Une partie des Baras qui avait investis l’ex-local de campagne du Front de Gauche aux Lilas, rue Chassagnole vient d’en être expulsée. L’ensemble des Baras est donc de nouveau en errance, puisque l’immeuble ex-pole emploi rue Alazard à Bagnolet où ils se sont regroupés est sous le coup d’une expulsion.
Nous publions ci-dessous l’article du Parisien.FR de ce 31 août, suivi du point de vue d’André Maudet :
« Les Lilas - Bagnolet : des sans-papiers du collectif Bara à nouveau expulsés
Leur errance paraît sans fin. Une partie des squatteurs, pour la plupart maliens, expulsés il y a un an de l’usine Emerson à Bagnolet sont de retour dans cette ville. Ces sans papiers du collectif Bara — du nom de la rue qui accueille un foyer de travailleurs africains à Montreuil — ont, en effet, été délogés des Lilas où ils avaient trouvé refuge au mois d’août, après leur expulsion d’un bâtiment de la rue Carnot à Montreuil.
Après cette nouvelle évacuation, ils sont revenus auprès de leurs frères d’infortune restés à Bagnolet, dans les anciens locaux administratifs de Pôle emploi. « Les squats ne sont pas une solution durable. Nous demandons notre régularisation pour sortir de ce cercle infernal », insiste l’un d’entre eux. Un même message répété depuis de longs mois, qui semble vain.
Les premiers membres de ce collectif sont arrivés en France après avoir fui la Libye en guerre il y a plus de deux ans. Ils étaient une petite centaine au départ, d’abord accueillis au foyer Bara de Montreuil, avant d’occuper les locaux vides de l’usine Emerson à Bagnolet. Délogés la première fois l’été dernier, ils errent de squats en foyers Adoma ou chez des habitants de Bagnolet et Montreuil qui leur apportent leur soutien.
Le collectif estime représenter 250 à 300 personnes.
Marie-Pierre Bologna »
André Maudet, le 31 août sur les migrants en général et les Baras de Bagnolet en particulier :
« Migrants
Manuel Valls se rend le 31 aout 2015 à Calais lieu emblématique de la crise des migrants qui frappe l'Europe. Il a déclaré dimanche 30 aout, devant les militants socialistes en clôture de l'université PS à La Rochelle que les migrants qui "fuient la guerre, les persécutions, la torture, les dictatures, doivent être accueillis (...) traités dignement, abrités, soignés".
Le collectif des Bara (du nom de la rue qui accueille un foyer de travailleurs africains à Montreuil) réunit des Maliens ayant travaillé en Lybie avant l'intervention française de 2011 ainsi que quelques Roms, qui occupent actuellement l'ancien bâtiment de Pôle Emploi du 72 rue René Alazard à Bagnolet depuis aout 2014. Ils avaient auparavant été expulsés le 2 aout 2014, suite à un incendie sans doute criminel, des locaux du 124 rue Gallieni, toujours à Bagnolet, appartenant à la Société Emerson qu'ils occupaient depuis fin 2013. Ils s'étaient installés ensuite cinq jours devant la mairie de Bagnolet puis sous le pont de l'A3 près du métro Gallieni.
D'autres Africains chassés de Montreuil se sont installés rue Chassagnole aux Lilas.
Ce lundi 31 aout les Baras ont été expulsés vers les 07h00 du matin du local industriel (ancien atelier de chaussures) qu'ils avaient squatté 8 rue Chassagnole aux Lilas. Ce local avait servi de quartier général à Jean-Luc Mélenchon, lors des élections présidentielles du printemps 2012 (700 m² loués 10.000 € par mois). En 2015/2016 ce local doit être transformé en lofts par un promoteur.
Il est symbolique que dans l'hagiographie révolutionnaire Joseph Bara est présenté comme un adolescent de 14 ans engagé au 8e hussard qui entouré de royalistes vendéens meurt en 1793 en criant "Vive la République".
Au moment de l'expulsion par la gendarmerie, aucun élu y compris du Front de Gauche, pourtant prévenu, n'était présent. Seuls quelques militants sont venus en soutien, des jeunes en majorité. A 10h00 il n'y avait plus rien, les portes avaient été soudées. Médiapart a été avisé.
Il est probable que le local de la rue René Alazard à Bagnolet soit lui aussi "nettoyé" bientôt.
Les Baras chassés du local des Lilas vont devoir trouver un nouveau squat pour dormir. Ils seront sans doute de nouveau expulsés et ainsi de suite. C'est un jeu sans fin, cruel pour les intéressés. Et les gendarmes mobilisés ont mieux à faire à punir les patrons mafieux qui emploient ces gens (et souvent votent extrême-droite) et à courir après les trafiquants divers et les requins de la drogue et des paradis fiscaux qu'à embêter de pauvres migrants qui n'ont tenté que de survivre.
La question ne peut être résolue que politiquement.
D'abord au nom de quoi la France et le Royaume Uni sont ils intervenus en Libye un pays indépendant et riche de par son pétrole ? Le pays était dirigé par un dictateur le colonel Kadhafi. Soit. Mais alors pourquoi n'intervient-on pas en Arabie Saoudite et dans d'autres principautés de la péninsule arabique où règnent des dynasties rétrogrades et théocratiques qui voilent les femmes et les empêchent même de conduire une voiture et où la parodie de justice punit à coup de fouet et par mutilation?
Combien d'Africains vivant dans un pays en ruines sont ils à espérer venir en Europe pour survivre? Et combien de Syriens ?
Car c'est la même chose en Syrie. Le président Hollande et son ministre Fabius se vantent d'avoir armés les terroristes de Daech qui tuent, violent et esclavagisent tout récalcitrant et détruisent comme en Arabie Saoudite tout ce qui n'est pas islamique. Et tous les soirs les téléspectateurs regardent aux nouvelles le lot d'atrocités du jour.
L'indignation est sélective.
Sarkozy et le parti soit disant Républicain, Hollande et le parti socialiste mènent exactement le même combat sous l'égide de l'OTAN qui avec ses bases militaires forme le soubassement de l'Union Européenne. Ne parlons pas du Front National dont le seul mot d'ordre est de jeter à la mer les émigrés.
Ce n'est pas pur hasard que la France a attaqué ces pays. Il est d'ailleurs inconcevable que notre nation puisse mener seule une politique indépendante puisqu'elle est maintenant complètement inféodé à l'OTAN et par la grâce de Sarkozy devenue le caniche des Étatsuniens.
Les oligarques des États-Unis mènent une politique de choc de civilisation où les Anglo-saxons, peuple roi et ses valets européens, blancs, riches et vieux doivent faire face au reste du monde pauvre et le plus souvent bronzé sinon noir, et garder sa suprématie absolue. notamment en matière financière et d'énergie.
Dans ce cadre néo-libéral, les migrants servent de main d'œuvre quasi gratuite à des employeurs voyous et permettent de paupériser les masses populaires (voir Marx). Car le climat et les guerres vont faire venir de plus en plus de miséreux.
Pour contrer ce travail au rabais il est impératif de renforcer fortement le corps de l'Inspection du Travail afin de lutter contre le travail au noir et l'emploi de travailleurs non déclarés afin que les migrants aient un cadre de travail et un salaire décent .
Par ailleurs la France a un devoir moral d'accueillir les Syriens (ancien mandat français de la SDN entre 1920 et 1946) et les Libyens car c'est elle qui a provoqué la guerre ou armé les terroristes. Cela vaut aussi pour les Irakiens arabe kurde ou turkmène martyrisés par le blocus économique et l'occupation anglo-saxonne auxquels s'était à l'époque opposée la France.
Ceci dit il faut maintenant rétablir des frontières pour régulariser ce trafic humain et filtrer les passeurs et trafiquants divers (drogue, voitures, viande, etc.) afin de séparer le bon grain de l'ivraie. Il convient d'accueillir dignement les entrants et ceux qui sont déjà à l'intérieur du pays en les formant, qu'ils soient Roms, Africains ou Proche Orientaux et les établir dans des habitats dignes, dans différentes villes et ce de manière autoritaire pour les villes récalcitrantes (au hasard : Neuilly sur Seine). Il y a assez d'entrepôts vides et d'immeubles de bureau désaffectés. Ces migrants ont parmi eux des ouvriers de tout corps de métier capable de réhabiliter tout local. Pour les Roms l'Union devraient s'inquiéter de l'emploi des sommes versées par l'Europe aux pays de départs (Bulgarie, Roumanie, ...).
L'Europe de Schengen est un ventre mou où les migrants peuvent rentrer comme ils le veulent et c'est le lieu du gangstérisme économique néo-libéral qui surfe sur ces misères.
On va dire frontière, prison, exclusion. Mais la frontière comme la peau ou les membranes cellulaires n'a pas qu'un rôle de barrière mais est aussi un endroit d'échange avec le monde, et de régulation, sinon on construit des murs comme en Irlande du Nord, Chypre, Israël, Ceuta et entre le Mexique et les États Unis. Et les frontières n'ont jamais empêché les échanges culturels.
Et si l'Union Européenne refuse cette politique reprenons notre indépendance et cessons de dire qu'en matière d'Europe on veut "une autre Europe", vieille antienne resservie à chaque fois que l'Union Européenne va mal. Et elle va mal en permanence. De Gaulle disait qu'on ne fait pas d'omelette avec des œufs durs. Les nations européennes sont constituées, certaines depuis plus d'un millénaire. L'union actuelle ne résout rien sauf à favoriser une culture globbish anglo-saxonne d'essence néo-libérale faite pour fabriquer des sous-doués.
Mais ensuite le plus dur reste à venir : faire lâcher prise aux multinationales qui pompent les ressources des pays émergents. Il faut donc obliger les compagnies minières, pétrolières ou agroalimentaires a signer des accords avantageux pour ces pays. Des accords d'État à État doivent être signés en matière d'éducation et de mise à niveau des infrastructures. Jusqu'à présent des accords inégaux font la loi. Un suivi doit être fait par un organisme international tel que l'ONU. Commençons par exemple par Total et Areva ...
Le dialogue Nord Sud on en parle mais comme sœur Anne on ne voit rien venir.
Vaste programme qui heurte de plein fouet les oligarques mais on peut rêver n'est ce pas ?
André MAUDET »