Dans un communiqué du 29 janvier 2013 « Nucléaire : EELV appelle le gouvernement à préférer l’avenir », Europe Écologie Les Verts s’inquiète de « la prochaine annonce, par le gouvernement, de la création d’un fonds de soutien aux PME du nucléaire et d’un GIE pour le soutien du nucléaire français à l’export. »
(Suivi, sur le même sujet, du communiqué de Sortir du nucléaire)
« La nouvelle donne en effet des signes inquiétants sur la nature, mais aussi sur la qualité, de la politique industrielle de la France.
Si EELV considère qu’il peut être judicieux, dans un objectif de sortie du nucléaire en France, de soutenir les entreprises de cette filière, puisqu’il est nécessaire d’accompagner ces entreprises et leurs salariés dans la conversion vers une filière française du démantèlement, le montant des sommes annoncées pour abonder ce fonds parait démesuré quand on le rapporte à celui des aides à l’efficacité énergétique qui peine à rassembler quelques millions d’euros.
Il apparaît de plus que le « réalisme économique » qui justifie ces décisions, le même que celui du gouvernement Sarkozy/Fillon, a bon dos. Les mesures en faveur de l’export, annoncées comme protectrices de l’emploi dans la filière nucléaire, sont en effet illusoires.
On peut imaginer que l’enveloppe ainsi mobilisée pourra huiler quelques négociations et favoriser quelques contrats, mais les PME sous-traitantes ne pourront que récolter des miettes des contrats décrochés à l’export par les grands groupes. Tous les pays clients potentiels, même assez peu industrialisés, veulent en effet maximiser ce type de contrats en retombées locales, avec des entreprises nationales. Le signal donné ici par le gouvernement français n’est en fait qu’une œillade aux grandes entreprises du nucléaire et à leur lobby, décidément puissant.
Plutôt que de se laisser attirer dans ce piège grossier, EELV appelle le gouvernement à engager franchement et totalement le financement d’une filière industrielle française pour l’efficacité énergétique, et à déclencher concrètement la transition énergétique.
Elise LOWY, Jean-Philippe MAGNEN, Porte-paroles EELV »
Plus « direct », le communiqué du Réseau Sortir du Nucléaire du 29 janvier :
« Batho et Montebourg en VRP du nucléaire à Vallourec
En déplacement en Bourgogne à l’usine Vallourec, Arnaud Montebourg et Delphine Batho s’apprêtent à annoncer la création d’un fonds de plus de 150 millions d’euros pour les PME du nucléaire. Encore une fois, les deux ministres se posent en VRP du nucléaire, apportant un soutien à une énergie du passé au mépris des enjeux énergétiques actuels.
Un soutien à une énergie dépassée
Ce soutien d’Arnaud Montebourg et Delphine Batho se situe dans le droit fil de leurs nombreuses déclarations d’amour à l’atome exprimées ces derniers mois. Aveuglé sans doute par la forte présence d’entreprises nucléaire dans son fief électoral bourguignon, le ministre n’a d’yeux que pour une énergie en déclin dans le monde, qu’il cherche à porter à bout de bras au prix d’un favoritisme scandaleux. Quant à Delphine Batho, sa priorité en tant que ministre de l’environnement devrait être de voler au secours de la filière des renouvelables, qui a perdu plus de 15 000 emplois ces dernières années du fait d’un manque de soutien gouvernemental, et d’aider la France à rattraper son retard en ce domaine. Mais assurément pas d’apporter son appui à une filière industrielle dangereuse et polluante !
Une bien curieuse façon de réduire la part du nucléaire
Selon Arnaud Montebourg, ce fonds permettrait de créer près de 110 000 emplois, soit presque autant que le nombre d’emplois direct dans le nucléaire actuellement. Ce soutien à la filière montre bien le peu de cas que le gouvernement accorde à l’objectif affiché de réduire la part du nucléaire à 50% d’ici 2025. Il s’agit là d’aider les entreprises du nucléaire à se perpétuer et à grossir, alors que la priorité d’une "transition énergétique" sérieuse serait de préparer l’incontournable reconversion des travailleurs du nucléaire.
Une nouvelle décision déconnectée du débat sur l’énergie
Encore une fois, des décisions lourdes de conséquences, qui aboutissent à structurer sur le long terme les orientations industrielles, sont adoptées alors même qu’un débat sur l’avenir énergétique de notre pays est en cours. Ceci montre bien le caractère d’alibi de cette procédure, qui n’empêche pas le gouvernement de prendre les décisions qu’il souhaite en matière de politique énergétique.
Un soutien qui ne règlera pas les problèmes de sûreté
C’est un fait : la sûreté nucléaire, aujourd’hui, ne fait que se dégrader. Les travailleurs du nucléaire font état des conséquences désastreuses d’une politique de rentabilité à tout prix. Mais on peut douter que la création de ce fonds change quoi que ce soit aux risques de cette industrie intrinsèquement dangereuse, surtout s’il ne s’agit que de soutenir des PME « prometteuses » sans remettre en question le système de la sous-traitance en cascade et les dégâts qu’elle engendre. »
Pierre Mathon