Ci-dessous, après la conférence environnementale des 20 et 21 septembre, le communiqué EELV, saluant « le cap sur la transition énergétique » … et « attendant des précisions », suivi des réactions de Noël Mamère, appelant à ne pas voter le budget et d’Alain Lipietz, prenant acte des avancées en matière de bâtiment et de l’immobilisme en matière de transports.
Le communiqué EELV du 20 septembre 2013 :
« Le cap de la transition énergétique est enfin engagé, EELV attend des précisions
Europe Ecologie Les Verts prend acte et salue les grandes orientations sur la transition énergétique fixées par le Président de la République lors de son discours d’ouverture de la seconde Conférence environnementale.
Après plusieurs mois de tergiversations et de difficultés à traduire en actes les engagements pris lors de la première Conférence environnementale, le discours du Président de la République ce matin permet désormais d’engager concrètement la transition énergétique.
EELV salue l’objectif affiché par le Président de la République d’un objectif de réduction de 50 % de la consommation énergétique d’ici 2050. EELV se félicite également de deux annonces particulièrement attendues par les écologistes, et rappelées par Pascal Durand, secrétaire national d’EELV, lors du Conseil fédéral d’EELV le 14 septembre.
- La baisse de la TVA à 5 % dans la rénovation thermique du bâti : Elle témoigne clairement que la fiscalité écologique n’est pas de l’impôt supplémentaire, mais de la redistribution de pouvoir d’achat. Cette mesure directement favorable aux ménages permettra, en outre, de soutenir le secteur du bâtiment et la création d’emplois durables, qualifiés et non délocalisables ;
- L’inscription dans le projet de loi de finances 2014 d’un calendrier sur la fiscalité écologique : Elle rend lisible une trajectoire claire pour financer la transition énergétique.
Si la volonté de faire de la transition énergétique une priorité a été clairement posée, EELV attend toutefois des précisions quant aux modalités concrètes de mise en oeuvre des mesures annoncées, notamment lors de l’intervention du Premier ministre, ce samedi.
EELV déplore par ailleurs l’absence d’annonces spécifiques de soutien aux énergies renouvelables, alors que ce secteur, qui pourrait être puissamment créateur d’emplois, traverse une lourde crise et souffre du manque de volonté politique claire.
EELV constate, enfin, que de grandes imprécisions demeurent sur la trajectoire et les étapes par lesquelles sera réduite d’ici à 2025 la part du nucléaire dans le mix énergétique.
Jean-Philippe Magnen, porte-parole national d’EELV »
Noël Mamère appelle les écologistes à ne pas voter le budget :
« Une grande opération d'enfumage
Le député écologiste Noël Mamère a qualifié, dimanche 22 septembre, les annonces du gouvernement sur la transition énergétique de « grande opération d'enfumage », et appelé les sénateurs et députés de son parti à ne pas voter le budget 2014 en l'état.
« Pour ceux qui se sont empressés d'applaudir François Hollande » après son discours vendredi devant la conférence environnementale, « la suite a dû être très brutale quand ils ont entendu Jean-Marc Ayrault, samedi, défendre une transition écologique version Medef et FNSEA », a déclaré le député-maire de Bègles.
« Jean-Marc Ayrault a confirmé qu'il ne supprimerait aucune niche fiscale qui nuit à l'environnement et à la santé, il n'a pas eu un mot sur le diesel, et on continue les exonérations sur le kérosène, sur la pêche, sur les phytosanitaires », a dénoncé M. Mamère, évoquant une « capitulation devant les lobbys ».
Sur le nucléaire, le député Europe Écologie-Les Verts a constaté que les annonces du gouvernement se résumaient à une « non-augmentation de la production ».
Il a demandé aux responsables d’EELV « d'examiner notre présence dans un tel gouvernement » appelant « à faire preuve de réalisme, plutôt que d'accepter de se laisser rouler dans la farine, sinon c'est suicidaire ».
Alain Lipietz, économiste, ancien député européen (EELV), le 21 septembre 2013 :
« Conférence environnementale: des avancées dans le bâtiment, rien sur l’automobile
François Hollande a ouvert la deuxième conférence environnementale vendredi 20 septembre à Paris. Un an après l'édition inaugurale, tous les acteurs de l'énergie et l'environnement se retrouvent pour 48 heures de débats. Pour Alain Lipietz, si diminuer la consommation d’énergie de 50% à l’horizon 2050 est un projet très ambitieux, focaliser la transition énergétique sur le bâtiment sans remettre en cause le secteur automobile est un «exemple concret du poids des lobbys dans le débat écologique».
L’objectif de diminuer la consommation d’énergie de 50% à l’horizon 2050, affiché par le président de la République, François Hollande lors de la Conférence environnementale, est très ambitieux, alors même que la population française va continuer de croître. Néanmoins, il s’agit là d’un vecteur important de créations d’emplois.
Nous considérons que la transition énergétique doit avant tout être réalisée par le biais des économies d’énergie et pas, contrairement à ce qu’on entend ici et là uniquement via le développement des énergies renouvelables. L’écologie ne consiste pas à construire des éoliennes partout. Il convient avant toute chose de réaliser des économies. Il ne faut jamais oublier que la meilleure source d’énergie demeure celle qu’on ne consomme pas.
Le choix stupide du lobby automobile
Problème, l’effort est pour le moment entièrement porté sur le bâtiment, notamment grâce au taux réduit de TVA sur la rénovation thermique. Le volet de la subvention de la circulation automobile, via l’avantage fiscal accordé au carburant le plus nocif pour la santé, à savoir le diesel, n’a pas été évoqué par le président de la République. C’est donc un demi-échec. Le dispositif des lobbys industriel explique très clairement ce silence.
Le secteur du bâtiment a compris, depuis le passage de Dominique Voynet au ministère de l’Environnement, qu’il avait tout intérêt à ce que les meilleures constructions possibles soient réalisées en termes d’économies d’énergies. Cela augmente le prix au m2 du logement et favorise l’investissement dans le secteur. A l’inverse, les constructeurs automobiles français ont dérivé complètement vers la diésélisation du parc automobile, contrairement aux autres pays. La subvention du diesel est donc, pour eux, une question primordiale. Voilà ici un exemple concret du poids des lobbys dans le débat écologique.
Subventionner l’endettement des Français a des limites
Le choix fait par les constructeurs est aberrant. En effet, si en 1997, quand seuls 40% du parc était diésélisé et lorsque la presse avait évoqué pour la première fois le caractère cancérigène du diesel, les constructeurs avaient milité pour des subventions en faveur de la recherche et développement dans des moteurs essences plus économes, nous n’en serions pas là. Le pays serait moins diésélisé, il y aurait moins de morts causés par ce carburant chaque année et les constructeurs français s’en tireraient mieux aujourd’hui. Or, PSA, en particulier, s’est à cette époque spécialisé dans les moteurs diesel, un carburant aujourd’hui mis en cause par l’Organisation mondiale de la santé. Un choix stupide.
François Hollande avait pris des engagements précis dans le cadre du pacte électoral conclu avec Europe Ecologie – Les Verts. Force est de constater que le comportement de l’exécutif est scandaleux à cet égard. On arrive presque à saluer que le taux de TVA sur la rénovation thermique soit à 5%, c’est-à-dire qu’on ne taxe pas davantage la fiscalité sur les économies d’énergie. Par ailleurs, le mécanisme qui consiste à dire aux Français « endettez-vous parce que l’Etat ne peut plus le faire et nous allons vous subventionner pour que vous endettiez pour le bâtiment » a quand même des limites. »