Il est aujourd’hui de bon ton de rendre hommage à Youssef Chahine sans toujours connaître ce cinéaste exceptionnel.
Commençons donc par regarder un de ses films et un portrait de Y. Chahine sur ARTE demain soir.
Cela permettra de retrouver ou de faire tardivement connaissance avec ce grand maître du cinéma, pas seulement égyptien.
Nous proposons également, qu’à Bagnolet, le Cin’Hoche programme une rétrospective de son œuvre pour lui rendre hommage … disons … à la rentrée… après que nous ayons découvert un film qui nous attendons avec impatience « Entre les murs » http://www.dailymotion.com/video/x5ggal_entre-les-murs_shortfilms de Laurent Cantet.
Nous publions également un petit article issu de Libéblog paru aujourd’hui.
Arte rend hommage à Youssef Chahine jeudi soir
ARTE bouleverse ses programmes jeudi soir afin de rendre hommage au maître du cinéma égyptien, disparu dimanche dernier, en diffusant le film Le Destin et le documentaire Chahine & Co.
> 22.30 Le Destin (Al Massir)
Avec : Nour El Chérif (Averroès), Laila Eloui (la gitane), Mahmoud Hémeida (le calife)…
Prix du cinquantième anniversaire du Festival de Cannes 1997
Dans le Cordoue du XIIe siècle, un philosophe, qui prône la raison et la liberté, du nom d’Averroès, est victime des intégristes… Un mélange des genres jubilatoire pour un film au propos hautement politique et toujours d’actualité.
“Mon film est une mise en accusation non seulement des intégristes, mais aussi des régimes.”, rappelait le cinéaste.
> 00.40 Chahine & Co
Dans la collection Cinéma de notre temps dirigée par Janine Bazin et André S. Labarthe
Un portrait de Youssef Chahine dans son univers familier d’Alexandrie. Metteur en scène, acteur et producteur, le cinéaste est également réalisateur pour la télévision et enseignant : devant la caméra de Jean-Louis Comolli, c’est l’homme polyvalent, devenu artiste indépendant, qui évoque ses relations avec le pouvoir et les critiques, ainsi qu’avec ses assistants.
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par Edouard Waintrop. Libéblog
Youssef Chahine est donc mort.
J’ai appris la nouvelle en recevant un coup de fil dimanche après midi, alors que je coupais des branches dans mon jardin. C’est une journaliste de la TSR, la télévision suisse romande, qui me le fit savoir en cherchant à recueillir ma réaction à cette nouvelle.
Un souvenir m’est alors revenu à l’esprit.
Je crois que c’était en 1988, au festival de cinéma d’Annaba en Algérie.
Un soir, Chahine qui était accompagné de Yousri Nasrallah, qui fut longtemps son assistant avant de voler de ses propres ailes et est resté son ami jusqu'au bout, nous a proposé un tour de la ville, afin de trouver de l’alcool. Si mes souvenirs sont bons, il y avait un quatrième larron dans cette affaire...
L’Algérie de l’époque subissait déjà les assauts d’un islamisme furieux et Annaba, l’ancienne Bône des Français ou Hippone de Saint Augustin, était une des places fortes des barbus. Y trouver donc une dive bouteille relevait de l'exploit.
Nous prîmes une voiture pour débusquer un éventuel lieu de perdition et finîmes par trouver ce que nous cherchions, un malheureux flacon promesse d'une ivresse limitée, dans un restaurant de la corniche. Elle fut bue sans honte par deux chrétiens, un juif (moi) et le quatrième homme, qui était, si je ne m’abuse, musulman et français.
L’atmosphère était joyeuse. Et pourtant Chahine était inquiet. Ce qu’il vivait à l’instant dans cette soirée d’Afrique du Nord, il l’avait sans doute connu plus au Sud et à l’Est dans son Egypte.
Et il se demandait si, à l’avenir, il lui serait encore possible de faire pareille fête.
Chahine était un homme fragile et sensible, qui avait joué les hommes fragiles et sensibles par exemple dans son film Gare centrale, Bab el Hadid.
C’était aussi un homme qui aimait la vie, rire et être avec des amis.
Ses derniers films n’avaient sans doute pas la vivacité de ceux qu’il avait tournés dans sa jeunesse dans les années 50, 60 et les années 70 (Gare centrale justement, El Naser Salah Al Din, alias Saladin, El Ard plus connu par ici sous son titre français La terre…) Mais ils respiraient tous la soif de liberté. Et le refus de se soumettre.