Eva Joly revient sur les raisons de son faible score et évoque son soutien à François Hollande.
Par MATTHIEU ECOIFFIER
La candidate d’Europe Ecologie-les Verts, Eva Joly, ne s’est pas exprimée depuis le premier tour de la présidentielle, où elle n’a totalisé que 2,23% des voix.
Il était annoncé depuis très longtemps. Ce n’est donc pas une surprise. C’est vrai que je suis déçue par ce résultat. J’espérais qu’il y aurait un sursaut. Il n’a pas eu lieu, pour plusieurs raisons. Il y a eu un vote de crise qui a beaucoup favorisé l’extrême droite. Et à gauche, un vote utile par crainte d’un nouveau 21 Avril. En fait, nos électeurs stratèges avaient envie de voter écolo, mais ils avaient encore plus envie de s’assurer du départ de Sarkozy. Cela traduit aussi la difficulté de se faire une place pour quelqu’un de la société civile. J’ai également été victime d’«âgisme», de sexisme et d’une forme de xénophobie.
Pour certains. Mais il est aussi vrai que venant de la société civile, je n’avais pas les codes et les outils prêts. J’ai énormément appris dans cette campagne. Je trouve que j’ai fait des progrès. Si j’avais eu quinze jours de plus, j’aurais peut-être amélioré mon score.
Nous avons fait campagne avec peu de moyens, 1,5 million d’euros, et une forte attente de résultat. Il y a donc bien sûr une différence dans la campagne que l’on mène. Dans la mienne, je devais me reposer sur la créativité de quelques-uns. Je n’ai pas coûté très cher au parti.
Je voulais briser les tabous, notamment ceux liés à la grandeur de la France qui nous empêchent d’évoluer et de nous adapter à notre temps. Il y a eu le 14 juillet : nous sommes le seul pays occidental à organiser un défilé militaire pour symboliser la nation. Il y a aussi le droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU qui correspond au monde de 1945 et qu’il faut réformer…
Cela a été une vraie surprise. Pour moi, c’est un symptôme de la régression et du repli identitaire.
(Elle aurait dû s'abstenir de cette proposition. Nous avons quant à nous préférer l' "oubler" et prendre en compte que voter Eva Joly, c'était voter pour l'écologie et contre le nucléaire ...Ndlr)
Marine Le Pen, je l’ai combattue dans cette campagne. J’ai rappelé d’où elle venait et qui elle était : l’héritière du parti de son père tortionnaire en Algérie. Héritière aussi d’une fortune mal acquise. Elle m’a attaquée en diffamation et j’ai gagné en appel.
Face à la crise sociale, financière et écologique et à la montée du FN, j’ai plus que jamais envie de me battre. Notamment pour l’égalité.
Je ne suis pas entrée en politique pour faire carrière. Mais je ne suis pas femme à refuser des responsabilités. Nous aurons beaucoup à faire, surtout face à la crise et à la montée du FN. J’en prendrai ma part et je vais continuer à être active dans mon parti.
Je vais participer activement à la campagne de François Hollande. Et je serai présente à ses grands meetings vendredi à Limoges, dimanche à Paris et jeudi à Toulouse. Pour signifier que nous voulons une majorité de rassemblement et de combat. Non pas pour m’exprimer, mais pour apporter mon soutien.
On se parle. Il s’est montré amical. Il sait que mon score ne reflète pas l’importance de l’écologie dans la société. Que nos idées sont importantes pour réussir le quinquennat.
Quand je me suis dit, en bas de l’escalier, après ma chute, que j’allais peut-être devoir abandonner à trois semaines du scrutin. Cela a été un moment d’effroi. Et le meilleur moment, c’est au meeting à Nantes, lorsque Cécile Duflot et Dominique Voynet sont montées à la tribune avec leurs lunettes de soleil, un vrai geste de solidarité. »
Eva Joly dans la chaîne anti-nucléaire ...