Les féministes retournent en campagne pour faire disparaître cette incongruité qu’est la civilité « mademoiselle » de tous les formulaires administratifs.
Trace tenace d’un passé patriarcal où il est, sinon légal, mais pas déplacé, voire légitime de demander ou de signifier à une femme qu’elle est « à marier » et que seul le mariage lui donnera son statut, son label, sa qualité de FEMME : autrement dit, que seul un HOMME, en lui « donnant » son nom, lui fera accéder à « l’adultariat » en même temps qu’au protectorat.
Bataille non prioritaire, voire futile ? Certainement pas.
Ces traces dans le langage quotidien ne sont pas ni innocentes, ni futiles. Certaines, comme mademoiselle, sont toxiques car elles intègrent des inégalités injustifiables dans une démocratie dite moderne.
Il est grand temps d’imiter les pays qui ont banni ce mot – avec le concept discriminatoire qui va avec – aux relents d’infériorité de la moitié de l’humanité. On a envie de crier : NON, pas en France ! Oui, la France doit être exemplaire en matière de démocratie. Beaucoup trop de femmes dans le monde comptent sur nous.
Rangeons enfin la France dans le camp des DROITS HUMAINS, de l’ÉGALITÉ en remplacement des droits de l’homme, plus qu’équivoques.
Certaines langues ont prévu deux mots pour deux concepts. Pourquoi les académicienNEs ne les imiteraient pas ?
Dans la foulée, il faudra aussi tordre le cou à ce nom de « jeune fille » qui doit également disparaître des formulaires administratifs et tomber définitivement aux oubliettes de notre histoire sexiste.
À ce sujet, d’ailleurs, il semble nécessaire de rappeler que seul le nom de « naissance » correspond à celui de l’état civil, des hommes comme des femmes. Celui des maris porté par leurs femmes est considéré par la loi comme « nom d’usage ». En fait, un simple nom d’emprunt.
Mesdames, pourquoi perdre notre identité lorsque nous vivons en couple marié ? Nous avons existé avant de le rencontrer. Pourquoi, seules (ou pratiquement) les journalistes, les avocates, les médecins… font carrière avec leur nom d’état civil ?
C’est un droit pour TOUTES puisque TOUS l’ont et l’exercent.
Conserver son identité peut être souvent une bataille, une guéguerre lassante, tant les administrations, les banques, les notaires et autres organismes sont rétrogrades et conservateurs et vous assignent d’autorité au statut de «femme de »sans votre consentement. Mais cette bataille vaut la peine d’être menée car elle aboutira à un changement profond des mentalités. Un changement de société.
Mesdames, Messieurs, si nous commencions par dire « bonjour Madame Ève, bonjour Madame Marianne,… aux petites filles dès leurs premières promenades en poussette… Vous avez peur du ridicule ? Dites-vous que ce qui tue, ce n’est pas la volonté de faire évoluer les mentalités vers l’égalité ; c’est le machisme, le sexisme, la suprématie masculine, et que cela commence au berceau.
Mesdames, il est temps de choisir son camp. Cela est valable pour les hommes féministes, ils existent, ils sont nombreux. Merci à eux aussi.
Hélène Zanier
En savoir + : http://www.osezlefeminisme.fr/