Ce qui est neuf est bel et bien, surtout s’il s’agit d’un équipement public, qui plus est d’une école. Cela n’empêche pas, naturellement, la réflexion.
D’autant que la connaissance du passé (récent en l’occurrence) est indispensable pour bâtir son présent et son avenir. D’où quelques rappels et précisions.
Tout d’abord, la décision de reconstruire l’ancienne école Joliot-Curie dont le bâtiment insuffisamment fondé subissait de sérieux désordres en raison de la nature du terrain a été prise collectivement. Cette nécessité n’était contestée par personne et surtout pas par nous – Hélène Zanier ayant été parente d élèves de cette école et ayant réclamé cette reconstruction depuis de longues années.
Le débat a porté sur le contenu du projet. Fallait-il une grosse école alors que toutes les études montrent que les grosses écoles sont facteurs d’échec scolaire et de violence ? Cela s’appelle « l’effet structure ». Nous avons parlé d’une « école-usine » et avons proposé de construire deux écoles, dont une en centre-ville puisque ce quartier est dépourvu d’école élémentaire publique. Nous avons même proposé un emplacement précis.
Mais le maire s’est mis alors à faire comme il en a pris l’habitude ensuite, c’est-à-dire passer en force, accusant, mensongèrement, ses contradicteurs d’être opposés à la reconstruction de l’école et maniant le chantage.
L'ancienne école du centre ...
Et c’est pourquoi, il n’y a toujours pas d’école élémentaire publique dans le centre ville. L’école de 18 classes prenant beaucoup de place, cela étant aggravé par la conception architecturale, on a ainsi dû supprimer, sans véritable solution alternative, les locaux du service des parcs et jardins
(que l’on a finalement « jeté » au centre technique municipal en prenant les locaux des agents de la propreté.
On a rapetissé considérablement la place publique du quartier de la Dhuys qui aurait dû être réalisée devant l’école et qui est réduite comme peau de chagrin. On a renoncé à créer un espace public pour les jeunes du quartier. Et, cerise sur le gâteau, on a mis une salle de boxe en lieu et place du centre socio-culturel de quartier pourtant promis dans le programme municipal (mais comme on sait les promesses n’engagent que ceux qui y croient).
Pourtant, le conseil de quartier (ça existait de 2002 à2007) avait obtenu des engagements.
Et en plus, se greffe sur tout ça le terrible scandale du dérapage financier. On s’est « aperçu » que le projet, qui devait coûter 18 millions, en coûtait finalement 35 ! Comment expliquer un tel dérapage de 17 millions d’euros ? C’est d’ailleurs chose courante sous la gestion Everbecq puisque dans le même temps, on constatait que le coût du Château de l’Étang était multiplié par 3, passant de 900 000 euros à 2 millions 700 000 euros. On sait par ailleurs que l’Hôtel de ville, initialement estimé à 21 millions est passé à 40 millions d’euros.
Décidément, il se passe de drôles de choses dans la maison Everbecq-Lasseron-Allouache. À suivre.
Pour « compenser » (en partie) le coût de l’opération, l’idée est venue de construire un immeuble de rapport sur le petit morceau de terrain qui restait passage des Loriettes-avenue Gambetta.
La version initiale, présentée aux habitants en 2007, un petit immeuble (en bas à gauche) ...
Pourquoi pas ? Le problème, c’est que « l’appétit venant en mangeant », au lieu de construire un immeuble raisonnable (une trentaine de logements par exemple), le promoteur (Bouygues) et le maire à son service ont imaginé un immeuble, beaucoup trop grand et gros, de 100 logements, sur un terrain trop petit.
Cela entraîne des conséquences négatives sur l’école (une proximité insupportable entre l’immeuble et l’école) et sur le fonctionnement de l’avenue Gambetta. En effet, l’immeuble projeté passe outre le retrait que respectent tous les bâtiments réalisés depuis 60 ans sur l’avenue. Ainsi, l’extrême étroitesse du trottoir perturbera le fonctionnement des commerces, les circulations piétonne, cycliste et automobile. D’où la contestation du projet Bouygues par les riverains et l’association « Bagnolet Ecologie ». À suivre également.
L’histoire de la nouvelle école Joliot-Curie, de la suppression du service des Parcs et jardins, des engagements non tenus vis-à-vis du conseil de quartier (notamment la maison de quartier, la place du quartier et le parc public pour les jeunes), de l’énorme immeuble Bouygues, de la salle se boxe supprimant la Maison de quartier (….) est fort instructive. Et encore nous n’abordons pas tous les problèmes comme par exemple le non-aménagement des trottoirs avenue de la Dhuys et le maintien des préfabriqués de la cantine rue des Loriettes. Sans parler de la mise en danger des usagers de l’école pendant le chantier …
On voit combien l’encore-maire ment quand il cite l’école Joliot-Curie comme le point fort de son bilan. (C’est sûr que comparé au scandale de l’Hôtel de Ville, au moins, là, c’est une école …)
Pierre Mathon.