Voici le courrier que Romeurope (La revue « Projet » en partenariat avec la Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde et ATD Quart-Monde et Romeurope) a adressé aux candidatEs aux élections régionales de décembre 2015 :
« (...) Depuis 25 ans, les bidonvilles sont réapparus en France métropolitaine. Face à cette situation, qui met à mal le respect des droits des enfants, des femmes et des hommes qui y vivent, les pouvoirs publics auraient-ils pour toute politique la multiplication des expulsions ?
La situation indigne endurée par la population des bidonvilles, l’indécence de leurs logements de fortune, sont souvent invoquées en justification des expulsions. Mais que leur propose-t-on à la place ? L’accélération du rythme des expulsions n’engendre que précarité, déscolarisation, rupture des parcours de soins, déchirement des liens tissés sur un territoire. Cette réponse n’est-elle pas elle-même indigne des valeurs que proclame la République ?
Aux yeux des associations, cette politique est « coûteuse et inutile » (cf. en pièce jointe, la note de positionnement à l’occasion des 25 ans de bidonvilles en Île-de-France). L'une des dernières expulsions en date, le 27 août 2015 à La Courneuve, a jeté à la rue environ 300 personnes, qui pour certaines vivaient là depuis sept ans. Elle a été décidée en écartant le plan alternatif de résorption proposé par Médecins du Monde et la Fondation Abbé Pierre. Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a lui-même regretté « qu’aucune solution pérenne d’hébergement et de prise en charge sanitaire et sociale n’ait été proposée aux familles ».
Apporter une solution durable aux questions soulevées par le surgissement des bidonvilles suppose, avant toute chose, de sortir du déni. C’est le point de départ de la réflexion menée dans ce numéro de la Revue Projet, qui cherche à documenter ce qui se vit dans et autour des bidonvilles, à resituer leur émergence dans une perspective historique, à en comprendre les causes, à analyser les réponses apportées, tant en Europe qu’à l’étranger, afin d’esquisser des alternatives.
En portant le fruit de cette réflexion à votre connaissance, nous voulons croire que vous contribuerez, en tant que candidat(e) aux élections régionales et dans le cadre de votre mandat si vous êtes élu(e), à la reconnaissance du phénomène, à l’obtention d’un moratoire sur les expulsions, à la mise en place de politiques concrètes de résorption et à des solutions pérennes pour leurs habitants. (...) »