Sur l'avenir du 115, rue Robespierre à Bagnolet nous sommes nombreux -ses à nous interroger sur la faisabilité - voire le sérieux - du projet conduit par l'actuelle adjointe-au-maire à l'environnement, transfuge d'eelv à Dyn. Cit. et présenté au dernier conseil municipal. Nous publions aujourd'hui l'intervention du conseiller municipal eelv JC Oliva à ce conseil :
« Esprit du 115, es-tu là ?
Je souhaite tout d’abord rappeler et saluer la lutte menée il y a maintenant de nombreuses années pour empêcher le massacre du 115 rue Robespierre et souligner la portée durable de ce mouvement. Cela a été sans doute la première manifestation importante des aspirations écologistes et citoyennes dans notre ville. Elle n’avait pas été comprise et avait été fortement combattue par la municipalité, à l’époque.
Ce qui nous est présenté aujourd’hui est résolument dans l'air du temps, trop peut-être ? Tous les repères de la boboïtude radieuse y sont ! Des espaces de co-working au compost collectif en passant par les artistes et artisans associés, et l’agriculture urbaine... Ce n’est certes pas pour nous déplaire, nous qui sommes convaincus qu’il faut engager une transition écologique qui doit concerner tous les aspects de la vie.
Soyons vigilants cependant car c'est un projet sans budget, qui risque donc de ne jamais voir le jour. Il faut aussi éviter que ce soit l'alibi écologiste et citoyen pour une ville qui fonce dans le sens opposé, avec une croissance urbaine non maîtrisée, 3000 logements de plus d’ici 2020, auxquels se rajouteraient encore 2000 logements supplémentaires à l’horizon 2030 selon une note présentée au Conseil municipal.
On se félicite que ce lot soit préservé des appétits immobiliers mais on voudrait en savoir plus ! Surtout, on souhaiterait qu’on ne nous présente pas un avant-projet, mais un dossier étayé avec des précisions, des détails… Il faut sortir du flou artistique. On voudrait voter sur un vrai plan plutôt que sur un croquis. Nous ne souhaitons par donner de chèque en blanc.
La place accordée aux citoyens nous interroge. Une voisine rencontrée sur les lieux lors de la journée du patrimoine demandait : « est-ce que la participation des habitants se réduira à amener leur compost ? » La phrase de la note qui indique qu’il faut préserver le projet de toute ingérence sonne curieusement, à moins qu’il ne s’agisse d’un copier-coller malheureux ? De quelle ingérence s’agit-il ? De la part de qui ? Pour notre part, nous souhaitons au contraire un processus ouvert et transparent, avec un appel à projets, public et ouvert à tous. Nous en appelons à l’ingérence citoyenne !
Ce n’est pas le chemin pris. Le projet d’hôtel (faut-il s’en étonner dans cette ville ?) semble déjà bien avancé avec un partenariat annoncé avec un organisme public de formation des adultes. Ne faut-il pas nous présenter ce projet qui semble déjà bouclé ? Et lancer un appel à toutes les initiatives citoyennes pour le reste ? Il serait dommage que la citoyenneté se fasse en trompe l’œil, avec des projets pré-établis entre amis.
Il est encore temps de corriger le tir et de renouer avec l’esprit –citoyen- du 115. Nous vous proposons une démarche qui nous semble plus honnête, en tout cas plus respectueuse de nos concitoyen-nes. Présentez lors d’un prochain conseil municipal le projet d’hôtel qui semble finalisé. Lancez en parallèle un appel à projet associatifs, citoyen, ouvert à l’ESS, etc., en permettant à tous de répondre, avec une charte définissant ce qui peut se faire ou pas dans ce lieu, en mettant en place un jury (avec des citoyens) pour sélectionner les projets retenus. Bref créez une dynamique participative. Et faîtes passer au conseil municipal dans six mois les projets retenus par ce processus.
(La délibération n’a finalement pas été soumise au vote par le Maire) »
Pierre Mathon
