Vêtus de jupes, un groupe d'hommes a dénoncé samedi 21 février 2015, à Istanbul, le viol et le meurtre d'une étudiante ,Özgecan Aslan, à Mersin la semaine dernière, qui a provoqué une vague d'indignation en Turquie contre les violences faites aux femmes. Une vingtaine d'hommes se sont rassemblés sous les regards curieux des passants sur la grande rue piétonne d'Istiklal qui mène à la célèbre place de Taksim, sur la rive européenne de la mégapole. Des policiers avaient été mobilisés pour encadrer la manifestation annoncée par un collectif sur les réseaux sociaux.
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« Ce n'est pas qu'une histoire de femmes, là où les femmes ne peuvent pas se sentir libres, bientôt les hommes ne se sentiront pas libres non plus », a expliqué Mustafa Solay, un des participants de la manifestation. Bulut Arslan, un autre manifestant, a indiqué qu'il était venu « parce qu'au sein de la société les femmes subissent de nombreuses violences et cela fait du mal à toute la société en général ».
Le meurtre d'Özgecan, 20 ans, violée, assassinée et brûlée par trois hommes, a provoqué une vague d'indignation sans précédent dans le pays, et des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les grandes villes de Turquie contre les violences faites aux femmes. Samedi encore, plusieurs centaines de manifestants ont défilé à Besiktas, dans un autre quartier d'Istanbul, scandant « Dis non à la violence frappant les femmes! ».
Mis en cause, le gouvernement islamo-conservateur a promis de punir les auteurs des faits. L'opposition et les mouvements féministes reprochent au président Erdogan et aux membres de son parti, au pouvoir depuis 2002, d'entretenir les violences contre les femmes par leurs préjugés religieux, traduites dans des reculs de la laîcité et des droits des femmes.
L’élite turque démocratique fait montre de clairvoyance en dénonçant le lien organique existant entre l’idéologie islamiste mortifère mise en œuvre par le gouvernement turc et la montée en puissance des violences faites aux femmes.
Ils font aussi preuve de clairvoyance en affirmant que le critère du sort réservé aux femmes – et aux enfants - dans un pays, est un indicateur qui mesure l’ensemble de la société.
Hélène Zanier