Le projet virtuel de téléphérique pour la Noue : un leurre (ou un rêve ?) qui fait couler beaucoup d’encre
Puisque tout le monde en parle, il n’y a pas de raison que les écolos n’en parlent pas aussi.
Tout d’abord, il convient de préciser que ce projet de téléphérique est un projet de transport en commun qui vise à améliorer les conditions de transport des habitants de la Noue en leur permettant d’accéder plus rapidement et avec une meilleure fréquence chez eux.
Tordons le cou à la crainte de porter atteinte à l’environnement puisqu’au conseil municipal du 3 avril un élu vert du groupe PS-alternative à gauche a fait état de l’incompatibilité qu’il y aurait entre le téléphérique virtuel et le classement « Natura 2000 » du parc départemental. Même si le zèle écolo des nouveaux convertis est plutôt sympathique, cette crainte est fondée sur une méconnaissance du dispositif européen « Natura 2000 » et de la convention qui lie dans ce cadre le Département et l’Europe pour l’ensemble des parcs départementaux. D’autant que ce dont il est question ici, c’est tout au plus de la suppression de quelques dizaines de m2 de pelouse le long de l’autoroute, pour y implanter un pylône. En terme de biodiversité, cela ne représente pas, convenons-en, une grande perte (cela fait penser à l’opposition à l’installation rue Sadi-Carnot de la station de mesure Airparif de la part du maire-adjoint sortant PS à l’environnement au motif que quelques m2 de gazon allaient être sacrifiés…cette opposition encouragée par les tergiversations du maire a quand même retardé l’installation de la station de plus d’un an).
Ce projet de téléphérique, c’est aussi la part de rêve qui est en nous. Je me souviens d’une discussion en 2001 au cours de la campagne électorale (c’était je crois dans un café du centre ville) où Catherine Oresve et Hélène Zanier avaient défendu l’idée d’un funiculaire pour monter à la Noue. J’étais pour ma part plus réservé pour des raisons de faisabilité financière. Cette idée, ce rêve, a vraisemblablement cheminé dans d’autres têtes. Nous en avons en particulier parlé avec Philippe Darteil, directeur de la SEM-Pact (chargée de l’aménagement du quartier de la Noue), qui est aussi un grand rêveur. Que le maire sortant se soit saisi de cette idée de téléphérique pendant la campagne électorale avec des arrière-pensées électoralistes en phase avec sa mégalomanie, c’est certain, mais si j’ai des griefs de fond à lui faire il ne me viendrait pas à l’idée de lui reprocher sa part de rêve.
Sans cette part de rêve qui est en nous tous, la vie serait bien triste …
Maintenant, reposons les pieds sur terre et regardons la réalité en face.
Selon l’étude d’Egis-rail , la réalisation du téléphérique est faisable techniquement et bénéficierait d’une clientèle potentielle suffisante. Elle représenterait cependant 8 520 000 euros en investissement pour un coût d’exploitation annuel de 925 000 euros. Alors même que la ligne 122 de la RATP assure le même trajet.
Notre conclusion : dans le contexte actuel du financement des transports et compte tenu des priorités qui sont loin d’être satisfaites, ce projet est tout simplement irréalisable.
Sauf bien sur, s’il y avait à la Noue une création d’équipement très attractif qui rentabiliserait l’investissement, ce qui n’a jamais été envisagé.
En attendant, concentrons-nous sur les aménagements réellement réalisables et mobilisons-nous contre les projets bétonnants qui sont malheureusement eux loin d’être virtuels.
Pierre MATHON
(notre photo : le funiculaire de Valparaiso)
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