La République Islamique d’Iran a « voté » pour élire son président. Les résultats sont contestés par des fonctionnaires du ministère de l’intérieur et par de plus en plus d’observateurs. La communauté internationale démocrate parle (dans la langue diplomatique) de « doutes ». Cette « élection » s’est déroulée sans observateurs internationaux.
D’après Mohammad-Reza Djalili, professeur à l'IUHEI de Genève et auteur de «Géopolitique de l'Iran», une fraude immense a été organisée. « C’est très facile, car il n'y a pas de listes électorales en Iran. On va voter avec son extrait de naissance, et on peut même le faire plusieurs fois, dans différents bureaux de vote. Les analphabètes, qui représentent près de 20 % de la population, sont aidés par les gardiens de la Révolution... »
Malgré le réseau téléphonique coupé, malgré l’interdiction, malgré les risques (le pouvoir tire sur les manifestants, il y a des morts), des centaines de milliers d’Iraniens manifestent pour demander « où est passée ma voix » et exiger l’annulation de l’élection.
La situation en Iran est extrêmement tendue. Comme toutes les dictatures populistes et obscurantistes, le pouvoir a peur et la situation peut évoluer une fois de plus vers le drame. Il cultive une base populaire qu’il achète à coups de pétrodollars. Le clientélisme est généralisé.
Dimanche, Mahmoud Ahmadinejad assurait à des milliers de ses partisans réunis au centre de Téhéran que les élections, dont celle qu'il a remportée vendredi, sont "les plus propres" et que leur résultat contesté par son rival malheureux n'a pas été faussé. Il oppose les "démocraties libérales" à l'Iran où, selon lui, "tout est fondé sur les valeurs morales". En revanche, en Occident notamment, explique-t-il, "on inclut les voleurs, les homosexuels et autres personnes impures dans l'électorat pour gagner quelques voix". "Ici, les décisions à tous les niveaux appartiennent au peuple", ajoute-t-il.
Nous devons apporter tout notre soutien au peuple iranien (celui des jeunes et des femmes tout particulièrement) qui tente d’entrer (pourtant bien timidement*) dans la communauté des démocraties comme d’autres peuples l’ont fait avant eux.
Hélène Zanier
* Rappelons cependant qu’il n’y a pas de forces démocratiques organisées en Iran et que Mir Hossein Moussavi Khameneh, le candidat [malheureux] du camp des “réformistes” lors des élections présidentielles iraniennes, ancien premier ministre de Khomeiny, fut l’un des fondateurs du Hezbollah et l’artisan principal de la création des redoutables Services de Renseignements de la République Islamique.
Voici le communiqué que viennent de publier les jeunes Verts :
« Iran : 7 morts c’est trop !
Les Jeunes Verts sont révoltés par les récentes violences orchestrées par les milices pro-Ahmadinejad en Iran contre la population civile. Sept morts c’est déjà trop et la communauté internationale se doit de réagir !
Nous sommes solidaires avec les jeunes Iraniens qui se battent pour la démocratie et les droits humains ainsi qu’avec tous les Iraniens qui aspirent à vivre dans un pays libre. La réaction du régime d’Ahmadinejad, qui n’a pas hésité à réprimer les manifestants pacifiques, montre à quel point le Président Iranien sortant a peur de son propre peuple. A tel point qu’en toute apparence, il n’a pas hésité à falsifier les élections pour lesquelles les Iraniens se sont massivement mobilisés.
Aujourd’hui, ce sont les jeunes Iraniens qui aspirent à plus de libertés qui sont sa première cible. Les universités et les foyers d’étudiants sont fouillés par les milices. Des centaines, voire des milliers d’étudiants ont été arrêtés. Tout cela fait penser à une opération de nettoyage bien organisée qui consiste à se débarrasser d’une jeunesse devenue trop bruyante.
Le Jeunes Verts appellent à l’arrêt immédiat des violences et à l’organisation de nouvelles élections sous contrôle de la communauté internationale. Nous condamnons également les propos d’Hugo Chavez, soi-disant "grand protecteur des opprimés", qui a salué le coup de force d’Ahmadinejad, cautionnant ainsi la répression qui s’abat sur le peuple iranien.
Enfin, les Jeunes Verts appellent l’ONU, l’Union européenne et la France à réagir dans les plus brefs délais afin de faire cesser les violences en Iran.
Les Jeunes Verts »
Photos : extraits de la bande dessinée « Persepolis » de Marjane Satrapi, le mausolée de Hafez à Chiraz (Iran) et une manifestation de l’opposition.
Hafez est un poète persan du 14ème siècle. Né à Chiraz (Iran), il est surtout connu pour ses poèmes lyriques, les ghazals, qui évoquent des thèmes mystiques du soufisme en mettant en scène les plaisirs de la vie. Son mausolée est au milieu d'un jardin persan à Chiraz et attire encore aujourd'hui de nombreuses personnes, pèlerins ou simples amoureux de poésie, venus lui rendre hommage.