« Pantin : à cause des dealers, leur immeuble « est devenu une zone de non-droit »
Des riverains de la cité Scandicci, exaspérés par le trafic de drogue qui gangrène leur quartier, lancent un cri d’alerte auprès des autorités.
Ghislaine (*) habite au 10-12 rue Scandicci, près de la porte de Pantin et des ateliers de l’enseigne de luxe Hermes. Chaque matin, elle assiste impuissante à la mise en place du trafic de stupéfiants au pied de l’immeuble de 15 étages : une mécanique bien huilée. « Vers 11 h 30, le chef place ses hommes, une dizaine au total. L’un se trouve devant la porte d’entrée, affalé sur un fauteuil. Un autre surveille les allées et venues. Puis c’est le défilé de clients jusqu’à 2 heures du matin… »
La situation dure depuis trois ans : « C’est un appel au secours qu’on lance, on se sent abandonnés. Pour seule réponse, le bailleur nous dit de nous asseoir en bas et d’occuper le terrain ! », raille Ghislaine.
Le quartier de « l’Ilot 27 », organisé autour d’une dalle, est un terrain favorable aux dealers. « Il est ouvert à tout vent, il favorise la planque et permet de se faufiler d’une rue à l’autre », constate le maire de Pantin Bertrand Kern (PS).
Un kilo de résine saisi en juin
Les locataires du 10-12 rue Scandicci « sont tétanisés par ces voyous que l’on ose à peine regarder en rentrant chez nous. Personne ne dit rien, par peur des représailles, d’autant que les dealers habitent l’immeuble ! », pointe Ghislaine, qui ne dort plus dans sa chambre donnant sur la cour.
Une autre locataire, Karima (*), n’invite plus ses amis. « J’ai trop honte. Ils contrôlent les gens qu’ils ne connaissent pas à l’entrée ». Même si le quartier n’est pas classé en zone de sécurité prioritaire, il bénéficie « d’une attention particulière des forces de police. 70 opérations ont été menées depuis le début de l’année avec plusieurs interpellations, dont deux ont eu lieu au mois de juin avec la saisie d’un kilo de résine de cannabis dans l’immeuble », révèle une source policière.
Ghislaine ne nie pas cette présence mais doute de son efficacité : « Les dealers s’enfuient le temps de l’intervention, puis reviennent. Ce sont eux qui font la loi, c’est devenu une zone de non-droit », déplore-t-elle. Malgré tout, elle ne souhaite pas quitter son quartier : « Il n’y a pas de raisons qu’on s’en aille ! Déménager, c’est démissionner. »
En 2016, le bailleur Coopération et Famille indique avoir investi 140 000 € , notamment pour des vigiles. « La vidéosurveillance a été installée avant d’être vandalisée au mois de juillet », précise la direction, qui compte investir la même somme en 2017 pour « renforcer les ventouses sur les portes de halls, et installer un dispositif de sécurité sur l’ascenseur pour les personnes extérieures à la résidence». La direction générale affiche aussi sa volonté à « procéder à l’expulsion des familles reconnues coupables de trafic de stupéfiants».
(*). Les prénoms ont été changés »