L’autorisation donnée par la commission Barroso pour la pomme de terre OGM de BASF, (mais aussi pour 3 autres OGM !), soulève des protestations légitimes et résolues. La question est notamment posée de l’indépendance de l’Agence européenne de sécurité des aliments », vis-à-vis des semenciers.
Voici celles de « France Nature Environnement », de « Greenpeace » et de l’eurodéputé Europe Ecologie José Bové.*
Pierre Mathon
* Quant à Antoine Augustin Parmentier, pharmacien et agronome français, qui diffusa la pomme de terre en France à la fin du 18ème siècle, il se retourne dans sa tombe du Père Lachaise en criant "STOP Barroso" !
France Nature Environnement :
« La Commission européenne vient d'autoriser la culture à des fins industrielles et d'alimentation animale, de la pomme de terre OGM de la variété Amflora de BASF. Elle a également autorisé la mise sur le marché pour l'alimentation humaine et animale, de trois maïs OGM dérivés du MON 863.
France Nature Environnement dénonce fermement ces autorisations qui s'appuient, selon la Commission, sur des avis favorables de l'Agence européenne de sécurité des aliments (AESA). Car les procédures d'évaluation mises en œuvre par cette Agence sont largement critiquées et critiquables.
Des avis infondés et irrecevables
Ainsi, à deux reprises, le Conseil européen des ministres de l’environnement s’est prononcé pour que soient « renforcées et harmonisées les méthodes d’évaluation des risques des OGM en Europe ».
De plus, il a été montré que les avis de l'AESA sont irrecevables car utilisant des données scientifiques non fondées. En effet, dans un autre dossier, celui du MON 810, le Comité scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies a estimé que la puissance statistique des tests présentés par le pétitionnaire et analysé par l'AESA, est insuffisante pour conclure. De plus, l'Agence n'a jamais répondu de manière correcte à la question posée par une députée européenne sur l'innocuité de ce maïs, ainsi que le montrent les éléments rassemblés par la fédération et disponibles sur son site Internet (1).
Puisque l'AESA n'a pas changé ses méthodes d'évaluation ni sa façon de fonctionner, « nous ne voyons pas comment elle pourrait émettre des avis fondés scientifiquement, ni ne pouvons admettre que la Commission européenne puisse autoriser des produits dont l'innocuité n'est pas démontrée (au risque statistique près) » estime Lylian Le Goff, co-responsable de la Mission Biotechnologies de FNE.
Une enquête sur le fonctionnement de l'AESA
FNE va donc défendre auprès du gouvernement et des parlementaires européens la nécessité d'une enquête parlementaire européenne sur le fonctionnement de l’AESA et la validité de ses avis. Cette enquête devra aboutir à une profonde réforme de la procédure d'évaluation des OGM, avec l'intégration des enjeux socio-économiques liés à l'utilisation des OGM et la fourniture de moyens pour mener des contre-expertises des dossiers présentés par les pétitionnaires.
Le 3 mars 2010 »
Greenpeace :
« La commission Barroso impose la pomme de terre OGM de BASF
Dans l’une de ses premières décisions depuis sa prise de fonction, la nouvelle commission Barroso a autorisé la culture et la commercialisation d’un nouvel OGM, pour la première fois depuis 1998. La pomme de terre génétiquement modifiée Amflora de la firme agro-chimique allemande BASF est enrichie en amidon notamment pour les besoins de l’industrie papetière. Elle contient des gènes marqueurs qui lui procurent une faculté de résistance à certains antibiotiques. Cet OGM pose un risque inacceptable pour la santé humaine et animale, ainsi que pour l’environnement. Le commissaire à la santé, le maltais Dalli, en charge des questions liées aux OGM, a d’ailleurs dû utiliser une procédure écrite, pour éviter une réunion et un débat des commissaires européens sur le sujet.
Depuis six ans, l’innocuité de cette pomme de terre fait l’objet de controverses scientifiques. Par cette décision, le commissaire Dalli, pourtant chargé de la protection des consommateurs nie tous les débats scientifiques sur les potentiels dangers que représente cette pomme de terre et le fait que l’opinion publique européenne ne veut pas d’OGM.
Risques médicaux, environnementaux, tout allait contre cette autorisation
L’Organisation Mondiale de la Santé et l’Agence Européenne de Médecine ont alerté sur « l’importance critique » de l’antibiotique affecté par la pomme de terre Amflora, la kanamycine. Disséminer des OGM de la pomme de terre BASF dans l’environnement pourrait augmenter la résistance de certaines bactéries à des médicaments, comme des traitements contre la tuberculose. Cette pomme de terre a aussi présenté des difficultés à la très pro OGM Agence Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), dans bon nombre des enquêtes qu’elle a diligentées pour l’autoriser depuis plus d’un an. Une majorité des pays de l’Union Européenne s’est opposée à cette autorisation.
A cause de l’inquiétude d’experts médicaux sur les gènes marqueurs de résistance aux antibiotiques utilisés dans un grand nombre d’OGM, l’Union Européenne a adopté en 2001 une loi qui excluait des autorisations européenne les OGM qui contenaient des gènes de résistance aux antibiotiques.
La France va-t-elle être « contaminée » ou faire barrage à la pomme de terre BASF, comme aux autres cultures OGM ?
Suite à cette autorisation européenne, chaque pays doit maintenant utiliser la clause de sauvegarde prévue dans la réglementation européenne pour protéger son environnement et la santé de ses citoyens. En 2008, la France avait mis en place une clause de sauvegarde sur le fameux maïs MON810 de Monsanto, de même que 5 autres pays de l’Union Européenne, dont l’Allemagne.
La France est officiellement exempte depuis février 2008 de toute culture commerciale d’OGM en plein champ. La balle est dans le camp du Ministre de l’environnement, Jean-Louis Borloo, qui doit activer la clause de sauvegarde au plus vite. Il a tous les éléments pour le faire.
La question des cultures OGM en plein champ va se poser à plusieurs reprises cette année. Plus de 50 plantes transgéniques sont en attente d’autorisation en 2010. Parmi elles, plusieurs maïs, dont le MON810, qui pourraient faire leur retour dans les champs français, si l’Europe les autorise et que la France laisse faire.
Le 2 mars 2010 »
José Bové :
« Autorisation pomme de terre OGM: décision "cynique" et "aberrante"
BÈGLES (Gironde) - Le député européen José Bové (Europe Ecologie) a qualifié vendredi à Bègles de "cynique" et "aberrante" la décision de la Commission européenne d'autoriser la culture d'une pomme de terre génétiquement modifiée développée par BASF.
"Une directive de 2001 prévoit l'interdiction des OGM qui comporteraient un gène de résistance aux antibiotiques. Aujourd'hui, la commission autorise un OGM interdit", a indiqué M. Bové devant des journalistes, à l'occasion d'un déplacement dans le cadre de la campagne des régionales.
Or, Amflora, cette pomme de terre transgénique mise au point par le groupe allemand BASF, contient un gène marqueur de résistance aux antibiotiques, dénoncent les écologistes.
Alors qu'Amflora est présentée comme destinée à la production de papier, José Bové a relevé "un risque de présence dans l'alimentation humaine", car, "quand on ramasse des patates, on en laisse dans le sol. Elles peuvent ensuite ressortir deux ou trois ans plus tard", dans une récolte conventionnelle.
Il s'agit "d'une attaque symbolique sur le premier bien alimentaire", a-t-il ajouté.
Si l'Italie et l'Autriche ont déjà annoncé leur intention d'interdire la culture de ce tubercule, M. Bové a estimé que les autorités françaises étaient "très embêtées" et demandé aux ministres de l'Environnement Jean-Louis Borloo et de l'Agriculture Bruno Le Maire de "se prononcer".
Face à "la levée de bouclier dans l'opinion publique", il a également jugé qu'"en France, il ne peut pas et n'y aura pas d'autorisation" à la culture de cet OGM et que le gouvernement devrait recourir à une clause de sauvegarde pour interdire cette production.
En 2008, la France a fait valoir cette clause pour suspendre la culture du maïs OGM MON 810, autorisé en Europe depuis 1998, comme l'ont également fait cinq autres pays membres dont l'Allemagne. »