L’école Joliot-Curie a ouvert ses classes en 1960 ou 61 et ce n’était vraiment pas une grande époque pour l’architecture … mais bon.
Les enfants du quartier de la Dhuys ne sont plus allés au groupe Travail (qui allait devenir collège) et ceux du centre ville ont perdu leur école qui s’est transformée en centre administratif.
Oui, ce n’était pas une grande époque de l’architecture et de l’urbanisme et les élus n’étaient pas particulièrement « regardants ». C’est celle qui a vu s’édifier les barres et les tours dans le quartier des Malassis et trois écoles « copiées-collées» : Jean Jaurès dans le Plateau, Langevin dans centre-sud et Joliot-Curie dans le Dhuys.
Moins de vingt ans après, la maternelle, qui ne comporte qu’un niveau, fort mal fondée, sur un sol argileux, glissait régulièrement vers l’avenue Gambetta. Des tentatives régulières de « confortation » n’ont pas réglé le problème.
Il aura fallu que les carreaux des fenêtres tombent dans l’école (heureusement la nuit) pour que des travaux sérieux (extrêmement coûteux) soient entrepris pour la retenir et la stabiliser.
Parente d’élève, je me souviens de l’angoisse des parents ainsi que de celle des enseignants.
De son côté, l’élémentaire (trois niveaux), également mal fondé sur un sol tout autant argileux, était traversée par des fissures qui allaient s’élargissant au fil des années sous les effets successifs du gonflement et de la rétractation du sol.
J’étais responsable des parents d’élèves dans les années 80 puis 90 et nous avions entrepris de nombreuses et difficiles démarches envers la municipalité pour obtenir des informations techniques sur ces désordres, la pose de « témoins dynamiques » pour surveiller les mouvements et le colmatage de ce qui était devenu une vraie brèche. Nous réclamions déjà la reconstruction de l’école.
Ainsi la décision de la reconstruire, à laquelle j’ai participé, comme élue verte dans la dernière mandature, s’est inscrite dans la vigilance renouvelée de plusieurs générations de parents.
Malheureusement les conditions dans lesquelles la démolition-reconstruction de l’école a été entreprise : sans que l’on prenne la mesure des problèmes que pose un chantier en site occupé et des nuisances que cela comporte.
Les inquiétudes (justifiées) des parents pour leurs enfants, suite à l’écroulement, qui aurait pu être encore plus dramatique, d’une partie du toit de la classe, tout cela me ramène plusieurs années en arrière, à l’angoisse qui nous avait saisis lorsque nous avions découvert les carreaux qui s’étaient brisés dans l’école maternelle. Cela me ramène aussi à la vigilance nécessaire face aux déclarations officielles « rassurantes » et aux avis des « experts techniciens » et aux combats que nous avons menés.
Tout cela est encore d’actualité alors que la génération des enfants de l’époque est celle des parents d’aujourd’hui.
Hélène Zanier