Une économie à la fois innovante et ancienne : les biffins.
Le mot biffins vient d'un mot du vieux français "biffe" qui veut dire chiffon, objet sans valeur.
Cette économie existe depuis plus de 100 ans, on appelait ces personnes des "chiffonniers". Comme ustensiles, ils avaient un crochet, une hotte, un secteur leur était attribué. Ils avaient une carte !
Puis les chiffonniers ont disparu....
Et maintenant les voilà de retour, on ne les appelle plus des chiffonniers mais des biffins. Seulement les temps ont changé et on ne les apprécie guère. La police a l'ordre de les chasser et de les pourchasser sans cesse. Le spectacle est dur à supporter, de voir les biffins se sauver devant les policiers, poussant des voitures d'enfants ou des caddies plein d'objets. C'est une véritable traque, une chasse à l'homme.....!
Les biffins sont pourtant des recycleurs-nés : les objets qu'ils vendent à même le trottoir sont ramassés dans nos poubelles et font partie des objets que nous ne voulons plus. Rien que pour ce travail de recyclage, ils devraient recevoir une prime de la part des communes !
Dans un article qui leur est dédié, on parle même au sujet de "ces personnes qui vendent à la sauvette qu'elles sont parfois d'authentiques puciers-brocanteurs qui participent à la sauvegarde d'un certain patrimoine et font vivre la mémoire. Elles sont souvent « cabossées » par la vie. Le métier est dur et le revenu très faible. Mais certaines personnes refusent de tendre la main dans les différents services sociaux et préfèrent « ne rien devoir à personne » et travailler quel que soit le handicap, quel que soit l'âge. Elles nomment cela « leur dignité ».
Également par leur travail, elles permettent à d'autres «petites gens», d'acquérir à moindre coût des biens hors de leur portée autrement."
Des associations leur sont venues en aide comme l'association AURORE qui a permis aux biffins du 18ème arrondissement d'avoir un carré qui leur permette de vendre légalement, mais voilà, le nombre de places est limité et il y a beaucoup de biffins qui attendent pour une place....!
Yvan Grimaldi, directeur du pôle Insertion de l'association Aurore parle au sujet des biffins, de rupture avec le fatalisme, d'innovation sociale.
De leur côté les biffins ont fait leur propre association : "Sauve qui peut les biffins". Ils ont manifesté devant l'hôtel de ville de Paris le 12 juillet dernier pour avoir une reconnaissance et le droit de vendre leur marchandise.
Notre maire Mme Voynet, s'est intéressée à eux puisqu'elle a écrit aux communes de Bagnolet et du XXème en leur proposant de les rencontrer afin de s'entendre pour donner un ou des carrés de vente aux biffins. Pas de réponse à cette lettre qui date du 15 mai dernier, les autres maires font la sourde oreille.
Mais pendant ce temps, à Toulouse, un carré pour les biffins a été créé comme dans le 18ème et le maire de Paris est directement interpellé par les personnes qui s'intéressent aux biffins, afin de créer d'autres carrés de vente. Des sommes importantes sont provisionnées par la Région et la ville de Paris pour répondre à la problématique des biffins, mais pour l'instant rien ne bouge.....
Quand reconnaîtra-t-on l'énergie déployée et les facultés de ressources des personnes qui se sont trouvées par certains hasards du destin dans des situations de grande précarité ? Parmi les biffins, il y a des retraités, des ouvriers qui ont perdu leur emploi, des jeunes, des émigrés, des Roms. Tous ont le courage de s'efforcer de gagner leur vie et grand est leur mérite !
Jeanne Studer
Citoyenne montreuilloise
Nous avons illustré cet article de Jeanne Studer avec des photos prises à l’exposition à Belleville en mai 2010 du photographe des biffins, notre ami Samuel Lecoeur.PM