Le comité de soutien du collectif des Rroms bulgares de Bagnolet s'inquiète de l'annonce par la mairie de l'expulsion des familles qui élèvent leurs enfants dans notre ville.
Le comité de soutien a demandé audience au Maire de toute urgence.
Ci-après le communiqué de presse du comité de soutien :
*Il y a un an, un foyer pour travailleurs s’ouvrait à Bagnolet, accueillant 80 Rroms de Bulgarie, présents depuis quatre ans sur la commune. Au même moment, le maire promettait aux 12 familles rroms restantes une solution adaptée à leur situation et les hébergeait dans un hôtel en attendant. Les enfants ont été scolarisés à Bagnolet et aux alentours. Le vendredi 11 juillet, trois employées de la mairie ont annoncé à ces familles que la seule possibilité pour elles de rester c’était de renvoyer leurs enfants en Bulgarie et d’intégrer le foyer, les mettant en garde que toute mobilisation à la mairie donnerait lieu à une intervention de la police.*
Les Rroms de Bagnolet habitaient un bidonville, rue des Blancs Champs qui a brulé une nuit de décembre 2004. Au petit matin ils sont tous allés à la mairie et le maire Marc Everbecq a décidé de les reloger au "Château de l'Etang", un centre de loisirs désaffecté en haut de la rue Sadi Carnot et de l'avenue Gambetta (proche des Lilas). Ils y sont restés trois ans en totale autogestion et autonomie de vie. Ces locaux provisoires n'étaient pas adaptés à héberger des gens durablement et la mairie, appuyée par le Haut Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, s’est alors lancée dans un projet de relogement financé à quasi 80 % par le Conseil régional d’Ile de France. En juillet 2007, les Rroms étaient relogés pour 80 d’entre eux dans un « foyer de travailleurs type Algeco » avec cuisine et salle commune en dur, situé au 133 avenue Gallieni vers la porte de Bagnolet.
Les autres, ceux qui avaient leurs enfants (douze familles c'est-à-dire 23 adultes avec 24 enfants) ont été hébergés à l'hôtel à la porte de Montreuil en attendant une solution durable et adaptée à leur situation, promise par le maire (le maire avait pourtant « promis de mettre en place un projet d’insertion pour les couples avec enfants » (/Le Parisien/ du 27 juillet 2007). C’est suite à cette promesse que les enfants ont tous entamé une scolarisation dans le département, qui s’est déroulée de manière très satisfaisante : certains dans des écoles primaires (Jules Ferry à Bagnolet- Jean Jaurès à Montreuil), d'autres au collège Travail à Bagnolet, d'autres enfin à Drancy et à Bobigny. Aujourd’hui il y a deux femmes enceintes parmi ces familles. Vendredi, trois salariées de la mairie sont venues annoncer à ces familles « qu’elles seraient expulsées de l’hôtel le 26 juillet au matin », « qu'ils pourraient être relogés au foyer s'ils renvoyaient leurs enfants en Bulgarie », et qu’ils « pourraient alors rentrer dans un projet Mous» (Maitrise d’œuvre urbaine et sociale) signée avec la préfecture. « S'ils refusent de se séparer de leurs enfants, ils ne participeront pas au projet d’intégration sociale » et « s’ils manifestent devant l’hôtel de ville, la mairie appellera la police ».
Pourquoi avoir attendu un an en ne leur apportant aucune solution sérieuse et en ne leur faisant aucune proposition pour qu’ils puissent rester avec leurs enfants, comme cela leur avait été promis? Pourquoi précipiter les choses en leur posant un ultimatum de quinze jours cet été, période où une bonne partie des élus, des employés communaux et de la population est en vacances ? Qui va s’occuper des enfants en Bulgarie s’ils y sont renvoyés ? Cette exigence de séparation des parents de leurs enfants n’est-elle pas contraire à l’article 8 de la Convention européenne des Droits de l’Homme et à la Convention relatif au droit à la vie familiale et à la Convention internationale des droits de l’enfant, qui pose comme critère de toute mesure l’intérêt de l’enfant ? Que deviendraient ces enfants après une scolarité, dans le meilleur des cas morcelée et, plus vraisemblablement, précocement interrompue ? N’y aurait il pas la même logique de politique migratoire que celle de l’Etat français qui souhaite aujourd’hui une immigration de travail et non familiale ?
Les Rroms sont prêts à lutter pour ne pas se séparer de leurs enfants et trouver une solution durable à leur situation. Ils ont besoin de soutien afin que, comme le déclarait M. le maire au conseil municipal du 23 février 2006 à propos de ce projet social: « cette action permette à chacun d’entre nous de s’élever et de se mettre sur le chemin de l’honneur et de la dignité ».