L’agriculture biologique progresse difficilement en Ile de France. Malgré les obstacles.
Il y faut toute la ténacité des conseillers régionaux Verts et en particulier d’Anny Poursinoff et de Michel Vampouille.
Voici l’article du Parisien de vendredi 21 novembre qui en rend compte.
« Un coup de pouce aux agriculteurs bio
La région veut soutenir les exploitants qui passent au bio. Reste à trouver des terrains. A Flins, le projet de circuit de F 1 contrarie cette initiative.
L’ILE-DE-FRANCE passe au bio. Hier, les conseillers régionaux d’Ile-de-France ont tous reçu vingt propositions destinées à développer ce type d’agriculture, concoctées par Anny Poursinoff, élue des Verts. Un volontarisme qui couvre mal une réalité morose : avec moins d’1 % de sa surface occupée par les producteurs bio, l’Ile-de-France est l’une des régions les moins vertes de France, et même d’Europe.
« C’est le manque de terrains qui pose le plus de problèmes, note Anny Poursinoff. Nous devons mobiliser les communes car, chaque année, des volontaires au bio quittent l’Ile-de-France. »
« Lotissements » et « couveuses »
Alors, pour les faire rester, la région invente les « lotissements » : l’installation de plusieurs maraîchers sur un même terrain. La gestion et les investissements relèveront d’une coopérative regroupant les producteurs, la municipalité et les consommateurs locaux. Et les petits nouveaux ? En « couveuse » ! Développé par le réseau francilien des Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), ce projet consiste à accueillir des stagiaires en attente d’une exploitation à reprendre, auprès de producteurs confirmés, pour leur apprendre les ficelles du métier. Bien avancée, cette initiative intéresse déjà une dizaine de jeunes agriculteurs. Mais il manque de villes prêtes à pouponner. « Nous avions trouvé 50 ha dans les Yvelines entre Flins et Les Mureaux, et on a préféré à cette initiative un projet de F 1 ! soupire Michel Vampouille, vice-président Verts en charge du développement durable. Mais nous avons des contacts intéressants en Essonne et dans le Val-de-Marne. »
Christel Brigaudeau Le Parisien »
Pour information complémentaire :
« Rapport sur l’Agriculture Biologique en Ile-de-France, par Anny Poursinoff
13 novembre
Anny Poursinoff a été chargée par le Président Huchon d’une mission sur l’agriculture biologique en Ile-de-France. Objectifs : identifier les freins au développement de l’agriculture bio, créer du lien entre les acteurs et soumettre des propositions. Dans ce cadre, Anny Poursinoff a remis un rapport au Président en novembre 2008. Vous trouverez le résumé ci-dessous, mais le rapport in extenso est disponible sur demande à Jean-Marie Bouguen, collaborateur du groupe (jean-marie.bouguen@wanadoo.fr).
L’agriculture biologique, une contribution majeure à l’Ecorégion
L’agriculture biologique est devenue un sujet incontournable du débat social. Les Francilien/nes expriment une forte attente pour avoir accès à une alimentation biologique produite localement. La lutte contre la dégradation radicale des milieux naturels, l’épuisement des ressources et le changement climatique, est maintenant une priorité politique. De fait le mouvement en faveur de l’agriculture biologique est mondial. A contrario de la France les politiques menées par nos voisins européens ont permis depuis plusieurs années le démarrage marqué de ces productions pour répondre à la consommation des produits bio en très forte croissance. Le Grenelle de l’Environnement organisé par le Ministère de l’Ecologie en 2007 a manifesté une évolution des décideurs politiques en soutenant l’objectif de tripler les surfaces en AB en France d’ici 2012, de 2 à 6% de la surface agricole nationale, afin de répondre à la demande française. L’ensemble des structures pour l’agriculture, de la formation agricole à la recherche agronomique, doivent se mobiliser. Le Conseil Régional d’Ile de France a voté en 2007 la motion visant à tripler les surfaces bio régionales : cela implique de passer de 0,8% de la surface agricole à 2,4%, de 4400 ha à 13 000 ha. Or les producteurs biologiques sont actuellement 84. Leur activité est absolument marginale vis-à-vis des filières du territoire. Les conversions à l’AB sont freinées par le manque d’entraînement des groupements économiques, la résistance psychologique des agriculteurs vis-à-vis de la technique bio et des incitations financières insuffisantes pour couvrir le risque. Le dynamisme de l’AB est impulsé depuis quelques années par l’installation de maraîchers bio selon le format des Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne. Pour ces agriculteurs, l’accès au foncier d’une part, un déficit de maîtrise technique d’autre part sont problématiques. Les potentiels en élevage, en arboriculture existent mais sont encore restreints. Dans le cadre de cette mission la concertation avec les acteurs du monde agricole organisé au mois de mai par la Région et l’Etat a rencontré un grand succès : sous forme d’ateliers de la bio et d’un forum bio régional, elle a permis de faire émerger de nombreuses propositions d’actions qui ont fait l’objet d’une analyse dans ce rapport. A travers l’engagement futur des services régionaux, il est demandé en Ile de France un renforcement des formations à l’AB, quasi inexistantes, et la mobilisation importante de la recherche-développement par le biais des DIM et en dotant la région d’une plateforme scientifique dédiée. L’accompagnement des candidats à l’installation ou des agriculteurs en conversion exige un réseau d’accompagnement renforcé. Les collectivités doivent être accompagnées pour valoriser leur foncier disponible avec des dispositifs innovants : couveuse, lotissements AB. En accord avec les objectifs environnementaux du SDRIF, l’AB représente un outil d’aménagement sur les territoires pour la qualité de l’eau, la biodiversité, mais aussi la vitalité socio-économique : il appartient aux chambres d’agriculture de placer enfin l’AB au cœur de leurs efforts avec les agriculteurs. Enfin des actions structurantes au niveau des filières économiques sont indispensables. En plus du pain « bio d’Ile de France »®, deux nouvelles filières sont proposées. La commande publique liée à l’introduction de repas bio en restauration collective scolaire apparaît comme un levier déterminant. Ces objectifs sont partagés avec l’Etat, responsable de la politique agricole. Un plan concerté englobant l’ensemble des démarches partenariales pourra être engagé dès 2009. Il est demandé en conséquence une volonté régionale forte pour engager les moyens adéquats, participant à l’essor de l’agriculture biologique et à la mise en œuvre de l’Ecorégion. »
commenter cet article …