Les budgets communaux sont en pleine préparation dans nos communes. Voici l’article que le Parisien consacre à la préparation de celui de Montreuil où la nouvelle équipe, confrontée à l’héritage « lourd » de la gestion précédente, a choisi de jouer la transparence.
À lire en pensant au budget communal de Bagnolet où l’opacité habituelle est de rigueur, ce qui n’empêche pas les problèmes d’exister…
Nous en reparlerons.
Pierre Mathon
« Les finances de Montreuil dans le rouge
La situation de la ville est inquiétante. La sénatrice-maire verte Dominique Voynet se refuse à augmenter les impôts, mais des projets pourraient être différés.
C’est désormais officiel. En proie à d’importantes difficultés financières, la ville de Montreuil vient d’être placée en réseau d’alerte par le préfet de Seine-Saint-Denis. C’est l’un des voyants préalables à la mise sous tutelle d’une commune (voir ci-dessous). L’adjoint au maire chargé du budget, Emmanuel Cuffini l’a annoncé jeudi soir lors du conseil municipal.
Un second audit présenté par le cabinet Ernst & Young a confirmé les finances calamiteuses de la ville.
- « Impasse financière ». C’est la conclusion tirée par le cabinet d’experts sur la situation de la ville au 31 décembre 2007. Malgré un assainissement des finances entre 2001 et 2006, grâce notamment à l’augmentation des impôts et de la taxe professionnelle, la situation s’est nettement dégradée en 2007, où les dépenses de fonctionnement ont bondi de 10 %. Les dépenses en personnel ont gagné 8 % (soit 6,4 M€ de plus) et les subventions aux associations ont connu une hausse de 7,2 %. « Certaines associations ont vu leur dotation multipliée par quatre », s’insurge la sénatrice-maire (Verts), Dominique Voynet, qui accuse son prédécesseur Jean-Pierre Brard de « dérapages préélectoraux ». Quant à l’investissement, il est passé de 18 M€ en 2001 à 56 M€ en 2007. En parallèle, la dette de la ville s’est accrue de 23 M€. « Nous avons financé la fin de nombreux chantiers, comme le théâtre, la piscine, plusieurs écoles, l’église », énumère l’intéressé, qui souligne avoir aidé les associations « suite au désengagement de l’Etat ».
- Voynet refuse d’augmenter les impôts. Dès lors, les marges de manœuvre sont faibles pour la nouvelle municipalité. « Je refuse d’augmenter les impôts », martèle la maire. Selon l’audit, pour retrouver une capacité d’investissement de 30 M€, le minimum pour une ville de 100 000 habitants, la ville devra économiser au moins 5 M€ sur le budget de fonctionnement de 2009.
- Des propositions le 6 novembre. Un chantier s’ouvre entre les différents services de la mairie avec, pour échéance, le débat sur l’orientation budgétaire prévu au prochain conseil municipal, le 6 novembre. D’ici à cette date, des propositions seront faites pour faire des économies. Et même si 55 % du budget de fonctionnement est absorbé par les salaires des agents, pas question de toucher aux emplois, rassure-t-on au cabinet de la maire, où l’on promet déjà « aucun licenciement sec ». Enfin, certaines opérations coûteuses pourraient « peut-être être étalées dans le temps », estime-t-on.
Le Parisien 27 septembre 2008. Marjorie Corcier »