Notre ami montreuillois Pascal Mage (ici en train de faire visiter les murs-à-pêches à Michel Riottot, président d'Ile-de-France Environnement) anime et préside l’association MAP (Murs-À-Pêches) depuis 1994 (date de la création de l’association). Il nous a paru important de connaître son opinion, à la suite des dégâts causés par le gel aux chaperons, sur la restauration des Murs-à-pêches que la mairie a effectuée l’année dernière.
Nous lui avons posé 3 questions.
« 1- À ton avis, pourquoi les chaperons ont-ils cédé ?
La cause est vraisemblablement dans la mise en œuvre du plâtre : soit un apport d’eau trop important, soit un serrage insuffisant. Cela peut arriver et il ne faut pas jeter la pierre à ceux qui font, car le travail du plâtre en extérieur est peu aisé et devenu rare. L’incident est limité, il suffit de casser partiellement et de reprendre.
D’ailleurs nous organisons une formation avec le groupement « Remparts » Ile-de-France le premier week-end de juin.
2- Au-delà de la dégradation des chaperons, que penses-tu de cette restauration des 150 mètres de linéaire de murs réalisée pour 330 000 euros par la mairie de Montreuil ?
Il y a eu ces 150 mètres et rien de plus, alors qu’il y a dégradations sur les 37 hectares des murs-à-pêches.
Par ailleurs, sur la technique utilisée, cette restauration qui se voulait exemplaire n’a pas seulement pêché par la mise en œuvre du plâtre des chaperons. Je me suis aperçu que le plâtre annoncé comme « paysan » était en réalité un plâtre industriel : les personnes qui ont dirigé les travaux ont remplacé la terre légèrement argileuse, jadis utilisée par les paysans, par du sable fin. Ils ont aussi introduit de la chaux qui ne figurait pas dans la composition traditionnelle.
La municipalité a affirmé que c’était des murs restaurés à l’identique. C’est faux.
2-Qu’est-ce que tu proposes aujourd’hui ?
La priorité doit aller à la restauration d’un grand linéaire de murs : il est vain de démonter puis de remonter les murs, ainsi que cela a été partiellement fait sur ce chantier.
Visite aux jardins du coeur qui doivent être supprimés pour faire la piscine
C’est consacrer beaucoup d’efforts à réaliser une opération qui se veut parfaite, mais qui est trop limitée en territoire : 150 mètres de linéaire ont été traités alors qu’il y a des kilomètres et des kilomètres à restaurer.
Préserver les murs-à-pêches, c’est avant une question de patrimoine. Il ne s’agit pas de remettre une toute petite partie des murs en état d’être restitués dans l’usage agricole qu’ils avaient à une époque révolue.
Vu la quantité de murs qui se dégradent jour après jour et dont il faut enrayer la dégradation, il faut consacrer les moyens dont nous disposons à les protéger « au niveau de leur tête » afin d’éviter que l’eau ne ravine la terre des murs et que lorsqu’il gèle, les murs ne gonflent et que les pierres ne se descellent.
Maintenant ma question est : quelle est la prochaine phase des travaux ? Car il faut que la municipalité tire les enseignements et persévère dans ce travail. Le risque est qu’il ne se passe plus rien et que les murs-à-pêches soient laissés à l’abandon. »
Merci Pascal.
Pierre Mathon