Il nous a paru intéressant de publier le communiqué de Romeurope 94, en réaction aux propos d’exclusion de Valls. Une manière aussi de saluer le travail de ces militants et de mon ami Michel Fèvre (photo - prise lors d'une réunion à Bordeaux de Romeurope).
Pierre Mathon
« Communiqué du Collectif
ROMEUROPE Val de Marne
Contact Michel FEVRE romeurope94@gmail.com>
Les Roms, citoyens européens, ont des droits !
Il est temps de les reconnaitre !
Depuis plus de 15 ans, le Collectif Romeurope 94 soutient les familles roms dans leurs combats pour l’accès aux droits et leur dignité. Quand ces familles bénéficient de conditions de vie meilleures, elles s’intègrent peu à peu dans notre société. Pourtant Manuel Valls a déclaré que « seule une minorité de Roms voulait s'intégrer dans la société française », rajoutant le lendemain que « ses propos ne choquaient que ceux qui ne connaissaient pas le sujet ». Nous sommes choqués parce que justement nous connaissons bien et depuis longtemps cette situation.
Dans le concours au meilleur ministre de l’intérieur, Manuel Valls serait-il en train de rattraper Nicolas Sarkozy ?
Et pourtant, François Hollande, en avril 2012 dans une lettre à notre collectif national Romeurope, dénonçait «la politique du gouvernement de Nicolas Sarkozy qui est responsable de la précarité intolérable dans laquelle se trouvent ces familles et qui fabrique un groupe de population, bouc-émissaire idéal pour justifier des politiques toujours plus répressives». Et quelques jours, plus tard, dans un courrier à Amnesty International, il souhaitait que : « Lorsqu'un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées. Une politique d'accompagnement dans tous les domaines (social, scolaire, logement, santé, travail) sera en outre nécessaire tant que ces populations vivent dans des conditions indignes».
Cette promesse du candidat socialiste semblait être tenue par la circulaire interministérielle d’août 2012 qui imposait aux préfets de proposer des solutions d'accompagnement et de logement pérennes aux Roms expulsés.
Mais quel bilan tirer un an plus tard ? Le défenseur des droits, Dominique Baudis a dénoncé "Cette circulaire interministérielle d'août 2012 n'est pas appliquée dans tous les cas, loin s'en faut. »
Sur le Val de Marne, notre collectif Romeurope 94 constate que ce bilan est plutôt globalement catastrophique et que la situation empire.
En effet depuis septembre dernier, la préfecture du Val de Marne a refusé de travailler sur un plan d’ensemble des lieux de vie du département, avec les associations intervenantes, avec les services de l’Etat et les collectivités territoriales.
Pourtant, sur le Val de Marne, des projets d’insertion se sont mis en place entre 2003 et 2012, avec il est vrai, une absence quasi-totale de l’Etat. On compte près de 350 personnes qui sont dans 12 lieux avec des perspectives d’insertion. Les associations et des collectivités territoriales, dont le Conseil général, ont beaucoup travaillé avant même la publication de la circulaire.
C’est parce que nous sommes pour la sortie des bidonvilles et squats, lieux de vie indignes, qu’il est important de s’appuyer sur ces projets et de ne pas se contenter d’hébergements en hôtels, éloignés et sur des temps courts, ce qui provoque entre autres une déscolarisation des enfants.
Comment peut-on prétendre que ces populations ne veulent pas s'intégrer alors que c'est la misère qui les relègue dans des lieux indignes !
En stigmatisant et en essentialisant les populations roms, on en fait les boucs émissaires d’une campagne électorale qui s’annonce nauséabonde !
Il est en effet facile de dire que des personnes ne souhaitent pas s'intégrer dans la société :
- quand on ne leur propose pas le moindre espace pour une insertion,
- quand des diagnostics sociaux sont des mascarades,
- quand on chasse des personnes de leurs lieux de vie pour les contraindre à se réinstaller ailleurs, encore plus pauvres.
Avec l’ensemble des associations réunies dans le collectif national Romeurope, nous demandons une nouvelle fois l’arrêt immédiat de cette politique : les évacuations forcées ne peuvent se perpétuer au mépris des traités internationaux et européens. Au-delà de l’application concrète de la circulaire du 26 août, nous demandons par ailleurs qu’une véritable politique d’insertion pour ces personnes en grande précarité soit mise en place.
Cette politique devra dépasser celle qui « anticipe et accompagne » leurs expulsions ou leurs évacuations forcées.
Le Collectif Romeurope 94 est composé de
MRAP 94, CCFD Terre Solidaire 94, Secours Catholique 94, LDH 94, RESF 94, FCPE 94, Cimade IDF, Médecins du Monde IDF, Artisans du Monde 94, Association
TUKKI (Villeneuve le Roi), Femmes solidaires 94, ASSOUEVAM, ATD Quart Monde 94, CES (Choisy), Dialogue et Solidarité (Créteil) …
Comités de soutiens d’Ivry sur Seine, Vitry/Villejuif, Orly/Villeneuve le Roi, Limeil-Brévannes, Choisy le Roi, Fresnes/Wissous, Créteil, Saint Maur, Ablon …
Le Collectif Romeurope 94 est soutenu par
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