À l’initiative d’Est Ensemble, s’est tenue à Romainville une réunion publique très attendue au sujet du projet de l’usine de méthanisation SYCTOM-URBASER, dont les travaux doivent (devaient ?) démarrer ces tout prochains jours à Romainville.
Une vue de la salle où l'on reconnaît Claire Harsany, responsable Europe Ecologie Les Verts de Romainville qui a organisé le 12 décembre dernier un débat qui a beaucoup contribué aux ouvertures actuelles du dossier ; on reconnaît également Stéphane Weisselberg nouvel adhérent EELV et conseiller municipal de Romainville
Sept cents personnes se pressaient dans la salle du palais des fêtes de Romainville : on était loin des quelques sept personnes qui s’étaient déplacées en mai-juin 2010 à l’enquête publique (C’est cent fois plus !) : que le débat commence !
À noter l’absence scandaleuse des représentants de l’Etat, qui pourtant a donné tous les feux verts à cette usine.
Bertrand Kern, président d’Est Ensemble s’est engagé, en fin de réunion, à soumettre au prochain conseil communautaire une demande de moratoire de six mois au Syctom.
Il reste à profiter de ce délai pour remettre à plat ce projet et le modifier en concertation avec les citoyens.
En attendant, d’autres textes, voici l’article du Parisien de ce jeudi 2 février 2011, commenté par nos soins :
« Ils réclament un moratoire sur l’usine de méthanisation
Pédagogique, la réunion devait calmer les inquiétudes des riverains (Le fait pour les pouvoirs publics de traiter de la sorte les revendications construites et argumentées des riverains, n’est pas convenable : il doit être question ici non de calmer les esprits, mais d’informer et de concerter ! Ndlr) sur le projet du centre de traitement des déchets par méthanisation qui doit s’élever à Romainville, le long de la N 3, à l’horizon 2015. Le débat qui a rassemblé hier soir plus de 600 personnes au palais des fêtes de Romainville a tourné à la foire d’empoigne (Un débat animé, certes, mais sûrement pas une « foire d’empoigne » ! Les échanges étaient au contraire d’excellente tenue, ce qui n’empêche pas la passion. Ndlr). La majorité (La totalité ! Ndlr) des riverains présents se sont montrés très remontés contre le Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères (Syctom), porteur du projet. Au point qu’à 22 heures, les quatre maires de communes concernées (Romainville, Bobigny, Pantin, Noisy-le-Sec) ont réclamé un moratoire d’au moins six mois, le temps qu’un audit indépendant soit mené (lire dessous).
La commission nationale du débat public sera également saisie afin de procéder à une large consultation. « C’est l’absence de débat et d’échanges avec les riverains en 2005 pour en 2010 qui a conduit à créer des malentendus et des inquiétudes. Il faut rétablir la confiance entre le Syctom et les habitants de nos quatre villes », a plaidé Bertrand Kern, maire PS de Pantin et président de la communauté d’agglomération Est Ensemble.
Absence de concertation
Et c’est vrai que les techniciens du syndicat (Il était assez choquant de mettre « en première ligne » des techniciens à la place des véritables décideurs. Ndlr) qui ont tenté de rassurer sur l’absence de nuisances du futur centre ont eu bien du mal à convaincre. A commencer par François Mouthon, qui, à la tête de l’Association des riverains de l’usine de méthanisation (Arivem), a lancé le signal d’alarme en juin 2011, soit un an après une enquête publique passée largement inaperçue (Sept participants et trois contributions écrites – dont 2 favorables- seulement, pour un projet de cette importance et d’un coût de plusieurs centaines de millions d’euros. Ce déficit d’information n’a pas empêché le commissaire enquêteur de donner un avis favorable et le projet de poursuivre sa route. Ndlr). Il cible particulièrement la méthode retenue, celle du tri mécano-biologique : une hérésie en milieu urbain dénonce-t-il, brandissant l’exemple de l’usine de Montpellier, où les voisins de l’usine subissent des odeurs nauséabondes et des nuées de mouches. « Pour qui nous prend-on : pour des cobayes ? (L’argument que les riverains joueraient le rôle de « cobayes » a été repris par un intervenant de la salle, document à l’appui. Ndlr)
Stéphane Weisselberg au cours de son intervention de la salle
Pourquoi ne va-t-on pas expérimenter la méthanisation à Versailles, Neuilly-sur-Seine ou Vincennes ? » interroge-t-il, très applaudi. « La sagesse serait de ne pas tenter de paris sur nos populations, renchérit un habitant du quartier de la Folie, à Bobigny. La décision finale doit nous revenir par référendum. » Le débat très technique a soulevé des dizaines de questions : risques d’explosion du biogaz produit (Il semble effectivement que les risques soient limités, mais comment en persuader ceux qui vivent et travaillent à côté d’une telle usine ? Ndlr), interrogation sur la qualité du compost produit et de sa réutilisation comme fertilisant agricole (Il a été montré au cours du débat que le compost produit par le tri mécano-biologique des ordures ménagères était refusé par les agriculteurs et qu’ il allait vraisemblablement être interdit par l’adoption de nouvelles normes européennes – sauf si la France, isolée sur sa position, arrivait à convaincre ses partenaires. Ndlr), intégration paysagère de l’usine (Cette question n’a été soulevée que par la maire de Romainville. Ndlr)… Plus largement, élus comme riverains ont pointé l’absence totale de concertation (S’il est bien que « les élus » le reconnaissent, il est clair que c’est un peu, beaucoup, de leur faute … Non ? Ndlr). Difficile, dans ces conditions, pour le président du Syctom de se faire entendre. « J’ai une mission de service public, a expliqué François Dagnaud. Celle de traiter les 300 000 t de déchets produits chaque année par les 900 000 habitants de ce territoire. Et l’obligation de mettre fin à la mise en décharge, de limiter l’incinération et de recycler les déchets organiques. (C’est en effet un objectif que chacunE peut et doit partager. Ndlr) La Seine-Saint-Denis sera-t-il le dernier territoire à pratiquer l’incinération ou la mise en décharge ? (Cette dernière question est pour le moins curieuse, en particulier de la part d’un élu parisien, Paris faisant traiter ses ordures par ses voisins ! Ndlr) Je vous pose la question. »
François Dagnaud devra encore user de pédagogie. « Je ne passerai pas en force » (C’est pourtant ce qui se passait avant que l’association ARIVEM arrive … Ndlr), a-t-il promis hier soir.
JULIEN DUFFÉ
« Nous sommes conscients que nous devons rassurer »
FRANÇOIS DAGNAUD Président du Syctom * (photo)
Décidé à rassurer les élus et les riverains, le Syctom a annoncé, hier matin à son siège à Paris, puis à nouveau hier soir lors de la réunion publique de Romainville, sa décision de lancer un audit. « Nous sommes conscients que nous devons écouter, rassurer, échanger », a reconnu son président, François Dagnaud, adjoint PS au maire de Paris. L’audit sera réalisé par un cabinet d’expertise reconnu.
Autres engagements : l’organisation dès février d’ateliers ouverts aux habitants sur la thématique « Que faire de nos déchets ? ». Une permanence d’information sera ensuite installée sur le site actuel avant la signature d’une charte intercommunale de qualité environnementale. Enfin, le Syctom annonce le lancement d’une étude sur le gisement de biodéchets et la faisabilité d’une collecte séparative des déchets organiques par l’agglomération Est Ensemble, décisionnaire en la matière (Voilà une bonne nouvelle : que l’on se mette enfin à collecter les fermentescibles ! Ndlr).
Face aux critiques, le président du Syctom tient à défendre le choix de la méthanisation, retenu dès 2006 pour traiter les déchets de 22 villes de Seine-Saint-Denis et du XIXe arrondissement. « C’est un procédé naturel reproduisant le cycle de la nature sans recours à des produits chimiques », a plaidé l’élu.
Une fois séparés du reste des ordures, les déchets organiques seront à la fois transformés en biogaz utilisé comme source d’énergie pour 6 800 logements (À noter que le chiffre de logements qui seraient chauffés est très variable d’une déclaration à l’autre. Par ailleurs les techniciens du Syctom nous ont informés qu’ils n’avaient pas encore tranché entre cette option et l’injection dans le réseau du gaz … Ndlr), mais aussi en fertilisant agricole (Voir plus haut la question de la qualité du compost et des normes européennes. Ndlr) transporté par voie fluviale (À ce sujet, le maire de Noisy-le-Sec a levé un « lièvre » d’importance : le canal de l’Ourcq et sa coulée verte pourraient être interrompus cinq jours sur sept en raison du fonctionnement du futur port fluvial. À suivre. Ndlr).
* Le Syndicat intercommunal des ordures ménagères de l’agglomération parisienne (Syctom) est en charge du traitement des déchets ménagers de 5,7 millions de Franciliens vivant dans 84 communes.
Pierre Mathon (en photo avec Claire Harsany)