Ce mardi 7 septembre, entre 19 h et 20 h, le jardin partagé du Plateau, rue Louise-Michel, a été victime d’un incendie criminel qui a détruit son magnifique chalet. Cette nouvelle agression, aujourd’hui très grave, fait suite à de nombreuses autres (jets de pierres et de sable sur des personnes, y compris des enfants, vandalisme sur le matériel, bris de mobilier, …) depuis des mois. Elle aurait pu avoir des conséquences encore plus dramatiques.
Tout dernièrement, le grillage qui sépare le jardin du gymnase Fanara a été détruit et les intrusions ainsi facilitées.
Toutefois, c’est la violence aveugle et destructrice de ces jeunes qui choque – à juste titre – les jardiniers partageurs et les citoyens. On se souvient du magnifique chalet qu’ils avaient construit amoureusement pour améliorer l’action de leur jardin, ce bien collectif du quartier.
On est en colère et tristes pour eux. Bien sûr, on connaît leurs ressources et on les voit déjà à l’œuvre pour reconstruire. La mairie est aussi à leurs côtés et s’emploie à rétablir l’activité du jardin par la fourniture d’un chalet provisoire et d’autres aides d’urgence.
Côté jardin, tout le monde est « sur le pont ». Mais l’émotion des citoyens est grande aussi. Un Conseil de quartier extraordinaire est prévu dans les prochains jours (date à préciser) pour analyser la situation du jardin et du quartier et les actions à envisager.
En effet, l’incendie du jardin n’est pas un fait isolé dans un « océan de tranquillité ». Ni au Plateau, ni ailleurs. Il est un symptôme d’une maladie d’une partie de la jeunesse glissant dangereusement vers la violence et le nihilisme par manque d’humanisation et d’éducation.
C’est bien sûr à ces causes qu’il faudrait s’attaquer et la tâche est d’autant plus lourde que le phénomène est maintenant massif. Raison de plus pour s’y atteler avant qu’elle ne soit complètement hors de portée.
La situation est déjà très grave. Combien d’écoles, de bibliothèques, de gymnases, d’équipements publics ont été et sont les cibles de ces bandes de jeunes qui n’ont pas été humanisés, construits, éduqués.
Lors du premier Conseil de quartier du Plateau, on avait été surpris par la difficulté de certains habitants à identifier, à reconnaître ce phénomène, à en prendre la mesure. D’aucuns parlant « d’enfants » faisant des « bêtises » en évoquant les lycéens (certains sont majeurs !) qui dégradent le quartier et « pourrissent » la vie des habitants.
Évidemment, la réponse doit être répressive, c’est une évidence, mais elle doit aussi s’attaquer aux causes par un soutien sérieux à la parentalité, par des actions dans les écoles et des dispositifs pour les tout jeunes délinquants.
Cette approche peut apparaître comme dérangeante car elle touche à l’intime, mais il n’y a pourtant pas d’autres voies sérieuses et opérationnelles.
Je ne peux m’empêcher de ressentir un certain ressentiment au souvenir des années passées (2001 – 2008) au conseil d’école de Jean-Jaurès où je représentais la ville et que je suggérais, sur la base de témoignages, l’opportunité d’engager des actions de prévention à la violence dans l’école. Je regrette que les enseignants aient rejeté cette proposition en jurant – la main sur le cœur – qu’il n’y avait aucune violence dans l’école.
Outre que cette affirmation était en contradiction avec les témoignages d’enfants et de parents, elle ne justifiait pas non plus ce rejet car tous les spécialistes s’accordent pour constater que c’est justement quand la violence n’est pas installée trop profondément que les actions sont les plus efficaces. Ce déni de réalité confinant à l’aveuglement a souvent pour cause que seuls les enfants sont victimes. Ces adultes identifient la violence que lorsque ce sont les adultes qui sont pris pour cible.
Espérons que ce dramatique incendie servira d’électrochoc pour mettre en place de réelles actions pour enrayer ces phénomènes gravissimes parce qu’ils interdisent la citoyenneté, donc la démocratie. On connaît la pente.
Hélène Zanier