Hôtel de ville, c’est parti …pour une erreur irréparable ou une étude de plus : le maire a en effet mis à l’ordre du jour du conseil municipal du 25 mars le lancement d’un concours de maîtrise d’œuvre pour la réalisation du nouvel hôtel de ville et du programme de bureaux, commerces et logements qui va avec.
Le moins que l’on puisse dire est que cette façon de confondre vitesse et précipitation manque totalement de sérieux.
Sur la programmation de l’équipement administratif
La programmation du futur Hôtel de ville est loin d’être prête : elle est en effet basée sur un travail de programmation totalement obsolète du cabinet Dourdin, datant de plus de 10 ans, à peine retouché par une autre étude effectuée par le même entre 2005 et 2006 (re-payée par les contribuables) que personne n’a vue (puisque le maire l‘avait jugée tellement nulle qu’il l’avait mise directement dans un tiroir, sans même la montrer aux autres élus de la municipalité). Par ailleurs, aucune réflexion sérieuse n’a eu lieu ni sur les possibilités de décentraliser dans les quartiers certains services au plus près des habitants, ni sur l’impact de la future intercommunalité en termes de transfert de services. Ni les citoyens, ni les employés communaux n’ont été véritablement consultés (si ce n’est, alors que tout était ficelé, à une semaine du conseil municipal, la réunion bâclée à laquelle j’ai assisté et dont j’ai rendu compte sur ce blog Les projets municipaux pour le centre ville et une réunion non moins bâclée du personnel communal).
Sur le programme de bureaux, de logements et de commerces qui accompagne le projet d’Hôtel de ville
Cette programmation (15 000 m2 de logements, 10 000 m2 de commerces et 10 000 m2 de bureaux) est totalement illusoire
- d’une part parce que cela fait au total (avec l’Hôtel de ville) 43 000 m2 de plancher et que cela ne tient pas dans l’espace prévu entre le centre administratif actuel (l’ancienne école primaire du centre) et l’îlot situé entre l’avenue Gambetta et la rue Benoît Hure (à moins de monter en hauteur de manière démesurée et de saboter encore plus le caractère de la place) ;
- d’autre part parce que nous sommes en pleine crise économique et en pleine crise des finances locales.
Et l’école primaire du centre ville…?
Ce projet occupe le seul espace du centre ville qui aurait pu accueillir l’école primaire tant attendue par les parents d’élèves du centre. Rappelons qu’un groupe de travail municipal ouvert aux citoyens avait commencé à fonctionner au début 2007 sur ce sujet et qu’il a été brusquement interrompu.
Lorsque les Bagnoletais découvriront le projet …
Le projet qui sortira dans quelques mois de cette consultation d’architectes est inscrit dans cette programmation bâclée et disproportionnée : les Bagnoletais verront alors, en guise de nouvel hôtel de ville, une grosse masse bâtie surmontée d’une mini-tour R + 7 qui masquera le Cin’Hoche et le plongera dans l’ombre, s’avancera sur le côté droit de la place de la Mairie en la défigurant et en la déséquilibrant.
Et ils auront la même réaction hostile qu’ils avaient eue il y a 9 ans face au projet Castro qui s’avançait lui aussi avec sa masse imposante sur le haut de la place de la mairie… et qui a fini par être abandonné devant le rejet populaire.
Comme je viens de l’écrire sur ce blog dans l’article, rendant compte de la réunion municipale publique du 17 mars consacrée au centre ville, il y a dans ce qui a été présenté, au-delà de ce projet précipité et calamiteux, qui défigurerait la place de la mairie, un certain nombre de bonnes idées qui mériteraient d’être approfondies et améliorées dans un travail sérieux de concertation avec les citoyens.
J’ai suggéré de rouvrir l’atelier public d’urbanisme qui avait si bien fonctionné de 2002 à 2004.
Ce serait une grave erreur de lancer ce concours d’architectes dans ces conditions.
Au pire, si par malheur, le projet tel que présenté allait au bout malgré la crise et son rejet par la population, la place de la mairie serait irrémédiablement gâchée et nos enfants et nos petits enfants nous le reprocheraient.
Au « mieux » (ce qui est quand même plus probable) ce serait une étude de plus qui n’aura servi à rien et qui aura coûté cher.
Je demande donc au maire de retirer ce dossier de l’ordre du jour !
Pierre Mathon
Maire-adjoint Vert délégué à l'urbanisme à Bagnolet de 2001 à 2006