leader of the Greens in the German Bundestag)

Mário Soares (former President and former Prime Minister of Portugal)

Stephen Hughes (Vice-chair of the Progressive Alliance of Socialists and Democrats in the European Parliament)

Rovana Plumb (Vice-chair of the Progressive Alliance of Socialists and Democrats in the European Parliament)

Udo Bullmann (Coordinator of Socialists and Democrats, Economic committee, European Parliament)

Sven Giegold (Coordinator of Greens, Economic committee, European Parliament)

Jürgen Klute (Coordinator of GUE, Economic committee, European Parliament)

Elisa Ferreira (Member of the European Parliament, S&D Group, Portugal)

Liem Hoang Ngoc (Member of the European Parliament, S&D Group, France)

Edward Scicluna (Member of the European Parliament, S&D Group, Malta)

Claus Matecki (Member of the Executive Board, DGB Germany)

Prof. Klaus Staeck (Graphist and lawyer, Germany)

Dr. Gustav Horn (Scientific Director, Macroeconomic Policy Institute, Hans-Böckler Foundation, Germany)

Albrecht Müller (Editor nachdenkseiten.de)

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 19:24

eurodeputes-Verts-V-Orban.jpg

 

Hongrie : une présidence de l’Union européenne déjà controversée

19 janvier 2011

 

Depuis le 1er janvier 2011, la Hongrie assure la présidence tournante de l’Union européenne. Six mois de responsabilités qui commencent mal : le président Pal Schmitt a promulgué fin décembre une loi sur les médias qui suscite un tollé dans le pays. Les eurodéputés du groupe des Verts/ALE ont dénoncé cette législation qui enfreint les traités européens et menace la liberté de la presse... Ils l’ont fait savoir dans l’hémicycle.

 

(Photos : en signe de protestation les eurodéputés Verts, dont certains s’étaient symboliquement baillonnés, brandissaient les Unes des journaux hongrois avec la mention « censuré »)

 

Selon Rebecca Harms, la co-présidente du groupe des Verts/ALE, « Viktor Orban ne va pas se débarrasser de ce sujet aussi facilement ». Ce 19 janvier, le Premier ministre hongrois est venu au Parlement européen énoncer la liste des priorités hongroises pour les six prochains mois ; mais il n’a pas abordé la question fondamentale de la liberté de la presse dans son pays. C’est pourtant sur ce thème que les eurodéputés écologistes l’attendaient au tournant.

 

Loi anti-démocratique en Hongrie

 

Depuis fin décembre, une nouvelle loi sur les médias a provoqué de grandes manifestations dans les rues de Budapest. Quand ce texte sera véritablement applicable (« après la fin de la présidence hongroise », a d’ailleurs contesté Daniel Cohn-Bendit), des amendes commenceront à tomber sur le dos des chaînes de radio et de télévision dont le contenu porterait atteinte « à l’intérêt public, l’ordre public et la morale » ou divulguerait des « informations partiales ». Un conseil des médias sera en charge du contrôle et de l’application de cette loi – une instance bien sûr composée de membres du parti au pouvoir, le Fidesz.

 

 Pour les Verts/ALE, ces évolutions anti-démocratiques enfreignent ni plus ni moins les critères de Copenhague qui définissent les conditions d’entrée dans l’UE. La Hongrie est pourtant signataire de la Convention européenne des droits de l’homme qui garantit la liberté d’expression et d’information.

 

erodeputes-Orban2.jpg

 

Dans l’hémicycle, Daniel Cohn-Bendit a pris la parole et s’est adressé directement au Premier ministre hongrois : « L’information équilibrée n’existe pas. Est-ce que Nixon trouvait l’information sur le Watergate équilibrée ? Est-ce que George W. Bush trouvait l’information sur la prison d’Abou Ghraib équilibrée ? Bien sûr que non. L’information doit déranger la politique et c’est parfois douloureux. »

 

La Commission européenne a indiqué le mardi 18 janvier qu’elle demandait des « clarifications » sur cette loi controversée qui menace directement les valeurs fondamentales de l’UE. « Il est indispensable d’obtenir un profond changement de cette loi sur les médias en Hongrie, confirme Daniel Cohn-Bendit. La base de la liberté est justement la liberté d’expression, jamais une démocratie n’est morte parce qu’il y avait trop de liberté, mais elles sont mortes lorsqu’on a restreint les libertés. »

 

Ce débat intervient alors que la liberté de la presse fait marche arrière au sein même de l’UE. En 2010, certains Etats-membres ont dégringolé du classement établi par Reporters sans frontières (RSF). En mauvaise position, la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et l’Italie (49 sur 120). Violation de la protection des sources, concentration des médias, « mépris et impatience du pouvoir politique envers les journalistes et leur travail », convocations de journalistes devant la justice... Selon l’ONG, « l’Union européenne n’est pas un ensemble homogène en matière de liberté de la presse. Au contraire, l’écart continue de se creuser entre les bons et les mauvais élèves. »

 

 « Une autre politique européenne est possible »

 

Le groupe des Verts/ALE au Parlement européen a établi une liste de priorités pour ce premier semestre 2011 et pour la présidence hongroise.

 

Parmi elles, le pluralisme des médias, l’intégration des Roms et la gouvernance économique européenne.

Pour en savoir plus, un document (en anglais) est accessible en visitant le site des Verts/ALE.

Mettre en place la gouvernance économique européenne, la justice fiscale et la solidarité au sein de l’UE

 Créer des emplois verts

 Combattre la pauvreté

 Porter des objectifs ambitieux pour le climat dans les négociations post-Cancún

 Economiser de l’énergie et réduire les coûts pour les consommateurs

 Instaurer un budget vert qui soutiendrait une vision durable de la politique de cohésion et de la Politique agricole commune (PAC).

 Agir pour l’intégration des Roms en Europe

 Défendre le pluralisme des médias comme le fondement de notre démocratie

 Soutenir l’égalité des genres et le droit des femmes

 Assurer une production industrielle responsable

 Sauvegarder les droits des consommateurs

 Développer une stratégie pour la région du Danube durable.

 Construire l’Europe de demain : l’élargissement aux Balkans et la politique de voisinage

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 20:51

Bagnolet Copenhague3 Sandrine Bélier 091128

Tiens, si nous parlions de nos EurodéputéEs Europe écologie !

Voici des nouvelles des résultats obtenus par Karima Delli, Sandrine Bélier et Michèle Rivasi au cours de la récente session plénière du Parlement Européen.

« Les eurodéputéEs Europe Ecologie au sein du groupe des Verts/ALE poursuivent leur travail de sensibilisation à Strasbourg. Emploi des jeunes, lutte contre les marées noires et commerce illégal du bois : trois dossiers qui ont émergés dans l’hémicycle ces derniers jours.

 Emploi des jeunes : en finir avec l’abus des stages

belleviloise5-KD-7juin09.jpgLe 6 juillet 2010, le Parlement européen a adopté à une très large majorité le rapport de la benjamine du Parlement européen et députée du Groupe des Verts/ALE, Emilie Turunen, sur « la promotion de l’accès des jeunes au marché du travail, le renforcement du statut des stagiaires, du stage et de l’apprenti ». Cet accueil réjouit sa collègue Karima Delli (Europe écologie), membre de la Commission Emploi et Affaires sociales : « Aujourd’hui, les jeunes sont victimes d’un véritable "bizutage social", estime-t-elle, notamment dans cette période de transition entre les études et l’emploi qui tend à s’allonger indéfiniment avec l’accumulation de stages, véritables emplois déguisés, sans droits sociaux, sans reconnaissance et en dehors de tout cursus de formation, et le plus souvent sans rémunération minimale. »

Alors que 21,4 % des jeunes Européens sont au chômage (plus de 25 % en France), les conditions d’accès des jeunes au marché du travail, ainsi que le statut des stagiaires et des apprentis, doivent être renforcés. Pour avancer sur ce thème, plusieurs initiatives sont soutenues par le groupe des Verts/ALE : une Charte européenne de qualité pour les stages, la première étape vers la reconnaissance du statut des stagiaires dans le droit du travail ; et la création d’une garantie européenne pour les jeunes qui limiterait la période de chômage à quatre mois.

 Michele-Rivasi2---Copie.jpgExtraction et sécurité pétrolières : l’UE ne peut pas ignorer l’évidence

Un débat a eu lieu le 8 juillet 2010 sur la prospection et l’extraction du pétrole en Europe. Le Conseil et la Commission ont pu discuter des risques et responsabilités de ce type d’activités. Ils ont également passé en revue la réglementation en la matière. « Comme dans le Golfe du Mexique, l’Union n’est aujourd’hui pas en capacité de prévenir et de faire face à un accident qui surviendrait sur l’une de ses plateformes pétrolières offshore », argumentent Sandrine Bélier et Michèle Rivasi, membres de la commission Environnement, qui avaient demandé cette rencontre. Toutes deux plébiscitent une réorientation de la production d’énergie au profit du renouvelable. « La mer a bien d’autres ressources », lancent-elles, l’énergie éolienne en tête. « Alors que plus de la moitié des plateformes pétrolières de la Mer du Nord ont plus de 20 ans et que la technologie a montré ses limites, l’UE doit anticiper la raréfaction des ressources fossiles et cesser toute dépendance énergétique mettant en péril tant l’environnement que l’économie européenne. » L’idée d’un moratoire sur la construction de nouvelles plateformes pétrolières a été mise sur la table.

 Bagnolet Copenhague3 Sandrine Bélier 091128 - CopieLe Parlement européen coupe la branche du marché du bois illégal

Ils sont jolis, solides, peu chers. Les bois tropicaux (teck, acajou…) ont la cote dans nos salles de bain ou nos jardins. Néanmoins, ils proviennent souvent de forêts naturelles dont la gestion n’est pas durable. On le sait aujourd’hui, entre 20 et 40 % du bois exploité dans le monde est abattu de façon illégale. Cette exploitation ne se limite pas aux forêts tropicales des pays du Sud, elle est également d’usage en Europe. Pour contrer les conséquences déplorables - qu’elles soient humaines, socio-économiques ou environnementales - de cette activité, le Parlement européen a officiellement interdit le 7 juillet 2010 toute entrée de bois illégal sur le marché de l’Union. Désormais, les acteurs tout au long de la chaîne de distribution sont soumis à une obligation de traçabilité du bois qu’ils importent. « Ce vote met fin à une longue hypocrisie, reconnaît Sandrine Bélier. Jusqu’alors, l’Union n’avait de cesse de dénoncer une activité qui reste l’un des principaux facteurs de la déforestation, tout en continuant à lui ouvrir impunément l’un des plus gros marchés au monde. Ce temps est en passe d’être révolu. »

9 juillet 2010 »

 

Pour vous tenir régulièrement au courant : http://europeecologie.eu/

Vive l’Europe.

Pierre Mathon

Photos : Sandrine Bélier en meeting sur Copenhague à Bagnolet en novembre 2009, Karima Delli à la Bellevileuse en juin 2009 et Michèle Rivasi à Saint-Ouen en juillet 2009

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 06:46

grece-parthenon

 

Daniel Cohn-Bendit vient de soulever deux questions essentielles en ce qui concerne « l’aide à la Grèce »

Tout en appelant à des économies drastiques, la France et l’Allemagne ne souhaitent pas mettre en cause le budget militaire de la Grèce dont ils tirent profit : en effet, « Il y a des sous-marins allemands, des frégates françaises, des hélicoptères français, des avions franco-allemands… », qui font l’objet de contrats juteux.

cohn-bendit.jpg

Daniel Cohn Bendit dénonce les pressions du gouvernement français sur le gouvernement grec pour que les contrats sur ces armements soient « honorés ».

Daniel Cohn-Bendit dénonce également le fait que le gouvernement allemand prête à 5% à la Grèce des sommes qu’il a emprunté à 1,5%. « La situation présente est extravagante. L'Allemagne emprunte à un taux de 1,5% pour prêter l'argent à la Grèce avec un taux de 5%. »

grece

Il est clair que s’il faut aider la Grèce, il y a façon et façon de le faire.

Ainsi, les eurodéputés Verts-Europe Écologie  se battent au Parlement Européen pour que l’aide aux Grecs en soit vraiment une et qu’elle ne se traduise pas par une aggravation des conditions de vie des plus pauvres.

Pierre Mathon

dieux grecs

Les dieux grecs riquent de ne leur être d'aucune aide

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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 07:17


Les 14 eurodéputéEs d’Europe Ecologie (8 femmes et  6 hommes) que vous avez éluEs en juin viennent d’ouvrir leur site internet.

Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, Pascal Canfin, et Karima Delli éluEs en Ile-de-France.

Yannick Jadot et Nicole Kiil-Nielsen, éluEs dans l’Ouest.

Michèle Rivasi, François Alfonsi et Malika Benarab-Attou éluEs dans le Sud-Est

José Bové et Catherine Grèze, éluEs dans le Sud-Ouest.

Hélène Flautre élue dans le Nord.

Sandrine Bélier élue dans l’Est.

Jean-Paul Besset, élu dans le Centre

Pour vous informer de leur activité au sein du groupe Verts-ALE qui compte 55 membres, au Parlement Européen, et pour dialoguer avec eux (elles), il vous suffit de cliquer sur

http://europeecologie.eu/ 

Comment raccourcir les distances entre Bagnolet et Bruxelles.

Comment établir du lien entre les députés et les électeurs.

Nous avons bien sûr mis leur site à la rubrique "Liens" sur notre blog.

Vive l' Europe

Pierre Mathon

Autres<articles sur l'Europe et Europe Ecologie sur notre blog : 
http://lesvertsbagnolet.over-blog.com/categorie-10443540.html

On reconnait sur les photos
1- Yannick Jadot, Eva Joly et Daniel Cohn-Bendit au Festival de la Dissidence à la Cartoucherie de Vincennes

2- Jean-Paul Besset, Pascal Canfin et Michèle Rivasi lors d'Ecology-Day à Saint-Ouen
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2 août 2009 7 02 /08 /août /2009 06:58

A l’occasion de la mise en ligne d’un album-photos "

Europe-Ecologie--la-campagne

campagne ", composé d’un certain nombre de clichés que nous avons pris au cours de l’aventure d’Europe Écologie (des réunions des précurseurs au début 2008 au rassemblement festif du 4 juillet), nous vous livrons une réflexion synthétique sur les raisons du succès d’Europe Écologie (16,3% et 14 élus au Parlement européen au plan national, 20,9% et 4 élus en Ile de France, 24% à Bagnolet).


1-
Tout d’abord, ce succès est logique : il y a « le feu à la planète » et l’Europe est la dimension pertinente pour agir.
Les citoyens ne peuvent qu'en prendre de plus en plus conscience.


2-
Mais ce succès n’est pas venu tout seul
. Si Daniel Cohn-Bendit est à l’origine de l’idée simple qui est à la base du succès (rassemblement les écologistes pour l’Europe), il a fallu une poignée d’écologistes pour le soutenir au début alors que peu de gens y croyaient.
Je fais partie (et j’en suis fier), aux côtés d’amiEs VertEs de Bagnolet comme Hélène Zanier et Jean-Félix Bernard (qui a intégré en fin de campagne le staff rapproché de Daniel Cohn-Bendit), des militants écologistes qui se sont lancés dès le début 2008 dans cette aventure et n’ont pas attendu le vote (unanime) du Conseil National des Verts de septembre 2008 pour commencer à se mobiliser.


3-
La recette du succès est en fait assez simple :

  a-    Unir les écologistes (au lieu de les diviser)

  b-   Parler de l’Europe

  c-    Faire des propositions écologistes fortes et crédibles.

  d-   Un remarquable « casting » (le contraire de couper les têtes …) : Dany, Eva Joly, José Bové et des militants de valeur issus du milieu associatif écolo comme Yannick Jadot, sans oublier Michèle Rivasi.


Le succès écologiste peut être durable … si nous comprenons bien les raisons qui fondent le bon score de ce 7 juin …  et si nous le voulons.


Nous exposerons très prochainement les réflexions bagnoleto-locales que nous inspirent ce succès européen et ses conditions.


Pierre Mathon


Pour consulter les articles consacrés à l'Europe et Europe Ecologie sur notre blog :

Europe (52) 

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