Le nécessaire débat national sur la nécessaire transition énergétique se déroule cahin-caha dans une insupportable (pour les écolos) semi-clandestinité.
Saluons cependant l’utile débat sur la précarité énergétique de lundi 22 avril (co-organisé par l’agence locale de l’énergie MVE, Est Ensemble, la Région et la Ville de Montreuil) et surtout l’excellent travail effectué par MVE
sur la précarité énergétique (en particulier dans la cité Montreau A2 à Montreuil, avec l’OPH, la Régie de quartier et la Commune).
Nationalement le débat a été marqué par l’entrée en lice du patronat.
Les réactions de Greenpeace et d’Agir pour l’Environnement !
Greenpeace :
« Energie : pour le Medef et les entreprises, surtout ne rien changer et aller dans le mur…
Qui a entendu parler du débat sur la transition énergétique ? Tout laisse à penser que le gouvernement préfère qu’il reste confidentiel. La participation citoyenne est faible et éparse. Et les citoyens s’en plaignent. C’est un des membres du comité de pilotage qui le dit :
Pour les entreprises le traitement est différent… Et certaines en profitent !
Une offensive a récemment été lancée, d’abord par la voix de Laurence Parisot pour le Medef mercredi puis via le groupe de contact des entreprises de l’énergie lors d’une plénière du débat. Au menu, un ensemble de propositions pour tenter d’imposer leur vision au sein du débat sur la transition énergétique.
Une priorité : ne rien changer
Prolonger la durée de vie des centrales nucléaires françaises sous couvert d’une soi-disant compétitivité du modèle du tout nucléaire français, voilà ce que ces entreprises poussent. Et que font-elles de la promesse de François Hollande de réduire à 50% le nucléaire dans le mix électrique d’ici 2025 ?
Cette démarche va au moins avoir le mérite d’apporter une réponse à une question que beaucoup de Français se posent : qui va décider de l’avenir énergétique de la France ? Le Président de la République au nom de l’intérêt général ou les lobbies obsédés par le mythe du nucléaire ?
La prolongation : un pari insensé pour l’économie et pour la sûreté
Nous n’avons aucune idée des coûts futurs de la prolongation, certainement plus élevés que ce qu’annonce EDF. Avec les surcoûts futurs liés à la sûreté post-Fukushima ou à la prolongation, ce sera toujours plus d’investissements, jamais moins.
Prolonger le parc nucléaire français c’est prendre des risques croissants. Les centrales françaises ont 27 années de fonctionnement en moyenne, et jusqu’à parfois 12 années de plus si on compte l’âge des premiers bétons comme aux Etats-Unis. Conçues pour fonctionner 30 ans, les effets de leur vieillissement sont visibles dès 20 ans. La cuve ou l’enceinte de confinement sont par exemple deux pièces majeures ni réparables ni remplaçables. Le Président de l’ASN le disait lui-même récemment lors d’une audition devant l’OPECST. Le directeur de l’IRSN le confirmait lors d’un déplacement ce mardi 24 avril.
Et l’ASN dans l’histoire ? En misant sur la prolongation des centrales françaises, ces entreprises remettent en cause l’indépendance de l’Autorité de Sureté Nucléaire. Autorité qui est encore loin d’avoir validé les propositions d’EDF concernant les travaux de sûreté post-Fukushima. Et qui peut aussi s’opposer au cas par cas à l’extension de la durée de vie des réacteurs au-delà de 30 ans.
D’autres voix s’élèvent
Toutes les entreprises sont-elles si unies derrière la position très défensive et conservatrice défendue par Madame Parisot et certains membres du groupe de contact ? Elles n’ont pas le même intérêt à une vraie transition énergétique. Certaines entreprises défendant des énergies alternatives, à savoir FEE, AFPG, Enerplan, FNB, Amorce, Club Biogaz ATEE se sont désolidarisées des 12 propositions.
Une vraie transition est possible… Et indispensable !
Les alternatives compétitives et socialement avantageuses existent face au tout nucléaire. La France a un choix à faire. Il faut être lucide : développer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique n’est pas compatible avec le maintien du tout nucléaire. Greenpeace publiait et apportait au débat sur l’énergie dès février son scénario de transition énergétique. Les experts du débat, le gouvernement l’ont lu et jugé sérieux. Espérons qu’ils s’en inspirent…
Investir dans la transition énergétique, c’est investir avant tout dans les renouvelables et préparer la fermeture des centrales plutôt que de les prolonger.
Greenpeace a publié récemment le « portrait robot » des 5 centrales et des 20 réacteurs qui devraient être fermées en priorité :
Voir la liste des centrales
Le 26 avril 2013 »
Agir pour l’environnement :
« Alors que le débat national sur la transition énergétique peine à intéresser le grand public, le patronat fourbit ses armes et cherche à accroître son influence.
Itinéraire d’un débat annoncé
Chronique n°3 du débat sur la transition énergétique
Par Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'Environnement
En plus d’auditions publiques laissant une place totalement disproportionnée aux tenants de l’industrie nucléaire (ancien président d’EDF, nouveau président d’EDF, actuel président d’Areva, président de GDFSuez…), le groupe de contact des entreprises de l’énergie a été invité à présenter devant le conseil national de la transition énergétique ses positions qui fleurent bon les trente glorieuses et cinquante gaspilleuses !
Produisez, gaspillez, il en restera toujours quelque chose !
Non contant de multiplier les lieux où ils puissent s’exprimer, le MEDEF, par la voix de sa présidente, a également convoqué la presse pour leur rappeler l’importance vitale de développer les gaz de schiste (pour l’indépendance de la France) et le nucléaire (pour l’indépendance de la France aussi…) mais en occultant soigneusement de soutenir avec autant de détermination les énergies renouvelables ou une véritable politique de maîtrise de l’énergie (sans doute inintéressant pour l’indépendance de la France…).
Parce que trop n’est jamais assez (!), le collège « employeurs » a également largement sa place au sein du Conseil national de la transition énergétique qui se réunissait jeudi 25 avril 2013 afin de valider les propositions du groupe de travail n°1 dédié à la sobriété et l’efficacité énergétique.
Le représentant du MEDEF, membre de l’Union Française de l’Electricité, est ce que l’on peut appeler « un tenant de la politique énergétique de grand-papa ». On l’imagine très bien tenter de réserver, sur son minitel, une place dans un concorde… En dehors du nucléaire, point de salut. Inutile d’évaluer le coût d’une catastrophe car elle serait impossible. Fermez le banc. Par contre, l’énergie (comprenez l’électricité) n’est pas chère donc il faut continuer comme avant. La transition énergétique n’est donc qu’une sorte de retour vers le futur, un bégaiement de l’histoire qui mettrait pourtant la France au banc des nations européennes. Et pendant ce temps, le MEDEF aboie et la caravane de la transition énergétique passe.
La délégation du MEDEF et les prises de position générales des employeurs ont ceci de curieux qu’elles ne reflètent absolument pas la diversité des points de vue qui s’expriment pourtant en son sein. Les énergies renouvelables, pourvoyeuses en emploi ou encore la sobriété et l’efficacité énergétique peuvent être à même de dynamiser un secteur du bâtiment atone.
Et bien, ce serait sans compter sans l’irréalité du débat sur la transition énergétique. Les représentants de la CGPME (les artisans, les petites et moyennes entreprises) s’opposent, sans en expliquer les raisons…, à l’obligation de rénovation des bâtiments ! Aussi incroyable que cela puisse paraître, les représentants des artisans s’opposent à une obligation qui permettrait aux adhérents de la CGPME d’augmenter sensiblement leur activité !
Et pendant ce temps, le MEDEF multiplie les interventions pour réclamer encore et toujours plus d’énergie. Quelque soit sa forme (uranium, pétrole, gaz, charbon, agrocarburant…), la machine économique française a besoin de gaspiller. Au lieu de prendre modèle sur l’efficacité et la sobriété et ainsi réduire les coûts de production, le MEDEF croit encore vivre au temps merveilleux d’avant les chocs pétroliers où l’énergie était bon marché et disponible. Cette cécité alliée à l’envie d’appliquer encore et toujours les mêmes recettes éculées font du patronat français l’un des plus conservateurs au monde ! »