Hélène Zanier connaît bien la colonie de vacances d’Oléron. Née à Bagnolet, elle y a été « colon » puis « monitrice ». Elle réagit à l’annonce par le maire, via « Le Parisien 93», de la vente prochaine –pour boucler le budget 2009- de la colonie de vacances d’Oléron (la Vignerie).
La vente de la Vignerie serait plus qu’un crime, une faute !
Qu’est-ce que La Vignerie ?
C’est bien sûr une propriété acquise aux débuts des années 1930 par la Ville de Bagnolet pour offrir aux « gosses de Bagnolet » des vacances au bord de la mer, loin du « mauvais air ».
Depuis ce moment, sans interruption, des générations d’enfants se sont appropriés ce lieu, cette île d’Oléron à l’odeur si particulière devenue pour eux une petite madeleine de Proust.
De génération en génération, les Bagnoletais ont transmis leur amour de ce lieu à leurs enfants, petits enfants, ont renouvelé la joie de la découverte et le bonheur de le retrouver …
La Vignerie, ce n’est pas quelques bâtiments dans un grand parc à entretenir. Ce n’est pas un gardien à payer à l’année. Ce n’est pas des séjours à organiser et à financer. Du personnel à recruter. Des assurances à payer…
La Vignerie est une institution. Un mythe fondateur de l’identité bagnoletaise. Il crée les liens entre Bagnoletais de toutes les générations.
C’EST UN QUARTIER DE BAGNOLET, LE PLUS BEAU !
On ne vend pas un quartier. Encore moins celui qui ouvre une fenêtre sur un monde plus grand, plus large, plus beau ! Celui et qui aide à rêver. Celui qui nous sort de la cité qui enferme !
Comme beaucoup de Bagnoletais, je suis attachée à ce lieu par un lien indissoluble. J’y ai passé un mois d’été chaque année de mon enfance. Les mots Chassiron, l’Îleau, Domino, la Cotinière, Boyard, Dolus …résonnent comme autant de petites musiques sacrées.
Les bigorneaux, les grains de café, les pétales de roses, les couteaux … que nous avons recherchés et ramassés avec éblouissement sont nos trésors.
C’est aussi l’endroit où nous avons appris l’autonomie, l’intérêt général, écrit nos premières lettres aussi maladroites que touchantes, choisi avec amour des petits souvenirs pour nos parents … qui leur rappelaient leurs propres séjours … leurs propres repères.
L’histoire de ce lieu se confond avec celle des Bagnoletais de tous les âges. Il fait le lien. Il est lié à des émotions fortes, des amitiés qui durent, des expériences structurantes, des apprentissages fondamentaux.
Passée l’enfance, j’y suis retournée pour encadrer les nouveaux enfants. La même magie a opéré. Et j’ai pris le plus grand plaisir à leur faire découvrir et aimer leur nouveau quartier de Bagnolet.
Elue en 2001, en charge de la Caisse des Ecoles, j’ai travaillé, avec les responsables administratifs de la Ville –eux aussi enthousiastes-, à développer les séjours des élèves de Bagnolet en dehors des vacances scolaires dans le double objectif de leur offrir un nouvel horizon que les traditionnelles classes de neige et celui de valoriser notre propriété bagnoletaise et la faisant vivre une autre partie de l’année. Ce fut un succès immédiatement.
Comment l’idée de vendre ce lieu, tellement chargé d’une histoire aussi belle, a-t-elle pu germer dans l’esprit d’élus bagnoletais ? On nous dit que les caisses sont vides et qu’il faut boucler le budget 2009… sinon … Sinon quoi ?
Ces méthodes s’appellent « vendre les bijoux de famille », dilapider l’héritage ! Héritage que d’autres ont courageusement constitué pour les enfants pauvres de leur époque et pour les générations futures. Quel mépris !
On nous dit que les temps ont changé … et que les enfants d’aujourd’hui sont plus exigeants. Voir. Les enfants que j’ai rencontrés en classe de découverte à La Vignerie lorsque j’y suis allée en délégation n’avaient pourtant rien perdu de leur capacité d’émerveillement et leur bonheur était le même que celui des pionniers de cette aventure.
Les enfants d’aujourd’hui qui vivent en appartement, en cité, dans le béton quotidien, « hors-sol », ont encore davantage besoin que les autres de découvrir les phénomènes naturels qui régissent la vie. C’est même, pour leur équilibre, leur santé, leur joie de vivre, une nécessité absolue.
Alors, pour ces enfants, une politique sociale, cela passe par des séjours facilités, abordables, dans des lieux comme la Vignerie, comme Yzeure et par une ferme pédagogique à Bagnolet.
Hélène Zanier