Nous publions ci-dessous la réponse de l’association Citoyenneté en actes à Bagnolet à la réponse de Tony di Martino à sa lettre. Nous publions –en « feuilleton de l’été » – les réponses de di Martino avec nos commentaires.
À suivre.
« Bagnolet le 25 juillet 2016
Monsieur le Maire,
Au nom de L’association Citoyenneté en Actes à Bagnolet, je vous remercie d’avoir répondu avec consistance à notre courrier en 11 questions. Ces réponses, qui parfois n’en sont pas, suscitent plusieurs commentaires et soulèvent d’autres questions que vous trouverez ci-après. Pour la clarté de nos échanges, nous rappelons d’abord les questions posées.
1. Question posée (n°1) : Est-il vrai que le projet d’école confessionnelle musulmane est soutenu par un ou plusieurs membres de votre majorité ? Si c’est le cas, partagez-vous ce soutien ? Ce projet a-t-il fait l’objet d’un débat au sein de votre majorité, et si oui, quelle est la position que vous avez arrêtée ?
En répondant au nom de la municipalité, vous évitez notre question qui portait sur « un ou plusieurs membres de votre majorité ». Nous notons que la municipalité en tant que telle ne soutient pas, jusqu’à présent, un tel projet. Nous renouvelons donc notre question. Quant à votre affirmation qui déclare que prendre position pour ou contre la création d’une école confessionnelle à Bagnolet serait « illégale », nous sommes stupéfaits. Jusqu’à preuve du contraire, la liberté d’opinion est garantie en France, même pour les questions religieuses. De plus, le parti socialiste dont vous êtes adhérent s’est de tout temps fait le défenseur de l’Ecole Laïque qui est, et doit demeurer l’école de tous les enfants, sans exclusive. Nous reformulons donc notre question : « Etes-vous favorables à la création d’une école musulmane à Bagnolet ». Répondre à cette question ne vous fera courir aucun risque juridique !
2. Question posée (n°2) : Est-il vrai que l’un des membres du personnel municipal a pris la liberté de donner accès à une salle municipale, sans autorisation, pour permettre la tenue d’une réunion au sujet de cette école ?
Une nouvelle fois, vous semblez vouloir manipuler les faits en faisant appel au témoignage de Jocelyne Riou afin de laisser entendre que cette réunion n’aurait pas eu lieu. Or, et vous ne pouvez l’ignorer, des témoins dignes de foi ont vu de nombreuses personnes pénétrer dans les locaux après 20h30, ce qui ne contredit pas les témoins que vous citez. Oui, cette réunion a bien eu lieu, c’est incontestable ; nous renouvelons donc notre question.
3. Question posée (n°3) Est-il vrai que des locaux municipaux sont ou ont été utilisés régulièrement et sans autorisation comme lieux de prière ?
Nous prenons donc acte du fait que de telles pratiques aient eu lieu dans la précédente mandature et nous réjouissons que ces pratiques aient en partie cessé. Nous sommes tout de même surpris qu’elles n’aient pas disparues partout et nous souhaitons être informés des suites des situations « en cours de règlement ».
4. Question posée (n°4) : Vous n’êtes pas sans ignorer que des guetteurs occupent la proximité du centre de quartier de la Fosse aux Fraises. Que comptez-vous faire pour changer cet état de fait ?
Nous prenons acte de votre réponse, même si les actions entreprises que vous citez ont un impact assez indirect.
5. Question posée (n°5) : Que comptez-vous faire pour lutter contre l’affaissement évident des activités proposées au centre de quartier Pablo Neruda ?
Nous prenons acte de votre réponse et nous serons vigilants sur l’amélioration du centre.
6. Question posée (n°6) : Est-il vrai que des élus de votre majorité ont fait des demandes de création de cours de fitness réservés aux femmes, ainsi qu’il a en a été porté témoignage lors de la soirée « Laïcité, religion, parlons-en ! », ou d’aménager des horaires spécifiques pour les femmes à la piscine municipale, et quelle est la position de la majorité municipale sur ces tentatives de remise en cause de la mixité ?
Votre réponse confirme nos informations sur l’existence de ces demandes de créneaux séparés, et nous apprécions votre position ferme sur la mixité. Cependant, votre formule très politiquement correcte « diverses confessions » nous inquiète, sauf à nous expliquer quelle autre confession, en dehors de certaines mouvances de l’Islam, prône la non mixité des activités. Cette précaution de langage traduit, selon nous, une volonté de ne pas froisser les religieux. Mais les laïques ont-ils droit à tant d’égards ? Et ne pensez-vous pas que débat public gagnerait en qualité si les opinions des uns et des autres s’affichaient clairement, d’autant que de nombreux religieux musulmans ne partagent pas cette demande.
Enfin, vous affirmez avoir revu « avec l’ensemble des protagonistes » la question du cours de fitness, alors que vous n’avez pas reçu la responsable du cours. Ce n’est pas, une fois encore, en tentant de nier les faits que les pratiques changeront.
7. Question posée (n°7) : « Est-il vrai qu’un projet de vente du terrain de la mosquée de la rue Hoche est à l’étude, si oui, pour quelles raisons cette solution serait-elle préférée au bail emphytéotique actuel ?
Votre réponse confirme donc publiquement qu’un tel projet existe. Certes, vous ne vous engagez pas sur le montant inique proposé par Marc Everbecq, mais le fait que vous ayez fait procéder à une évaluation par France Domaines apporte la preuve que vous avez l’intention de vendre. Sinon, à quoi bon procéder la faire ? Nous vous demandons donc :
a. Quel intérêt (général) la municipalité a-t-elle de vendre un terrain municipal à une association religieuse ?
b. Quel but cette association poursuit-elle en vous proposant d’acheter ce terrain dès lors que le bail dont elle dispose lui garantit l’exercice du culte dans la mosquée pour la durée du bail qui sera, de manière certaine, reconduit ?
8. Question posée (n°8) : Est-il vrai que certains membres de votre majorité se soustraient régulièrement à leurs obligations d’officier d’état civil en cas de mariage homosexuel en se faisant remplacer par leurs collègues ?
Nous n’avons jamais affirmé que des mariages avaient été empêchés, ni que les remplacements entre adjoints sont condamnables. Votre réponse ne traite donc pas la question posée. Nous la renouvelons donc.
9. Question posée (n°9) : Nous avons été informés qu’un réalisateur de cinéma s’est fait racketter pour pouvoir filmer dans des cités de Bagnolet en toute sécurité et qu’un agent municipal s’est fait malmener en tentant de s’y opposer : confirmez-vous ces incidents ? Dans l’affirmative, ont-ils été signalés, et que pouvez-vous nous dire sur le suivi qui en est fait ; des agents municipaux sont-ils mêlés à ces pratiques ?
Nous prenons acte de votre réponse franche qui a le mérite de confirmer les faits. Bien entendu, ce racket nous inquiète d’autant plus que les témoins ne souhaitent pas s’exprimer : c’est en effet l’une des caractéristiques des situations mafieuses.
10. Question posée (n°10) : L’association des Nubiens de France qui occupe illégalement les locaux municipaux de la rue des Loriettes a-t-elle évacué les lieux, et sinon, avez-vous procédé à leur mise sous astreinte financière ainsi que le prévoit le jugement en référé à leur encontre ?
Nous prenons acte de votre réponse. Nous doutons cependant qu’une astreinte financière soit suffisante pour déloger l’association dans la mesure où elle continue à organiser des festivités dans les locaux dont elle tire probablement des revenus conséquents.
11. Question posée (n°11) : Instaurer un sursis à statuer dans le quartier des Coutures confèrera au Maire un pouvoir discrétionnaire sur tous les projets immobiliers. Ce permis à statuer concernera-t-il tous les projets ? Autoriserez-vous les propriétaires de la zone concernée à effectuer des travaux de rénovation de leur bien, et si oui, sur quels critères vous fonderez-vous pour accorder ces autorisations ? Comment comptez-vous apporter les garanties aux citoyens qu’ils seront traités équitablement ?
Vous affirmez dans votre réponse que « le périmètre n’a pas vocation à empêcher les propriétaires d’opérer des travaux de réhabilitation, d’entretien, ou d’embellissement de leurs logements ». Selon ces propos, vous affirmez donc que vous n’appliquerez pas le sursis à statuer aux propriétaires occupants qui déposent des demandes de permis pour les travaux mentionnés. De même, lors de la réunion publique du 30 juin, vous avez promis que chaque activation du sursis à statuer fera l’objet d’une concertation avec la population en amont. Pouvez-vous vous confirmer ces engagements ?
Nous vous remercions à nouveau d’avoir répondu à notre précédent courrier et nous espérons qu’il en sera de même pour celui-ci.
Recevez, Monsieur le Maire, nos salutations citoyennes.
Pour le bureau de l’association,
Gilles Wallis »