Lu dans le Parisien, du 17 juillet : un article sur le procès qu’a osé intenter pour « diffamation » le promoteur privé Fiminco à l’Association de Sauvegarde du Village de Romainville
(Voir notre article du 14 juillet http://www.bagnoletenvert.com/article-pour-la-sauvegarde-du-village-de-romainville-108135746.html)
ROMAINVILLE
Le promoteur assigne les riverains au tribunal
Accusée de dénigrer un programme de 38 logements, une association de riverains de Romainville est poursuivie devant le tribunal par le promoteur privé.
Julian Colling | Publié le 17.07.2012,
Scène quelque peu surréaliste, hier, au tribunal de grande instance de Bobigny. D’un côté cinq membres de l’Association de sauvegarde du Village de Romainville (ASVR). De l’autre côté du juge des référés, l’avocate de la société d’immobilier commercial Fiminco, qui assignait les riverains pour dénigrement, tracts mensongers, agissements menant à des troubles illicites… Le motif du grief? Le projet immobilier Grand Ségur, visant à construire rue Carnot, au centre-ville de Romainville, deux immeubles de logements privés, dont les riverains ne veulent pas.
Trop imposants. « Le projet de Fiminco est d’ériger un grand bâtiment de 17 m de haut au milieu du Village de Romainville », explique Julia Learmonth, présidente de l’association. « Cela dénaturerait le côté village de Romainville et briserait la cohérence architecturale des petits immeubles alentour. »
En décembre dernier, le groupe de riverains s’organise contre le projet et se mobilise dans une « volonté d’informer la population ». Tractage sur les marchés, affiches, pétition (plus de 200 signataires selon l’association), blog sur Internet. Mais, pour Fiminco, leurs actions vont trop loin. Les promoteurs affirment que certains membres auraient fait intrusion dans le cabinet de vente pour dissuader de potentiels acheteurs et dénigrer publiquement la société et le projet. Une version que réfutent catégoriquement les membres d’ASVR présents à Bobigny. « Notre but est de faire valoir notre liberté d’opinion et de nous opposer, dans la légalité, à ce projet. Rien de plus. » Fiminco accuse également l’association d’avoir utilisé des photos officielles du projet sur son blog (retirées depuis) et de distribuer des tracts mensongers.
Avocate de Fiminco, Agnès Lowenstein a rappelé au président de séance le droit au commerce de la société, la défense de la réputation de son client et les méthodes intrusives de l’association, qui a qualifié le projet immobilier de « paquebot ». « C’est du parasitisme, a-t-elle plaidé devant le juge. Cela détériore l’image de Fiminco et cela nuit à la vente. » Les deux parties se sont mutuellement accusées de démesure. Démesure du projet immobilier et de la contre-attaque du promoteur, selon l’ASVR. Démesure de leur mobilisation et de leurs propos selon Fiminco. Le juge des référés a mis sa décision en délibéré au 24 août prochain.
Dans l’intervalle, les riverains attendent avec impatience les avis officiels de l’architecte des Bâtiments de France puis de la préfecture prévus pour cette semaine. Des arbitrages qu’ils espèrent favorables puisque le lot se trouve à 20 m d’un bâtiment classé monument historique : l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Une œuvre de l’architecte Alexandre Théodore Brongniart, à qui l’on doit notamment le palais de la Bourse à Paris. « Des travaux pourraient menacer les fondations de l’église. Le sous-sol est en argile, appuie Julia Learmonth. Nous ne sommes pas contre la modernisation, nous voulons quelque chose de respectueux du patrimoine. Si le permis de construire est délivré, alors nous poserons immédiatement un recours auprès du tribunal administratif. »
Rappelons que nous avions, à Bagnolet, lutté (… et gagné !) contre un projet similaire au début des années 1980 qui entendait détruire tout un côté de la rue historique (Sadi Carnot). Aujourd’hui le centre ville-village de Bagnolet est en grande partie protégé par le règlement d’urbanisme.
La préservation du patrimoine de nos communes de banlieue est absolument indispensable à notre bien-être.
Nous souhaitons plein succès judiciaire à nos amis de Romainville, mais de toute façon, ce ne sont pas les intimidations des promoteurs qui les (nous) feront fléchir.
Pierre Mathon