Nous avons appris en lisant le Parisien que le maire de Rosny-sous-Bois (Nouveau Centre) avait proclamé son hostilité au projet d’installation des Roms roumains de Montreuil sur le terrain montreuillois du SEDIF qui a le tort de se situer pas très loin de sa commune.
On se rappelle peut-être qu’en son temps, Jean-Pierre Brard qui n’a cessé de pourchasser les Roms roumains de Montreuil avant que la nouvelle municipalité tente de trouver une solution humaine et durable, avait fait délibérer son conseil municipal pour s’opposer à un terrain de Tsiganes français à La Noue-Bagnolet sous prétexte qu’il jouxtait Montreuil.
Voici l’article du Parisien du lundi 16 mars 2009 (suivi d'un article sur les tsiganes de Rosny paru dans La Croix il y a deux ans) :
« MONTREUIL – ROSNY-SOUS-BOIS
Pernès s’oppose à l’installation des Roms
NOUVEAU rebondissement dans le dossier épineux de l’installation des familles roms dans le quartier de la Boissière à Montreuil. Le maire (NC) de Rosny-sous-Bois s’oppose fermement au projet de la sénatrice-maire (Verts) Dominique Voynet. Dans le cadre d’un processus de réinsertion sociale et professionnelle.
Montreuil souhaitait en effet reloger des familles, actuellement dans des box rue Saint-Just, dans une cinquantaine de caravanes pour une durée d’un an. Le hic, c’est que le site retenu appartient au Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sédif), mis à disposition de Montreuil par le biais d’une convention. Le Sédif avait à ce sujet saisi la justice en février pour empêcher les travaux d’aménagement du terrain, mais avait été débouté de sa demande. Depuis, des négociations avaient été entamées au début du mois entre la ville de Montreuil et le syndicat pour trouver un compromis. Ce site se situe en effet à proximité du plus important lieu de stockage d’eau potable d’Ile-de-France, protégé au titre de Vigipirate.
C’est en tant que voisin que Claude Pernès a décidé d’intervenir. « Ce terrain donne sur le boulevard dont la partie opposée se situe sur la commune de Rosny-sous-Bois, un quartier hautement urbanisé » justifie le maire de Rosny. « Je suis fermement hostile à l’implantation d’un camp sur ce terrain hautement sensible » poursuit Claude Pernès qui mettra « tout en œuvre pour s’opposer à cette installation ».
M.C. »
On aperçoit ici Claude Pernès (le 3ème en partant de la gauche) en grande discussion avec Francine Bavay Vice-présidente Verte, qui a beaucoup fait avancer la cause des Roms au Conseil régional d'Ile de France. C'était au cours d'un atelier des maires d'Ile de France en 2007, consacré à l'accueil des gens du voyage.
Pour en revenir au maire actuel de Rosny, nous préférons penser que c’est une vilaine rechute pour ne garder en mémoire que l’opération exemplaire d’habitat adapté que le même Claude Pernès a eu le mérite (rare) de favoriser sur le territoire de Rosny, aux Soudoux, pour y loger les Tsiganes qui y vivaient en caravanes depuis des années.
Pierre Mathon
Membre au titre des élus Verts de la commission départementale pour la réalisation du schéma d’accueil des gens du voyage de 2001 à 2008
Et voici l'article paru dans la Croix en janvier 2007 qui relate cette réalisation :
« Des gens du voyage découvrent le confort d'une maison
Depuis début janvier, une résidence pavillonnaire accueille une trentaine de familles à Rosny-sous-Bois
Katia Lamberty n’en revient toujours pas. À près de 40 ans, elle vient d’emménager pour la première fois dans une maison. Une vraie, en « dur », avec séjour, salle de bain, cuisine, toilette et deux chambres. Fini les allées et venues entre deux caravanes. « Avant, ma fille dormait avec moi. Mais maintenant qu’elle a sa chambre, elle prend son indépendance. Et puis, on a de l’espace. »
À côté d’elle, deux de ses cousins ont emménagé. En face, c’est son oncle, Gilbert Chartier, un autre cousin, ainsi qu’une « petite cousine éloignée ». Tous sont d’accord : ils peuvent à la fois « se retrouver facilement dehors » – une habitude très ancrée chez les Tsiganes – et être au chaud chez soi. La petite zone pavillonnaire, pimpante, ressemble à toutes les autres. Seule particularité : une caravane trône devant presque chaque maison.
En 1983, lorsque Claude Pernès (UDF) est élu maire de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), quatre groupes issus de la communauté des gens du voyage occupent, dans des conditions plus que précaires, un vaste terrain en friche abandonné par les maraîchers, la plaine des Soudoux.
Installées là depuis près de cinquante ans, les familles se sont agrandies et débordent largement des terrains acquis initialement. Les cabanes de chantiers côtoient des « chalets » construits de bric et de broc, et, bien sûr, les caravanes. Le maire s’engage dans une longue et difficile opération de nettoyage du site.
Une grande partie des terrains occupés libérée
Donnant-donnant : les familles qui le souhaitaient ont été relogées dans des pavillons en dur. En échange, elles ont dû libérer une grande partie des terrains : un vaste centre commercial dédié à la maison vient d’y ouvrir ses portes. Opposition des riverains, contentieux à répétition, lenteur des processus administratifs… : les trente premiers pavillons viennent d’être livrés. Les vingt-sept derniers devraient l’être avant la fin de l’année.
Un matin, il fait particulièrement froid. Marie-Françoise, jeune grand-mère de 54 ans, accueille l’une de ses filles venue prendre sa douche chez elle avec ses trois enfants. Dans la caravane de cette dernière, « tout a gelé ». Toute la famille savoure ce confort tout récent. Apparemment, les petits se sont très vite faits à leur nouvelle vie.
« J’ai entendu dire que certains enfants du quartier ont eu du mal les premières nuits : ils n’étaient pas habitués à dormir à l’étage », raconte Marie-Françoise. Mais cela n’a pas duré. Le plus dur, finalement, compte tenu des faibles moyens des occupants, c’est plutôt de meubler leurs nouveaux intérieurs. Nombreux sont ceux qui ont obtenu une aide de la Caisse d’allocations familiales ou du Fonds de solidarité logement. Quant au loyer, de 300 à 400 € théoriquement, il tombe pour la plupart à une dizaine d’euros grâce à l’aide au logement.
Le tableau n’est pas idyllique. D’abord, certaines familles, qui ont refusé de prendre part au projet lors de leur consultation il y a quelques années, souhaiteraient pouvoir changer d’avis. Ensuite,certains des heureux élus ont eu entre-temps d’autres enfants, et estiment que la taille du pavillon livré n’est plus adaptée.
La caravane servira « à partir en vacances »
Des aires d’accueil pour la famille de passage ont été créées, imbriquées avec les pavillons, mais les branchements d’eau et d’électricité ont été mal placés : impossible de garer les caravanes. Et puis, le maire leur avait promis qu’une fois l’opération achevée, « les problèmes cesseraient » ; or, les riverains continuent à se plaindre de jets de cailloux, de palissades enfoncées…
Enfin, plusieurs questions restent en suspens. Les maisons étant organisées autour d’une cour centrale,par groupe familial, comment remplacer un ménage parti ? Comment éviter, ainsi que cela s’est déjà produit dans d’autres projets de ce type, que les enfants installent leur caravane à côté du pavillon de leur parent, au risque d’une suroccupation des lieux ? Claude Pernès en est sûr, tel qu’il est conçu, le projet évite des erreurs commises par d’autres : « Un gardien, salarié par la société gestionnaire (Adoma, ex-Sonacotra), sera chargé de faire respecter le règlement intérieur. Et puis, les familles bénéficient d’un suivi social. »
En attendant, les aménagements vont bon train. Pour les uns, la caravane servira « à partir en vacances ». Pour d’autres, ce sera une « chambre supplémentaire », à disposition des enfants ou de la famille de passage. Marie-Françoise et Katia, elles, y ont renoncé : les leurs, en trop mauvais état, ont été détruites dans l’opération. Mais, de leur propre aveu, la caravane ne leur manque pas trop. « Et puis, ça revenait tellement cher à chauffer, en hiver ! »
Anne-Bénédicte HOFFNER »