Beaucoup de Bagnoletais l’ignorent, mais les camions anguleux d’un vert sombre bordé d’un liseré rouge que les habitants du quartier de la Dhuys ont l’habitude de rencontrer, arrivant de Paris, qu’ils voient s’engouffrer dans un immense entrepôt de la rue Louis-David et sortir le matin de la même façon, ne sont autres que ceux de la confrérie des Savoyards : les 110 commissionnaires attachés au célébrissime hôtel des ventes parisien Drouot, chargés du transport et de la manutention des œuvres d'art.
Et les hangars de la rue Louis David ne sont autres que les « boxes de Bagnolet » dont la presse a fait état il y a quelques mois et qui abritaient un certain nombre d’objets de valeur subtilisés à l’hôtel Drouot.
En effet, la société très particulière qu’est la confrérie des Savoyards créée en 1834, les fameux cols rouges, a aujourd’hui de graves ennuis judiciaires. Avec ces ennuis judiciaires, ce n’est donc pas seulement l’hôtel des ventes Drouot qui est dans la tourmente, mais aussi un peu Bagnolet.
Les « Savoyards » viennent d’être mis en examen pour des charges extrêmement lourdes : association de malfaiteurs, complicité de vols et recel de vols en bande organisée… Non seulement la confrérie est poursuivie, mais une vingtaine de mise en examen de commissionnaires a été prononcée. Ils ne pourront plus exercer à partir du 1er septembre alors qu’ils étaient en situation de monopole depuis 1860 grâce à…Napoléon III.
Avouez qu’il était temps, au moment où le mythe s’écroule, de prendre conscience de l’existence de cette activité à Bagnolet, rue Louis David, dans le quartier de la Dhuys.
Hélène Zanier
