L'article à charge paru, ce mercredi 23 mai, dans Rue 89 sur les législatives dans la circonscription Montreuil-Bagnolet nous a fait réagir VERTEMENT !
Nous ne manquons pas, dans ce blog, de critiquer quand cela nous parait juste la gestion municipale de Dominique Voynet, et nous respectons la liberté de la presse. Mais nous attendions de la part de Rue 89 un article moins partial et mieux fondé.
Première remarque : vu de paris, Bagnolet n’existe pas. Or précisons-le à l’attention de Rue 89, la 7ème circonscription qui comprend Montreuil, comprend aussi Bagnolet. Ce n’est qu’une ville de 35 000 habitants, mais bon, on existe quand même. Les Bagnoletais sont cocernés et ils ont, comme les Montreuillois ont de bonnes raisons de tourner la page Brard, de bonne raison de tourner celle de la gestion municipale calamiteuse de Marc Everbecq, représentée sur le ticket du Front de gauche par son adjointe Emeline Le Bère.
Deuxième remarque, l’article de Rue 89 est à charge et n’aborde aucun des problèmes de fond qui se posent sur le terrain.
Nous complétons ces remarques par d’autres, entre parenthèses, dans le texte de l’article que nous reproduisons ci-dessous :
« PANIER DE CRABES 25/05/2012
A Montreuil, « continuons comme ça et on va faire péter la gauche »
(Ce n’est pas un hasard si le titre de l’article reprend les propos de la responsable de la section du PS de Montreuil. Rappelons que ce sont ceux-là même qui ont laissé exclure Mouna Viprey et ses amis pour crime de s’être maintenu au 2ème tour des législatives de 2007 et les mêmes qui ont fait liste commune avec JP Brard en 2008. Curieusement la journaliste ne relève pas le fait surprenant pour une socialiste que la responsable de ladite section regrette le soutien des Verts au candidat PS, alors qu’elle devrait au contraire s’en réjouir. Aurait-elle peur que grâce à ce soutien, Razzy Hammadi ait des chances de l’emporter ? Un comble pour une socialiste …)
Sophie Verney-Caillat | Journaliste
La politique à Montreuil, c’est particulier. Un peu comme au Liban : si quelqu’un vous l’explique et que vous avez l’impression d’avoir compris, c’est qu’il vous l’a mal expliquée. Mais essayons (C’est très bien d’essayer, mais davantage d’objectivité et davantage de fond n’auraient pas nui. Ndlr).
Montreuil (Seine Saint-Denis) a beau être la seule ville de plus de 100 000 habitants dirigée par une écologiste, elle se retrouve sans candidat Europe Ecologie - Les Verts (EELV) aux élections législatives de juin prochain. Et quand la maire, Dominique Voynet fait la campagne du candidat de la majorité présidentielle, le socialiste Razzy Hammadi, elle se fait pourrir par... une partie des socialistes du cru.
En effet, en vertu d’un accord national entre les partis, les écologistes se sont engagés à ne pas soutenir officiellement les socialistes là où le candidat sortant est du Front de Gauche. C’est le cas ici, où le communiste (Jean-Pierre Brard n’est plus adhérent du PCF depuis un certain temps, ce qui ne l’empêche pas d’être apparenté PC à l’assemblée nationale. Ndlr) Jean-Pierre Brard, député depuis 1988, et qui a été maire pendant 24 ans, brigue son sixième mandat.
« A force d’avoir trop peur de perdre... »
La direction nationale d’EELV a donc dit à son groupe local qu’ils avaient deux solutions :
ceux qui l’ont soutenue, qui ont été exclus du PS mais qui restent dans la majorité municipale (3 personnes) ;
ceux qui l’ont soutenue, qui ont été exclus, mais qui l’ont lâchée depuis (8) ;
ceux qui sont restés au PS officiel (2 selon elle, 4 selon eux).
Sa conclusion : « Le communiqué [qui dénonce le soutien à Razzy Hammadi, ndlr] émane de deux personnes » (Admettons quatre, ça change quelque chose ? Ndlr) : un mini-groupe sans légitimité.
« Voynet trahit l’accord validé par son parti » (On peut aussi dire : Voynet respecte le vote largement majoritaire de le base Montreuil-Bagnolet. Ndlr)
La secrétaire de la section PS de Montreuil, Alexie Lorca, auteure du communiqué assassin évoqué par Voynet, exprime la grande lassitude des militants face aux jeux d’appareil (Ces propos sur les jeux d’appareil sont curieux de la part de quelqu’un qui a cautionné l’exclusion de Mouna Viprey qui avait osé se maintenir au 2ème tour contre l’avis de l’appareil ainsi que la liste commune avec Brard, imposée par l’appareil. Il ne suffit pas de se dire anti-appareil pour l’être. Et je ne suis pas sûr –c’est un euphémisme- que ce communiqué bizarre ait été voté aussi massivement que la position des Verts de la circonscription … Ndlr) :
« Le Parti nous envoie un candidat, il est imposé par la direction dont il fait partie [ancien président au MJS, Razzy Hammadi est secrétaire national depuis 2008, ndlr]. (Je ne prononce pas sur les affaires internes du PS, mais je considère que la désignation à Montreuil et Bagnolet d’un candidat comme Razzy Hammadi, responsable au PS des questions de la politique de la ville, n’a rien de particulièrement choquant. Ndlr)
Le problème, à Montreuil, c’est que depuis des années nous n’avons pas le droit de choisir nos candidats, ils sont imposés par Solférino. Continuons comme ça et on va faire péter la gauche. »
La section PS a choisi d’attaquer frontalement la maire de la ville :
« Madame Voynet trahit l’accord validé par son propre parti. Cet accord interdit l’alliance électorale EELV-PS contre un député sortant du Front de Gauche. [...] (Là on atteint les sommets de la bizarrerie : la secrétaire de la section du PS qui se plaint de ce que son candidat soit soutenu par les Verts. Cela aurait pu mettre la puce à l’oreille de la journaliste … Ndlr)
Ne s’agirait-il pas pour elle de créer les conditions pour revendiquer en 2014, une tête de liste aux élections municipales, avec le soutien du Parti socialiste ? » (Je ne commenterai pas ce fantasme qui semble à cette socialiste l’horreur absolue : à l’évidence elle semble préférer soutenir Jean-Pierre Brard-le retour, comme d’hab’ … Ndlr)
Se désister ? « Demandez à l’autre ! »
Dans un tel climat de tension, il y a un risque réel (En quoi c’est un risque que les électeur aient le choix au 2ème tour , Ndlr) que l’accord de désistement républicain du second tour ne soit pas respecté. Celui-ci veut que, traditionnellement, « on ne laisse pas la droite arbitrer et on ratifie le choix des électeurs de gauche au premier tour », précise Jean-Pierre Brard. Depuis les années 70, le candidat de gauche arrivé second se désistait donc en faveur de celui arrivé en tête.
A Montreuil, cette tradition n’a pas été respectée aux législatives de 2002, ce qui a valu l’exclusion de la candidate socialiste de l’époque, Mouna Viprey. En 2007, elle s’était désistée pour Brard, amère, avant de finalement rejoindre Dominique Voynet aux municipales de 2008.
Interrogés sur le sujet, ni Brard ni Hammadi ne veulent s’engager à se désister s’ils n’arrivaient pas en tête : « Posez la question à l’autre », nous répond chacun.
Razzy Hammadi, reste flou (Visiblement, si on a bien lu plus haut, Brard aussi. Ndlr) :
« Il y a des principes à gauche, une culture... il faut les respecter. » (Ce n’est pas vraiment flou, d’ailleurs. Ndlr)
Il ne pourra pas compter sur Dominique Voynet pour lui conseiller un tel désistement qu’elle juge « délirant », même si elle est consciente des pressions que le PS fera subir à Razzy Hammadi. (Il est clair que ce serait un déni de démocratie, de ne pas donner le choix aux électeurs du 2ème tour. Curieux quand même que ne soit pas évoqué par la journaliste le maintien du candidat PC arrivé en 2ème position dans le canton du Bas-Montreuil en 2011 ? Ndlr)
Un responsable écologiste national (anonyme comme il se doit. Ndlr) regarde ce panier de crabes avec circonspection :
« En soutenant Hammadi, Voynet espère qu’elle n’aura pas de dissident socialiste en 2014, mais elle ne fait que renforcer les socialistes.» (Sans vouloir être méchant avec ce responsable anonyme, peut-il nous expliquer comment la direction EELV a renforcé les Verts dans la dernière période. Il ferait mieux de se mêler de ce qui le regarde et de balayer devant sa porte ! Parole d’adhérent de base et Ndlr)»
Encore une fois, s’il est normal que les électeurs s’expriment (le 10 juin), il est sain qu’ils le fassent en toute connaissance de cause.
L’article aurait aussi beaucoup gagné à aborder - dans leur complexité - les questions de fond qui se posent à Montreuil et à Bagnolet.
Pierre Mathon
