La procureure adjointe de la République d’Amiens a requis mardi 28 octobre de deux à quatre mois de prison avec sursis à l'encontre du porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, et de quatre autres militants, auteurs de l’action symbolique de démontage de la ferme-usine et poursuivis pour des dégradations sur le site de l’ « usine des mille vaches » implantée à Drucat, dans la Somme. La magistrate a également appelé à sanctionner ce qu’elle a appelé les faits de vol et de recel et a requis une amende de 1 000 euros pour refus de prélèvement ADN.
Comme l’a reconnu la procureure adjointe, le dossier est « éminemment politique ». Elle a estimé que l'importance de ce qu’elle a appelé des « dégradations » – mentionnant en particulier la mise hors service la machine de traite en mai – appelait à sanction.
Des centaines de personnes étaient venus soutenir*les neuf membres de la Confédération paysanne qui comparaissaient devant le tribunal correctionnel. Une manifestation s'est tenue toute la journée aux abords du palais de justice d'Amiens. Des tracteurs ornés de panneaux dénonçant l'élevage industriel et des centaines de personnes sont venues soutenir les militants jugés.
Les neuf militants de la Confédération paysanne ont été finalement condamnés à des peines allant d'une simple amende à 5 mois de prison avec sursis dans le dossier de la ferme des 1.000 vaches. La peine la plus forte a été prononcée contre le porte-parole du syndicat, Laurent Pinatel, qui a été condamné à cinq mois de prison avec sursis et 300 euros d'amende.
Cinq autres et un cinquième poursuivi pour vol, lors d'actions menées en septembre 2013 et en mai 2014, ont également reçu des peines de prison d'au moins deux mois avec sursis. Quatre des six militants en question, dont M. Pinatel, devront s'acquitter d'une amende de 300 euros, tout comme leurs trois camarades qui étaient poursuivis pour refus de prélèvement d'ADN.
Dans une première réaction à ces condamnations, L. Pinatel a dénoncé «deux poids, deux mesures» qui frappent les membres de son syndicat, en rappelant que la destruction du centre des impôts et du bâtiment de la mutualité sociale agricole à Morlaix par des légumiers en colère n'avait pas fait l'objet de poursuites.
Pierre Mathon
* Le communiqué d’EELV du 27 octobre :
Demain à Amiens, Valentin Sic, Thierry Bonamour, Olivier Lainé, Dominique Henry, Morgane Laurent, Elina Bouchet, Pierre-Alain Prévost, Manu Aze, Laurent Pinatel, les 9 militants de la Confédération Paysanne accusés d’avoir dégradé le chantier de la ferme des 1000 vaches, sont convoqués devant le tribunal. Il est important que la mobilisation soit grande, c’est la raison pour laquelle EELV appelle à être présents nombreux et nombreuses, demain toute la journée, devant le tribunal d’Amiens.
Barbara Pompili, députée EELV, co-présidente du groupe à l’Assemblée Nationale, sera convoquée pour sa part en tant que témoin. Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale, Karima Delli députée européenne prendront la parole au nom d’EELV. De nombreux militant-e-s seront présent-e-s parmi lesquels José Bové député européen.
La ferme des 1000 vaches est une ineptie dangereuse pour les paysans et pour la viabilité des petites exploitations. Pour la première fois dans l’histoire de notre système agricole, notre nourriture ne sera plus produite dans des fermes mais dans des usines. Il s’agirait là d’un tournant historique que nous ne voulons absolument pas prendre. En bradant le prix du lait, la ferme-usine des 1000 vaches provoquera des fermetures d’exploitations plus petites qui ne peuvent pratiquer les mêmes prix. Enfin la méthanisation n’a pas besoin d’aussi grandes exploitations pour se développer, utilisons plutôt nos déchets (nous avons beaucoup trop) que nos vaches pour produire du gaz.
EELV par la voix de nombreux militant-e-s ira demain dire son opposition ferme à l’industrialisation sans limite de l’élevage et de l’agriculture.
Nous réaffirmons notre soutien aux 9 militants convoqués, aux 5 grévistes de la faim et continuerons à porter sans relâche et à tous les échelons institutionnels, de la commune à l’Europe, une agriculture qui respecte les hommes, les animaux et la nature. Une agriculture organisée autour de circuits courts, d’exploitations de taille raisonnable et de paysans.
La ferme usine des 1000 vaches comme le barrage de Sivens ou Notre-Dame-des-Landes appartient à ces grands projets tellement inutiles qu’il est urgent de s’en passer.
Sandrine Rousseau et Julien Bayou, porte-parole nationaux EELV »
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